A la Société nouvelle des phosphates du Togo (SNPT), le temps était morose lors de la célébration de la journée internationale des travailleurs. Les agents ont encore saisi l’occasion pour porter haut leurs doléances à l’endroit de la Direction Générale, souvent indifférente à leurs sorts. Une mise en garde en quelque sorte.
Chez les travailleurs togolais, l’ambiance n’était pas au même diapason le mercredi 1er mai dernier. Quelques réjouissances souvent trompe-oeil et éparses n’ont pas caché l’autre versant des conditions de vie et de travail des travailleurs togolais, notamment celles des employés du secteur des phosphates. L’accalmie observée depuis quelque temps ne cache pas le tableau moins reluisant de la SNPT. Entre hécatombe et non-respect des engagements, les agents ont encore fait part de leurs frustrations et déceptions. Ils pourraient de nouveau renouer avec les grèves si rien n’est fait.
« A la SNPT, l’année 2018 a été relativement apaisée. Cette accalmie apparente ne traduit en rien l’amélioration des conditions de vie et de travail; plutôt c’est une atmosphère pesante, le calme qui précède la tempête ! En effet, les travailleurs vivent quotidiennement dans la peur de ne pas voir le jour suivant. La mort est devenue un compagnon de tous les jours et tend à devenir un phénomène banal », relèvent les agents. Ils enregistrent déjà huit (08) morts dans leur rang. Afin d’endiguer ces séries noires qui sapent leur moral, les agents interpellent la Direction à doter la SNPT et ses démembrements des moyens visant à endiguer l’hécatombe qui fauche des vies humaines en « pleine carrière professionnelle ».
Ainsi, plaident-ils pour la mise en place, entre autres, d’une commission dans laquelle doit figurer le service santé sécurité au travail, la recherche des causes endogènes et exogènes de ces décès, l’exécution de la visite médicale de 2019 dans les meilleurs délais, le recrutement de deux (02) médecins pour être conforme aux textes en vigueur, l’acquisition au profit des infirmeries de deux (02) nouvelles ambulances par site, l’équipement des infirmeries en médicaments et autres produits de santé, la création et l’équipement d’un centre de santé à Dagbati (dans la préfecture de Vo). Aussi, souhaitent-ils le renforcement des dispositions sécuritaires. « Depuis 2009, le personnel n’a bénéficié seulement que de trois (03) dotations de tenues vestimentaires et chaussures donc en termes clairs en moyenne une tenue tous les quatre (04) ans », une insuffisance grave à laquelle s’ajoutent les risques d’accident sur le wharf, à la laverie, sur les convoyeurs avec leurs lots de cas mortels (comme celui de leur camarade Kpevon) ou d’amputation des membres.
Alors que les agents soulignent que « depuis septembre 2018 le prix de la tonne de phosphate a connu un regain et passe en moyenne de 88,13 dollars la tonne en octobre 2018 à 102,73 dollars en février 2019 avant de fléchir légèrement en mars 2019 à 97,83 dollars. Le marché n’est donc pas totalement hostile si le prix de la tonne a connu une hausse». Paradoxalement, les retombées ne profitent pas à l’ensemble du personnel.
Et pourtant, les agents se battent avec les moyens limités, et souvent au péril de leur vie « afin que la production ne dépasse aujourd’hui le seuil de un (01) million de tonnes ». Ils notent avec amertume la quasi-absence d’infrastructures socio-culturelles ou l’état de délabrement dans lequel sont certaines structures existantes. Il s’agit, entre autres, du bâtiment du Palm Beach, les chambres du restaurant TRICAL CLUB sont également dans un état de délabrement avancé.
Autant de faits et de situations qui montrent que les agents de la SNPT n’ont véritablement pas la tête à la fête à travers laquelle les patrons et les directeurs de société surfent pour faire croire que leurs personnels sont bien traités. Alors que la réalité est tout autre. Dans leur relevé, les agents de la Société nouvelle des phosphates du Togo exhortent la Direction générale à vite désamorcer la tension. Pour eux, l’accalmie ne saurait durer et faire oublier les principales revendications qui couvent. Elles pourraient, si rien n’est fait, basculer de nouveau la SNPT dans les grèves.
Afin que le calme ne cède à la tempête, le personnel suggère la création d’un département qui s’occupe de la vente du phosphate, de la diversification des clients afin de créer de la concurrence autour ce minerais. Il exige la réintégration des camarades délégués du personnel et syndicaux licenciés abusivement et invite la Direction Générale au respect des engagements qui ont conduit au « cessez-le-feu ».
A cela s’ajoutent plusieurs points contenus dans leur plateforme revendicative, à savoir, l’exécution de la visite médicale, l’application des décisions du gouvernement en faveur des travailleurs, le rappel des minima conventionnels, le versement de la prime de production 2014 sur la base de l’ancienne formule, de la prime de production et de la prime de rendement, le versement des gratifications au titre des années 2015 – 2016 – 2017, la révision à la hausse des primes de transport et de logement, l’amélioration, les prestations et l’embauche du personnel qualifié au sein des œuvres sociales et dans la cantine, la formation et le recyclage des agents.
Toutefois, le personnel se félicite des recrutements en cours, de la réactualisation du Comité sécurité santé au travail (CSST). A cet effet, il exhorte la Direction générale à continuer dans ce sens car, selon les agents, « les équipes sont très affectées par les départs à la retraite, les décès, les licenciements pour invalidité et démission ».
Aussi suggère-t-il des gymnases sur les deux sites afin de « pour réduire le stress et les problèmes de tension artérielle du personnel ».
Source : www.icilome.com