Le dernier scrutin présidentiel n’a pas seulement consacré la septième défaite de rang de l’opposition depuis le retour des élections pluralistes dans notre pays en 1990. Il a été également le contexte de l’écroulement inédit de celle-ci. La Dynamique Kpodzro, quoi qu’en disent ses soutiens, fut l’un des facteurs accélérant de l’extrême fragilisation des adversaires du régime en place. Aujourd’hui divisée, aphone, sans initiatives et sans idées, comment et autour de quelle personnalité l’opposition peut-elle se reconstruire et structurer son projet d’alternance ?
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Depuis l’élection présidentielle du 22 février dernier, c’est le silence radio pour la quasi-totalité des leaders et des formations politiques, disparus des radars ; malgré quelques sorties éparses et inaudibles de certains d’entre eux. La Dynamique Kpodzro a bien essayé d’initier un regain d’actions mais elles ont été toutes couronnées d’échecs. Et pour cause ! Les initiatives portées par Agbéyomé Kodjo, qui a réalisé le plus mauvais score d’un principal challenger face au candidat du pouvoir en place depuis 1998, étaient si hasardeuses, voire ridicules (comme la nomination d’un Premier ministre et d’un ministre des affaires étrangères, tous les 2 résidant à l’étranger), pour prétendre prospérer.
Au surplus, pour avoir méthodiquement organisé le lynchage médiatique des principales figures de l’opposition ainsi que leur lapidation sur les réseaux sociaux, la Dynamique Kpodzro a activement participé à jeter du discrédit sur l’ensemble des leaders, sans pour autant réussir à en tirer véritablement et structurellement profit. Plus que jamais, l’opposition semble à bout de souffle et au bord de l’apoplexie. Ses militants désemparés et démobilisés, après l’aventure « Saint-Esprit », ne savent plus à quel saint se vouer. A preuve, le flop de l’appel à manifester du 1er août dernier, annoncé comme devant être une grande mobilisation, amorce d’un nouveau tour de chauffe.
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Construire un vrai projet alternatif :
Dans ce contexte, la reconstruction de l’opposition devient un impératif catégorique. En effet, nul, y compris le pouvoir, n’a intérêt à l’inexistence d’une opposition institutionnelle, ou que celle-ci soit beaucoup trop faible pour être audible et peser dans le débat public. Au risque sinon de voir se créer des mouvements spontanés, sans leadership, incontrôlables et donc l’impossibilité de dialogue. Ce cas de figure est souvent annonciateur d’une insurrection, voire de l’anarchie et du chaos. La vie publique et une démocratie apaisée ne peuvent survivre que dans le cadre de l’existence d’acteurs identifiés et légitimés, et de dialogue socio-politique.
C’est d’ailleurs cette grande faiblesse de l’opposition qui favorise l’immixtion de plus en plus fréquente des confessions religieuses dans la vie politique togolaise, notamment l’Eglise catholique, même si elle s’en défend. Et cette tendance s’inscrira dans la durée, en tout cas tant que cette opposition ne va pas sortir de sa torpeur, laissant vide tout l’espace qu’elle devrait occuper. Pour y arriver, elle devrait éviter certains écueils : attendre la veille des élections pour être active ou se contenter d’émissions tv ou radios et de présence sur les réseaux sociaux, dont est friande davantage la diaspora que les habitants des cantons reculés de notre pays. Ou encore, adopter des regroupements circonstanciels qui portent en eux-mêmes les germes de leur implosion : construire d’abord avec ceux avec lesquels on a des affinités et une vision.
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Et justement, le défi majeur sera de décrire celui-ci et de décliner pour le Togo un projet alternatif, au-delà des slogans éculés, des invectives, des insultes etc. L’une des principales tares des adversaires du régime est d’être très présents dans l’opposition et peu dans la proposition. Aussi, depuis l’opérationnalisation des réformes constitutionnelles et institutionnelles, ils n’arrivent pas à donner du contenu à leur discours politique. Il s’agira pour eux de convaincre qu’ils ont de meilleurs projets en matière de santé, d’éducation, de fiscalité, d’agriculture, de promotion du secteur privé etc…
Quel leadership ?
La guerre du leadership et des egos a toujours été le talon d’Achille de l’opposition togolaise. Sa reconstruction passe pourtant nécessairement par une figure consensuelle et légitime, pour rassembler les forces éparses, autour d’un socle commun d’idées et d’initiatives. Mais la tâche ne sera pas aisée, tant les rancœurs restent vives et les personnalités pouvant incarner cette figure connaissent des fortunes diverses et sont, pour la plupart, en perte de vitesse.
Gilchrist Olympio, depuis son accord avec le RPT, n’est plus considéré comme un opposant. Me Yawovi Agboyibo est décédé à Paris le mois dernier. Jean-Pierre Fabre, dès le lendemain de son humiliation à l’élection présidentielle de février se mure dans un silence total.
Tikpi Atchadam est porté disparu sur la scène politique, exilé en Guinée selon plusieurs sources. Mme Adjamagbo-Johnson, est très contestée pour ne semer que des illusions depuis la C14 jusqu’à la Dynamique Kpodzro. Agbéyomé Kodjo aurait pu capitaliser sur son score et prendre cette posture.
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Mais il s’est engagé dans une aventure stérile dont lui seul connaît le vrai objectif. L’âge d’Aimé Gogué ne plaide pas vraiment en sa faveur. Mohamed Tchassona est très peu connu sinon dans sa région centrale. Komi Wolou est aujourd’hui trop effacé pour prétendre jouer ce rôle mais peut se positionner pour le futur. Tout comme Gerry Taama, un peu jeune mais surtout dont l’appartenance à l’opposition est régulièrement contestée.
Nathaniel Olympio n’a pas le charisme de son frère et se perd dans des alliances curieuses. Le nom de François Boko est souvent aussi évoqué. Mais l’ancien officier en exil est-il prêt pour le combat politique en descendant dans l’arène ? Pour l’heure, seule une participation à la présidentielle semble l’intéresser ; en somme rentrer pour ramasser la mise sans les inconvénients de diriger une formation politique. Me Dodji Apévon est une personnalité qui peut faire le lien entre le passé, le présent et le futur. Modéré mais sans langue de bois, accessible et facile à vivre, tout le monde le respecte sans qu’il n’ait besoin de forcer.
Sa légitimité pour le coup n’est pas contestable. Mais son côté peu ambitieux peut lui être préjudiciable. Longtemps numéro 2 de Yawovi Agboyibo, il n’a jamais véritablement imposé un leadership naturel à la tête des FDR (Forces Démocratiques pour la République).
La surprise peut venir de la société civile. Comme ce qu’a tenté de faire Zeus Ajavon dans les années 2010. Dans ce cas de figure, un Pr David Dosseh peut être un recours. Mais sa proximité de notoriété publique avec l’ANC (Alliance Nationale pour le Changement) peut s’avérer tout autant rédhibitoire.
Source : Togoweb.net