Sommet sur la cybersécurité au Togo : Le pouvoir lâche la proie pour l’ombre…

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Après son report en octobre de l’année précédente, le Sommet sur la cybersécurité se tiendra les 23 et 24 mars prochains dans la capitale togolaise. Cette rencontre initiée par l’exécutif et la Commission économique des Nations Unies, vise à explorer et évaluer l’état de la cybersécurité sur le continent, et réfléchir sur des pistes de collaboration entre les États et acteurs privés notamment.

Le contexte étant marqué par la multiplication des menaces cybercriminelles de tous genres. En amont de l’événement en octobre, Cina Lawson, ministre de l’Économie numérique et de la transformation digitale affirmait en substance que « maintenant que les cadres réglementaires ont largement été mis en place, nous souhaitons proposer des idées innovantes en matière de coopération opérationnelle, pour faire face aux menaces de façon concrète et décisive. Nos ressources étant limitées, nous n’avons pas d’autre choix que de travailler ensemble ».

Lorsque Cina Lawson fait allusion « aux cadres réglementaires », on peut penser à l’Agence nationale de la cybersécurité (Ancy) créée par le décret n° 2019-026/PR du 13 février 2019. « La mise en œuvre de la stratégie nationale de développement des TIC entreprise par le Gouvernement, doit être accompagnée d’une réforme du cadre juridique et surtout institutionnel en vue d’assurer un renforcement de la sécurité et de la confiance dans le domaine du numérique », pouvait-on lire dans le communiqué relatif au Conseil des ministres de ce 13 février.

On pense également au lancement par le Togo le 03 février 2021 du premier Centre national d’alerte et de réaction aux menaces informatiques (CERT.tg). « Le lancement du CERT est une étape importante dans le développement de la cybersécurité au Togo », avait alors indiqué Yark Damehame le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, quand la ministre chargée de l’Économie numérique et de la transformation digitale tenait pour elle que « les Togolais ont besoin d’avoir confiance dans la sécurité du cyberespace, et le CERT protège tous les acteurs du numérique et participe à la formation d’experts locaux en cybersécurité ».

On pourrait passer des heures et des heures à épiloguer sur les objectifs visés au cours de ce sommet auquel prendront part des Chefs d’État et de gouvernement, dirigeants du secteur privé et leaders de la société civile, cela reviendrait à discuter du sexe des anges. On avait pensé qu’avec la création l’Agence nationale de la cybersécurité, on assisterait à une baisse considérable de cybercriminels qui ne cessent d’écumer les espaces réservés aux honnêtes citoyens friands de recherches ou de communication à distance. Que nenni.

Ces cybercriminels, essentiellement Nigérians, Ivoiriens ou encore Béninois (vu le nombre important dans les mailles de la police togolaise), qui ont comme élu domicile au Togo, continuent de rançonner à qui mieux mieux des gens où qu’ils se trouvent. Les 21 cybercriminels (tous de nationalité nigériane) arrêtés le 26 août 2021 à Lomé par la Police nationale, représentent une paille, comparativement à ces criminels sans nombre qui sont prêts à tout, même au prix de leur vie, pour continuer de mener une vie de luxe sur fond de voyoucratie, et qui continuent d’officier en toute tranquillité dans des cyberespaces. L’Agence nationale de la cybersécurité devrait commencer à s’attaquer à ces individus-là, les poursuivre jusqu’à leurs derniers retranchements. Alors seulement on pourra nourrir l’espoir de trouver moyen d’en finir. Mais trois ans après sa création, l’Ancy continue de chercher la formule, et le Centre national d’alerte et de réaction aux menaces informatiques, lui, ne fait que figue de tigre de papier.

Comme tous les sommets organisés à son de trompe au Togo et à seul fait de polir l’image du fils du père, quitte à faire saigner les économies déjà à terre du pays, le Sommet sur la cybersécurité sera une bérézina de plus à mettre à l’actif d’un gouvernement passé maître dans l’art de s’éloigner des vrais problèmes des citoyens pour des sujets aussi vaseux que coûteux. Voilà ce qui s’appelle lâcher la proie pour l’ombre. Honteux !

Sodoli Koudoagbo

Source : Le Correcteur / lecorrecteur.info

Source : 27Avril.com