Sous le regard narquois des « criminels invisibles » de la dynastie: La bouffonnerie de purification du Togo met le compteur des crimes à zéro

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« Les empires se conservent que comme ils s’acquirent ». Cette grande expérience de Louis XIV, livrée dans ses Mémoires, correspond à la situation des drames de gouvernance au Togo sous l’empire de la barbarie politique, des crimes sans nom d’une famille, d’un clan qui surgit du néant pour perpétrer un régicide et pour asseoir un mode opératoire de conservation du pouvoir par le sang, le viol, l’escroquerie, les coups de force, la répression fauve, une vraie razzia politique d’un itinéraire brulant qui se transmet de père en fils sans le moindre respect de l’expression populaire ni de la Volonté générale.

Sous le regard narquois des « criminels invisibles » de la dynastie: La bouffonnerie de purification du Togo met le compteur des crimes à zéro

En cinquante ans, l’empire des crimes s’est taillé des fortunes, des privilèges exclusifs en s’adossant uniquement aux armes de guerre avec la résolution avouée de ne jamais envisager une possibilité de transmission démocratique du pouvoir d’Etat pour une alternance politique ou un relais de régence des affaires publiques. La méthode des simulacres et des artifices est dans un fouet au levain des mensonges les plus insensés qui jamais ne dissipe les noires intentions, des postiches et des faux-semblants démocratiques sous la pression populaire de réclamation d’une modernité d’administration de la « République en partage »

Le châssis de préférence ethnique qui fait le socle d’une tragédie cinquantenaire est palpable dans l’organigramme d’exécution des ordres dans l’armée, dans l’administration, dans les grands postes de décision jusqu’au sein des milices et des troupes fortement protégées par un parapluie atomique de l’impunité. Ces institutions et hommes de main de la dynastie ne se sentent en rien concernés par les nombreuses enquêtes et identifications des organisations des Droits de l’Homme ni autrement par les accusations des organismes onusiens sur leur licence d’action à perpétrer des violations abominables contre le genre humain, la cité de la Civilisation.

N’oublions jamais que Eyadema nous avait promis de nous faire « reculer cent ans en arrière » si le pouvoir devait lui échapper et que son fils avait donné une onction aux crimes de masse d’avril 2005 en récitant au Palais des Congrès en tant que continuateur testamentaire sa volonté de suivre les empreintes laissées de son père.

Le jeu de la Réconciliation n’est que trop clair dans ses choix sélectifs, subsidiaires et à tâtons sur les Recommandation de la CVJR qui, du reste, ne nous a jamais montré dans ses longues séances de témoignages des victimes de la barbarie de régence dynastique, les auteurs et leurs actes de contrition.

La déraison singulière et l’immoralité aggravante d’une comédie de purification de la terre natale engorgée de sang causé par des coupables invisibles peuvent-elles nous garantir la sécurité, la sérénité et nous mettre à l’abri des chiens de garde d’une dynastie toujours mortelle et incorrigible dans ses intentions de conserver à n’importe quel prix le pouvoir ?

Si les vrais préalables pour une Réconciliation sont enjambés dans une provocation insolente de la Volonté générale, par quelle alchimie politique peut-on convaincre les Togolais de renoncer au droit constitutionnel de manifester ou de s’opposer aux coups de force ?

1) Du rachat à la récidive.

Toute l’évolution de ce régime se joue exclusivement sur trois tableaux. Face à une contestation inextricable, il procède par une violence aveugle : des crimes, des assassinats. Il prend vite panique parce qu’il sait que le rejet populaire le frappe en permanence à cause de ses pratiques archaïques, de son repli identitaire, de son affirmation ethniciste, de son désastre socio-économique et des malheurs qu’il répand sur les populations.

Après les épisodes de la tragédie qu’il enfante, il s’abreuve de justifications incroyablement creuses, de démentis insensés, de démonstrations aussi oiseuses qu’invraisemblables sans jamais reconnaitre dans ses combinaisons alambiquées sa responsabilité et celle des chiens de garde lancés expressément à l’assaut des Droits humains, dans un objectif du bouc-émissaire sans le moindre discernement.

Quand le désastre est signé et que l’émoi flambe jusqu’au delà de nos frontières, il adopte un profil morbide de processus d’apaisement sur la base de faux-serments, du dialogue, des accords à botter en touche pour reprendre dans sa technique de la terre brûlée, sa razzia, les mêmes crimes, les mêmes forfaits.

Le rituel d’évolution de la dynastie des GNASSINGBE s’observe dans la ronde éternelle des crimes dont les auteurs se déguisent en faiseurs de paix. Sur les décombres du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), l’héritier du système, veut UNIR les Togolais sur les mêmes bases d’échec de son père. Le fardeau des cadavres l’écrase et les prouesses à rebours dans les scandales financiers au détriment des masses populaires lui coûte une légendaire légèreté.

Dans l’impasse politico-ethique, l’issue de secours serait des inventions de propagande, des fantaisies pour sauver une face lugubre de l’histoire avec des dentelles de rempart comme la Commission Vérité-Justice et Réconciliation, le HCRRUN, des cérémonies de purification du Togo. Ces artifices et simagrées ont peine à soulager une conscience de perversion chargée d’images insoutenables. Quelle régénérescence un exorcisme peut-il apporter au Togo si, intentionnellement tous les préalables sont escamotés ? Où sont les criminels ? Quel acte de contrition, du pardon ont-ils montré au peuple ? Où en sommes-nous dans les recommandations capitales de la CVJR telles que le retour de la Constitution de 1992, les réformes institutionnelles =, constitutionnelles, l’indemnisation des victimes ?

