S&P attribue une première note au Togo

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Pour sa première évaluation du pays, l’agence de notation américaine lui attribue la note de B/B (spéculatif), avec perspective stable, et pointe les nombreux freins à la venue des investisseurs privés sur lesquels repose l’essentiel du financement du Plan de développement national (PND).

Le Togo est désormais le 134e pays noté par S&P. L’agence américaine a attribué à ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, ce 3 juin, sa première note de crédit souverain, à long et court terme, en devises étrangères et locales : B/B avec une perspective stable. Une notation correspondant à un niveau « spéculatif », et comparable à celle du Bénin.

« Nous tablons sur le fait que la croissance économique va rester résiliente au cours des années à venir, grâce aux réformes économiques et à des investissements réalisés dans des infrastructures clé », écrivent les auteurs de l’analyse, qui pointent malgré tout des risques notamment politiques et sociaux, dont la faiblesse du revenu par habitant.

Le port de Lomé, un équipement essentiel

S&P justifie en partie son évaluation par les améliorations d’infrastructures clé qu’a réalisées le pays. Par exemple, le nouveau terminal de l’aéroport de Gnassingbé-Eyadema, inauguré en 2016. Ou encore l’achèvement des travaux sur le port de Lomé, un port en eau profonde majeur en Afrique de l’Ouest, qui joue un rôle essentiel pour l’activité togolaise et celle des pays voisins enclavés.


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Elle anticipe également le fait que Lomé devrait continuer à investir dans ses infrastructures et ses activités exportatrices – production de coton ou l’extraction de phosphate principalement – dans le cadre de son Plan de développement national (PND) 2018-2022. Ce dernier vise à faire du Togo une plaque tournante de la logistique dans la région. Un bon point pour S&P qui juge pour l’heure que la demande de ses principaux partenaires commerciaux a des chances de rester soutenue.

Néanmoins, certains doutes planent sur la manière dont ces projets publics vont rejaillir sur l’ensemble de l’économie. Joueront-ils un rôle de catalyseur auprès du privé ? L’agence rappelle que les blocages existants dans les domaines de l’électricité, des télécommunications et des infrastructures vont nécessiter des efforts supplémentaires pour attirer les investisseurs privés. Et ce, d’autant que les autorités togolaises ont fixée la barre très haut, les deux-tiers du PND devant être financés par de l’argent privé.

Une dette à surveiller

Du côté des risques, le pays reste fortement dépendant de l’agriculture et des minerais, ce qui le rend vulnérable aux conditions météorologiques et au prix des matières premières, met également en garde S&P.

Enfin, la dette publique (la plus élevée de l’UEMOA) – passée sous l’effet des investissements de 44 % en 2010 à 70 % du PIB aujourd’hui – reste à surveiller, même si l’agence parie sur la poursuite des efforts en matière de consolidation fiscale.

Supervisée par le FMI, la dette pourrait selon S&P s’établir à un taux de 65 % du PIB fin 2022.


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« Nous pourrions relever les notes si la croissance économique devenait nettement plus forte que prévu et si les déficits extérieurs et budgétaires et la dette publique nette en pourcentage du PIB étaient en diminution sensible », conclut S&P. A contrario, l’agence serait prête à la dégrader si les réformes économiques et fiscales ralentissaient.

Jeune Afrique