La mise en scène était au poil, avec des personnages et même des costumes étudiés pour leur effets : Le Maitre de Cérémonie -MC- en costume bleu ciel, décontracté a souhait avec le costume bleu et la chemise à col ouvert, arborant le sourire commercial du vendeur de tapis. La gentille Marocaine BCBG avec l’accent titi parisien, la robe bleue nuit de bon ton, appelée à conclure les débats par des lieux communs qui ne font pas de vagues.
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La passionaria Malienne drapée dans un bogolan presque traditionnel dans le rôle de porte voix des récriminations de la jeunesse et de l’outrage devant l’arrogance et le mépris caractérisé d‘Emmanuel Macron qui pose les pas dans les sillons creuses par Sarkozy a Dakar, dans le registre de l’insulte quasiment grossière. Le Baba cool avec ses rasta et son bonnet de laine dans la chaleur relative de l’automne méridional en France ne manquait pas a la fête de Macron .
Le tout complété par la touche folklorique apportée par l’entrepreneur burkinabè coiffée de son couvre chef de berger se défoulant et passant les bon mots a un Emmanuel Macron en grande forme de communicant dans son costume télégénique qui se fera un plaisir de rebondir sur les perches gentiment tendues, que ce soit sur la marmite devant être nettoyée ou le changement de nom de l’AFD…
Ce spectacle médiatique méticuleusement monté comme une production hollywoodienne avec des acteurs conscients ou manipulés, est comme on pouvait s’y attendre assené aux populations africaines -notamment la jeunesse- par les canaux de diffusion de la voix de la France – France 24 en boucle, RFI et TV5 Monde notamment. C’est cela aussi la domination culturelle de la France en Afrique…
Le but qui est de mettre en orbite les nouveaux produits de la Françafrique comme on lance une nouvelle marque de lessive avec une campagne markéting sera-t-il atteint? Nous prépare t-on les Macky Sal de demain qui assureront aux Total, Bollore, et autres Areva la main mise sur nos économies? L’avenir nous le dira.Cette mise en orbite rappelle les initiatives du président américain Barack Obama pour rassembler a la Maison Blanche des jeunes « leaders » désignés pour l’Afrique.
Pour prédire la trajectoire de ces « leaders « désignés par l’Etranger, on peut se référer à la pratique de certains de ces « leaders « mis en orbite par la diplomatie américaine dans la décennie précédente, prenant une longueur d’avance sur la France, en retard d’une guerre – comme c’est souvent le cas. Dans notre pays, la ministre du numérique de Talon est issue de ce programme « jeunes leaders » américain. Dans la soit disant société civile, Constantin Amoussou en est -semble t-il-un représentant.
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Nous laisserons aux lecteurs béninois le soin d’apprécier la contribution de ces prétendus leaders a la lutte pour la démocratie et le progrès social au Benin ; en l’une on peut voir l’artisan docile de la politique du gouvernement de Talon ; l’autre personnifie une société civile , antichambre des pouvoirs dictatoriaux, allant présenter ses excuses à son mentor, prétendu représentant de la société civile, avocat personnel de Talon, devenu maitre à penser des lois d’exclusion qui ont créé chez nous le parti unique a deux faces, le parlement désigné, les maires désignés, les lois électorales à géométrie variable, l’interdiction des grèves , la suppression de facto des indemnités de licenciement, la fin des contrats a durée indéterminée , les cours de justice d’exception, j’en passes et des meilleures
« Leaders « désignés et Leaders issus des luttes populaires
Il est symptomatique que dans la continuité des pratiques de domination, les différentes puissances étrangères s’arrogent le droit de désigner les représentants de la jeunesse africaine. Les leaders qui ont émergé des révolutions françaises et américaines ont-ils été désignés, suscités depuis l’Etrange ? Que l’on sache, les Danton, Robespierre, leaders français, doivent leur ascension -et chute- au seul peuple français. Samuel Adams et George Washington, leaders de la révolution américaine n’ont pas reçu l’onction de la couronne britannique. Pourquoi faut il que la France soit le chef d’orchestre qui convoque et élève les futurs leaders des sociétés africaines ?
