Suspense levé à la veille du second tour. Après un gel du processus électoral sur des soupçons de fraudes, les 3,1 millions d’électeurs sierra-leonais se rendront bien aux urnes ce mardi 27 mars pour départager le candidat du SLPP, l’ancien général Julius Maada Bio qui avait obtenu une courte avance au premier tour et son rival de l’APC (au pouvoir), Samura Kamara, l’ancien ministre des affaires étrangères d’Ernest Bai Koroma, le président sortant. La Haute cour du pays estime que le second tour pouvait reprendre, à l’issue duquel on devrait savoir qui sera le prochain président de la Sierra Leone.
Comme pour ajouter du suspense à l’angoisse déjà pesante de tout un pays, l’audience d’examen de la Haute cour a commencé avec une heure de retard. L’ambiance électrique des manifestations devant le siège de la plus haute institution du pays a transparu jusque dans un prétoire plein comme œuf où les Sages ont rendu un verdict pour le moins salvateur.
Gel du processus levé pour un second tour ce mardi 27 mars
Accueillie par des chants accompagnés d’une nuée d’acclamations, la sentence de la Cour lève l’ordre donné samedi dernier à la National electoral commission (NEC) de stopper le processus électoral pour l’organisation du second tour. Ibrahim Sorie Koroma, avocat de l’All People’s Party (APC, au pouvoir) avait saisi la justice d’allégations de fraudes ayant entaché le premier tour du 7 mars, remporté d’une courte tête par l’opposant Juluis Maada Bio (43,3 %) face à Samura Kamara (42,7%).
Une manœuvre dilatoire selon le Sierra Leone People’s Party (SLPP) qui dénonce « un stratagème délibéré du président Ernest Koroma pour prolonger illégalement son mandat» au-delà de ces deux mandats fixés par la constitution et qui avait ouvert la voie à sa succession. Pendant deux semaines, le magma politique failli réveiller avec lui les démons de la décennie de guerre civile (1991-2002). Le pays retenait son souffle.
Droite dans sa toge, la Haute Cour a démontré que même l’un des pays les pauvres de la planète peut faire un sursaut démocratique. Un luxe dont des pays avec une « démocratie publicitaire» ne peuvent se targuer. Dans tous les cas, l’annonce de la Haute Cour renvoie donc aux urnes, les deux prétendants arrivés en tête au premier tour.
Un faiseur de roi nommé Kandeh Yumkella
A 54 ans, Julius Maada Bio, le chef de l’ex-junte qui s’est brièvement emparée du pouvoir en 1996, voit dans ce second round, une occasion inespérée de polir son image. Encore faut-il qu’il prenne sa revanche sur le poulain du président sortant. En face, Samura Kamara (67 ans), l’ex-chef de la diplomatie ne veut pas inscrire dans son CV politique qu’il est l’homme qui fait perdre la State House de Tower Hill de Freetown à l’All People’s Party (APC).
Ce duel d’hommes âprement disputé sera arbitré par Kandeh Yumkella. Ce diplomate chevronné de 58 ans, ancien directeur de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), est le faiseur de roi de ce second tour. Arrivé troisième avec près de 7% des voix au premier tour avec un parti nouvellement créé, cet ancien membre du SLPP est convoité comme eau en période de sécheresse. Mais le verdict des urnes sera décisif ce mardi pour révéler qui sera le prochain président de la Sierra Leone.
Source : www.cameroonweb.com