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Sérail: la démocratie togolaise face à ses défis?

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“La démocratie est le meilleur outil dont nous disposons pour relever le large éventail de défis auxquels nous sommes tous confrontés”, a déclaré le président américain Joe Biden en décembre 2021 lors d’un sommet à Washington avec des dirigeants africains. Parmi eux, Faure Essozimna Gnassingbé écoutait impassiblement. Si le président togolais avait pris la parole sur ce sujet, il aurait probablement tenu un propos plus nuancé que celui de son homologue.

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Vu depuis l’Afrique sahélienne, où l’outil démocratique est encore en phase de rodage, le développement économique pourrait être le meilleur moyen de surmonter les défis évoqués par le président des États-Unis.

Prenons un des grands défis de l’heure : le terrorisme qui menace le nord du Togo. C’est un phénomène qui s’impose de lui-même et peut survenir n’importe quand, n’importe où, de manière violente et aveugle. Il échappe à toute logique, ne connaît pas de frontières, menace les grandes démocraties, compromet à lui seul la stabilité des petits et des grands pays, et se nourrit des injustices autant que de l’absence de progrès économiques et sociaux. Quelques entorses aux libertés sont parfois nécessaires pour lutter contre ce fléau.

Des études ont montré que la décision de rejoindre les groupes armés n’était pas toujours le résultat d’un endoctrinement. L’absence d’un État fort peut pousser les jeunes à s’enrôler pour se protéger des attaques d’un groupe rival ou pour simplement disposer d’une arme pour protéger le bétail de leur famille.

La situation est donc beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît, d’autant plus que l’économie du Togo repose sur un secteur tertiaire qui contribue à plus de la moitié du PIB (58,6%) et qui est centré sur les activités logistiques, commerciales et financières. Laisser l’insécurité proliférer pourrait entraîner l’effondrement de ce secteur vital.

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Bien entendu, il n’est pas question de sacrifier la démocratie pour garantir la stabilité et le développement. Cependant, la lutte contre ces groupes armés justifie quelques entorses aux libertés individuelles. Cette situation relativise quelque peu les propos de Joe Biden.

Pour être honnête, les incursions terroristes ne sont pas les seuls obstacles à l’avancement démocratique du pays. Malgré de nombreuses réformes institutionnelles, le Togo n’a pas réussi à organiser une élection présidentielle dont les résultats sont acceptés par tous. Les crises post-électorales se succèdent, accompagnées de tensions et parfois de violences. En fin de compte, toute crise est la responsabilité de ceux qui gouvernent et ont la capacité de légiférer grâce à la majorité confortable dont ils disposent au Parlement. Il incombe donc à l’exécutif togolais de trouver la formule qui suscite l’adhésion des populations aux règles du processus démocratique.

Cependant, cette démocratie balbutiante est également due à l’incurie des forces de changement, notamment à une opposition qui n’a jamais pu se départir de la tentation de la table rase, visant non pas à proposer un projet alternatif constructif pour le Togo, mais à chasser la famille Gnassingbé du pouvoir.

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Depuis la présidentielle de février 2020, l’opposition ne s’est plus incarnée. Tel un champ de ruines représenté par une nébuleuse, la Dynamique monseigneur Kpodzro (DMK), rebaptisée Dynamique pour la majorité du peuple (DMP) en avril, tente désespérément de maintenir ses partisans dans une lutte pour faire reconnaître la victoire de Messan Agbéyomé Kodjo lors du scrutin de 2020. En vain, car le front s’effrite depuis que le gouvernement a annoncé la tenue d’élections législatives et régionales en 2023. Malgré les appels au boycott lancés par l’ecclésiastique qui dirige la formation, une partie des troupes veut participer aux deux scrutins à venir.

En somme, l’« outil démocratie » vanté par Biden n’est pas prêt à l’usage, et bien qu’il soit nécessaire, il est insuffisant pour faire face aux défis actuels.

Source : Togoweb.net