Le jeu trouble de purification du Togo est le mécanisme pour remettre le compteur des crimes à zéro. Il aide la conscience des criminels et des miliciens à se donner un exutoire psychologique, parce qu’il y en a qui souffrent dans leur âme du syndrome de la hantise, des images de leurs crimes comme on en observe chez des soldats américains des expéditions brutales notamment, celles de la guerre du Golfe et en Afghanistan. La vraie intention qui couve dans cet engagement personnel du chef de l’Etat à provoquer une purification du Togo à travers le machin de HCRRUN réside dans la délivrance des chiens de garde au cumul grave de traumatismes. Il faut donc faire évacuer leurs charges émotionnelles du passé pour les remettre au goût du jour face aux nouveaux défis de la répression barbare. Les réformes de l’APG ne seront jamais exécutées par Faure Gnassingbé. Ce qui laisse présager que les mouvements sociaux de mobilisation et de contestation vont connaître d’autres effervescences qu’il faut à tout prix contenir par les mêmes méthodes. D’où, la purification des consciences souillées prépare à la récidive, à de nouvelles abominations sans peine…

Le fils du « Timonier », comme son père, ne fait rien au hasard, sans y trouver son propre compte surtout quand il s’agit de sauver ses intérêts, son trône. Nous avons appris à le lire, à décrypter ses préoccupations, ses actes à travers le développement de NAPOLEON 1er cité par Las Casas dans le Mémorial de Sainte Hélène où il écrit : « Il n’y a point de petits événements pour les nations et les souverains ; ce sont eux qui gouvernent leur destinée »

2) L’ignorance du temps, les limites de la purification et de la répression

Le clairon de purification du Togo est une simple opération de communication pour servir de cure psychanalytique aux chiens de garde, quelquefois obsédés par les images de leurs propres actes, persécutés par leurs propres méfaits. Ils sont bien contents d’être libérés mentalement par ce rituel de sauvetage de leur mental en peine. Ils retrouvent le sourire de libération pour les échéances de brutalité à venir, parce que le chef et le commandant des armées n’est pas prêt aux réformes ni à l’alternance politique. Un pays en quête de sa destinée doit aussi s’attendre toujours à des sacrifices sans mesure pour construire une société libre aux bonheurs démocratiques et au bien-être social. Tant que la pauvreté sera endémique et que les richesses nationales serviront à nourrir la petite minorité « fauriste » jusqu’à l’indigestion, tant que la préoccupation plurielle des réformes ne donnera aucun gage d’évolution démocratique au Togo, les bombes à sous-munitions et à fragmentations se formeront d’elles-mêmes au cœur de nos cités, de nos régions, parce que l’indigence et les privations cruelles des libertés individuelles et collectives sont toujours et partout séditieuses. Les peuples excédés par l’étouffement des potentats n’ont que le combat comme choix quel que soit ce que cette option de contrainte leur coûte.

Un levain de chagrin est perceptible dans tout le pays ; il est dans un fouet de mobilisation populaire. Plus le supplice est exaspérant, moins la peur inhibe l’action. L’enfermement volontaire de la dynastie anachronique sur notre sol est le meilleur ennemi qui lui creuse, à coup sûr, une sépulture indécente. Elle a la faiblesse de la force et ne croit qu’à elle. Toutes les aspérités sociales et les monticules politiques forment une chaîne d’obstacles souvent, et trop souvent plus mortelle aux princes qui se bandent les yeux avec l’espérance de les franchir par « la bravoure de la cruauté ».

De plus, le monde évolue si vite que ce qui a pu réussir dans la stratégie de la spoliation, de la rapine et de la terreur il y a douze ans et qui s’était révélé en des crimes de masse malhonnêtement couverts par des amitiés obscures peut servir de fantôme pour une véritable alliance de dégagement à la moindre velléité de récidive. La horde de parvenus-pilleurs qui a fait main-basse sur nos sociétés d’Etat et régies financières avec des prétentions enfantines de confisquer à jamais le pouvoir, dans sa dynamique de licence et de l’impunité s’exposer à un cran de conscience nationale, à un choix de gloire populaire, à une option de dignité citoyenne, à un sursaut républicain et à une expression massive de la conscience humaine qui échappent à l’étreinte du tyran

Sous le regard narquois des « criminels invisibles » de la dynastie: La bouffonnerie de purification du Togo met le compteur des crimes à zéro

La barbarie politique à ses limites et les artifices n’ont guère longue vie, parce qu’ils se démentent pour laisser triompher la vérité. La purification du Togo est un sauvetage des troupes de la criminalité politique et d’une milice de répression et non un choix d’exorcisme d’un quelconque malheur sur notre pays. Ceux qui sont obsédés par des scènes horribles de leurs propres forfaits et qu’on pense soulager ou guérir par des rituels mal ficelés sont les plus exposés à des rechutes de leur mal qu’ils ne pensent s’en tirer. Une psychanalyse tronquée, selon Sigmund FREUD, ne réussit jamais à préserver le patient

La purification du Togo est une petite aventure vaine qui illustre la vacuité active de réflexion et les tintamarres de morbidités conceptuelles exhibées en une foire aux espérances castrées comme des preuves d’intelligence politique d’un laboratoire des errances politiques et des rêveries solitaires.

Didier Amah Dossavi

Source : L’Alternative No.629 du 18 juillet 2017

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