Le 19 octobre dernier, Messenth Kokodoko, membre du mouvement Nubueke a été arrêté manu militari. Il a été dans un premier temps détenu dans les locaux du Service de de recherche et d’investigation (SRI), une sorte de Guantanamo à la togolaise. Quelques jours plus tard, ce fut le tour d’Eza Kokou Dodji et d’Atsou Fiacre Ayao d’être arrêtés. Après des heures d’actes de torture subis au SRI, ils ont été transférés à la prison civile de Lomé où ils croupissent.
L’enlèvement de Messenth Kokodoko (34 jours) suivis des interpellations d’Eza Kokou Dodji (27 jours), et d’Atsou Fiacre Ayao (26 jours) ont jeté de l’émoi dans la population. Les milliers de togolais qui descendent dans les rues pour réclamer le retour à la Constitution de 1992, ou exiger le départ de Faure Gnassingbé et le vote de la diaspora, se désaltèrent grâce au mouvement Nubueke.
Aussi ce mouvement s’est-il illustré de par le passé dans les actions de salubrité publique au CHU-Sylvanus Olympio et dans d’autres quartiers de Lomé. Mais ces actions de bienfaisance ne plaisent pas au pouvoir en place. Pour cela, tous les moyens sont bons pour fragiliser l’élan de conscientisation de ce mouvement. C’est ainsi que dans la foulée des manifestations, les sbires du régime ont procédé à l’arrestation de Messenth Kokodoko le 19 octobre 2017.
Aussitôt, la nouvelle est relayée sur les réseaux sociaux. Et dès les heures qui ont suivi, les informations avaient fait état d’actes de torture subis au SRI par le membre de cette société civile. Il a été molesté et détenu dans une cellule où l’obscurité est réduite.
Devant les dénonciations qui révèlent l’arbitraire de l’arrestation, les tortionnaires du « Guantanamo » togolaise vont autoriser les proches de la victime à lui rendre visite. Mais ces derniers ont, à leur sortie, été soumis à de longues heures d’interrogatoire avant d’être relâchés. Plus grave, ils n’ont pas été autorisés à apporter de la nourriture à Messenth Kokodoko.
Quelques jours plus tard, ses bourreaux vont procéder à l’arrestation d’autres membres du mouvement. Il s’agit d’Eza Kokou Dodji et d’Atsou Fiacre Ayao. Contraint, sous les feux de dénonciations, et pour habiller son forfaiture, le SRI va l’habiller d’un procès expéditif. Des jumelles datées des années 50, des douilles de balle sont des chefs d’accusation portés contre Messenth Kokodoko. En réalité, la Justice n’a trouvé mieux que des broutilles à coller aux membres Nubuekistes. Et depuis plus d’un mois, les membres de Nubueke sont détenus à la prison civile de Lomé.
Malgré que leurs avocats évoquent un dossier vide, la Justice togolaise confirme ce qu’on pense d’elle. Une Justice à deux vitesses et aux bottes du régime. Comment peut-on détenir des citoyens qui ne faisaient qu’œuvre de charité dans les geôles ? Cette détention est la preuve de la frilosité d’un pouvoir qui, gagné par l’usure, cherche à se maintenir quitte à réprimer ses propres citoyens.
Source : www.icilome.com