Dans un contexte où les dirigeants africains commis a la mise en œuvre des politiques françaises et à la protection des intérêts français chez nous sont partout décriés et menacés dans leur fonctions, Il est permis de penser qu’il s’agit la pour la France, de manœuvres visant a se créer un vivier de nouveaux laquais charges de mettre en œuvre ses politiques sur le continent et protéger ses intérêts bien compris. Cela même si les acteurs n’en sont pas pleinement conscients . Cela même si les acteurs sont autorisés a se défouler en listant leur récriminations – parfois dérisoires ( comme changer le nom de l’AFD, ou mettre un vernis au pillage des ressources du continent en l’appelant pompeusement « investissement solidaire » !)
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Le silence sur certains des vrais défis
Dans le brouhaha médiatique et les envolées lyriques sur les marmites, peu de choses seront dites sur les questions qui préoccupent les peuples africains. Il aura fallu un rappel pour que le Président français réponde par un tour de passe-passe a la question du CFA réduisant celui-ci au transfert des réserves de changes à la BCEAO ( mais pas à la BCEAC). Il passera sous silence le Dépôt de Fonds au Trésor ( Français) remplaçant le compte d’opérations décrié, les représentants du Trésor Français dans les structures de la BCEAO assurant indirectement le contrôle qui était devenu trop visible et ouvertement humiliant.
En politicien rompu au débat et à l’art de ne pas répondre aux questions. Macron ne pipera pas un mot des conditions de la garantie par la France de la convertibilité illimitée et de la parité fixe Euro – CFA, toutes choses qui plombent la compétitivité des entreprises africaines et protègent le rapatriement des bénéfices des multinationales françaises ( sans parler des manipulations fiscales) . Là encore l’arrogance de la France se manifestera à travers l’exclusion suggérée du Nigeria d’une zone monétaire commune et l’intégration – souhaitée a mots a peine voiles du Ghana dans la zone CFA rebaptisée ECO !
Le président français poussera le ridicule jusqu’à demander la liste des dictateurs africains soutenus par la France, oubliant opportunément le Congo mis sous tutelle par Total, le Cameroun ou Bolloré fait la pluie et le bon temps, sans parler du Gabon, du Togo, ou des autres pays ou la manipulation des constitutions et lois électorales, la traque des opposants sont des sports favoris des dirigeants comme au Benin ou en Côte d’Ivoire !
Un exercice électoral de ravalement de la Françafrique
Au total il apparait que cette mise en scène médiatique n’a que de peu de chose a voir avec les peuples africains , leur défis, leur luttes, leur devenir. Outre le but électoral que pourrait viser le candidat Macron ( les diasporas votent et pourraient peser dans des élections se jouant a 1%), l’objectif est d’effectuer à bon compte un ravalement de la Françafrique dont les méfaits sont de plus en visibles et les agents décriés par la grande majorité des jeunes africains.
En dépit des récriminations -sincères ou de bonne foi- portées par des jeunes , ce sommet voulu et organisé par la France, pour la France, s’inscrit dans la vaste opération de ravalement de la Françafrique dont la façade vermoulue s’écroule quand bien même les fondements persistent, en vue de la reconquête des positions françaises menacées par la montée en puissance de la Chine, les ambitions américaines et russe.
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Il est important pour nos peuples que la jeunesse prenne en mains sa destinée et lutte avec toutes les couches populaires pour des sociétés justes et prospères. La place et rôle de la jeunesse sont centrales du fait notamment de son énergie, de sa capacité de remise en cause et ce qu’elle peut gagner dans le succès de cette lutte.
N’attendons pas Macon et ses fonds et agences rebaptisées selon l’air du temps. Comme ont semblé le dire les jeunes mis en scène, la réponse aux problèmes africains ne peut venir que des africains , et les puissances étrangères sont plus un problème qu’une solution. Les fonds et autres dispositifs qu’ile mettraient en place ne servent qu’a maintenir et conforter leur positions et protéger leurs intérêts au détriment des peuples africains
Jean Folly
Architecte de Solutions Informatiques
Source : Togoweb.net