Nous l’avons relayé, lorsqu’une mallette avait été piquée au domicile d’un certain ministre.
On apprend que les auteurs ont été retrouvés et se trouveraient au
chaud. Mais aujourd’hui, le mystère du montant et de sa destination
première est connu. Surtout que le vol a eu lieu à quelques jours
d’intervalle du passage du Togo devant le comité contre la torture à
Genève. On a vu le rapport.
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Le nom du ministre est connu, plus besoin d’y revenir, encore moins de le citer. L’acte de vol est également révélé et porté à l’attention des lecteurs dans la parution N°2966 du 23 juillet 2019 de votre journal. « Le vol, selon nos informations, a été commis à son domicile où il gardait soigneusement des devises. Ce qui fait dire à certains que le voleur serait dans la maison et connaissait bien l’existence de la caverne d’Ali Baba. Le contenu de la mallette n’a pas été révélé, mais il s’agirait de toute évidence d’une importante somme d’argent », avons-nous écrit.
Plus précisément, la valeur serait de…30 millions, en devises
étrangères. Le Togo étant ouvert sur le monde, ce sont l’euro et le
dollar qui sont les devises les plus utilisées. Or, un euro vaut au
moins 655,957 FCFA, et un dollar vaut au bas mot 500 FCFA. Alors, à vos
calculatrices. Mais pourquoi avoir cherché à taire le vol d’une telle
somme ? Est-ce un bien personnel du ministre, ou alors, une mission
aurait-elle eu besoin de tout cet argent ?
On n’aura pas besoin du calendrier Maya pour remonter le temps et permettre à tout lecteur de « voir le rapport ».
Week-end précédant le lundi 22 juillet 2019 : l’entourage du fameux
ministre arrive à subtiliser une mallette qu’il aurait été chargé de
déposer au domicile du serviteur du peuple.
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Lundi 22 juillet, l’information est révélée, mais personne ne sait le montant exact, ni la destination des devises.
Vendredi 26 et lundi 29 juillet 2019 : le Togo était devant le comité
contre la torture à Genève et les constats établis ont donné lieu à une
pile de recommandations mettant à mal tous les efforts (sic) des
autorités à redonner une meilleure image à la justice togolaise en
général, et à la situation des droits de l’homme en particulier. Et rien
n’a pu empêcher la sortie dudit rapport, ni permettre son
tripatouillage.
En remontant les évènements, on peut dire sans se tromper que la
mallette aurait dû accompagner ceux qui allaient défendre le bilan du
Togo à Genève, puisqu’ils y sont allés dans la semaine ayant suivi le
week-end du vol. Alors, de là à penser que cette mallette aurait pu
permettre à son propriétaire de tenter de convaincre le club qui suit la
situation des droits de l’homme à lever le pied lors du passage du
représentant du Togo d’une part, et dans la production des
recommandations à l’endroit du pays, il y a un fossé que tout curieux
aurait été tenté de franchir.
Les suspicions sont d’autant plus fortes que le ministre n’a pas
porté plainte auprès de qui de droit, et il a pu effectuer son voyage
comme si de rien n’était. Comment peut-il en être autrement quand
l’argent perdu ne venait pas de sa poche ? Et aujourd’hui, il apparaît
que ce sont parce que la mission à laquelle cet argent devrait servir
n’était pas officielle qu’un silence de plomb a couvert le vol.
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30 millions en devises, c’est énorme à côté des revendications des
arriérés des enseignants volontaires à Bandjéli ; c’est plusieurs années
de transferts monétaires au profit des plus démunis au Togo ; c’est
surtout –en supposant que le dollar et l’euro soient ramenés à 500 FCFA
chacun- plus de 1000 bâtiments scolaires de trois classes avec direction
chacun. On finit par se convaincre que pour la minorité, l’essentiel
est ailleurs que dans la recherche du bien-être des populations
togolaises.
Nous avons joint le ministre qui est en déplacement et lui avons
envoyé un message de confirmation ou d’infirmation des informations en
notre possession. Jusqu’à ce que nous mettions sous presse, il ne nous
est pas revenu.
Abbé Faria
Source : Liberté No.2995 du Mardi 03 Septembre 2019
Source : Togoweb.net