Les membres du Conseil souverain, qui va superviser la période de transition au Soudan, ont tous prêté serment mercredi 21 août, dans l’après-midi, à Khartoum. Il y a onze membres, cinq militaires et six civils, comme le prévoient les accords entre le régime militaire et les leaders de la contestation. C’est donc la première fois depuis le coup d’État d’Omar el-Béchir en 1989 que le pays n’est plus sous le contrôle total d’un régime militaire. Retour sur la composition de cette nouvelle instance.
Côté militaires peu de surprises, les cinq membres qui siègent au Conseil souverain sont tous des figures de l’ancien régime d’Omar el-Béchir, et ils ont tous siégé au Conseil militaire après la chute de ce dernier.
• Général Abdel Fattah al-Burhan : militaire de carrière, ex-commandant de l’armée de terre, il a été le leader du Conseil militaire, et va désormais présider la nouvelle institution pendant les premiers mois de la transition… Il a été en poste au Darfour et selon la chercheuse Sarra Majdoub a été un des principaux artisans de la répression du régime d’Omar el-Béchir dans cette région.
• Général Mohamed Hamdan Daglo, alias Hemetti : le chef des Forces de soutien rapide, cette milice accusée d’exactions au Darfour et responsable d’avoir tiré sur les manifestants ces derniers mois. Il s’est imposé comme l’homme fort de Khartoum.
• Général Chamseddine Kabbachi : jusqu’à présent porte-parole du Conseil militaire de transition.
• Général Yassir Alatta : commandant de l’armée de terre après Al Burhane. Il a servi pendant plus de dix ans comme attaché militaire dans différents pays arabes.
• Général Ibrahim Gabir : commandant de la marine.
Côté civils en revanche, les visages sont bien moins connus. Il s’agit de technocrates, des professeurs ou des juristes. Et parmi eux, il y a deux femmes, représentant les milliers de Soudanaises qui ont été aux premières lignes de la contestation.
• Raja Nicolas Abdel Massih : la figure qui symbolise le plus le changement de régime. Femme, ancien officier de police, ancienne conseillère juridique, elle n’a aucune affiliation politique. Et surtout, elle est issue de la minorité chrétienne du pays. Symbole de consensus, c’est la première femme chrétienne à faire partie d’un gouvernement depuis l’indépendance du pays en 1956 ; elle a été nommée à la fois par les militaires et les leaders de la contestation.
• Aisha Moussa Saeed : autre femme membre de ce Conseil souverain, elle est professeur d’anglais, militante, et a été parmi les plus critiques à l’égard du régime militaire conduit par le général al-Burhan.
• Mohammed al-Fakki Suleiman : à 40 ans, il est le plus jeune membre de ce Conseil souverain. Ancien journaliste, il est membre d’un petit parti politique, le Parti unioniste.
• Mohamed Osman Hassan al-Tayeshi : militant, originaire du Darfour, ancien membre du parti Oumma de Sadiq al Mahdi. Très populaire, il a été le président du syndicat des étudiants de l’Université de Khartoum. Il représente la volonté d’inclure les minorités dans ce gouvernement.
• Hassan Mohamed Sheikh Idriss: à 80 ans, c’est le plus âgé des membres de ce conseil. Avocat, il a été membre du gouvernement dans les années 1980, lors d’une brève période d’ouverture démocratique.
• Al Siddiq Tawer Kafi : originaire de l’État du Kordofan du Sud, il est membre du parti socialiste Baas, un mouvement associé au nationalisme arabe. C’est probablement la nomination civile la plus contestée, selon certains chercheurs, les populations Nours estimant qu’il n’est pas représentatif de sa région d’origine ; d’autant plus que ses deux frères ont été de hauts cadres du Congrès national d’Omar el-Béchir.
Source : www.cameroonweb.com