Les couleurs ont été annoncées depuis la veille, avec les intentions manifestes du pouvoir de procéder à la levée de son immunité parlementaire pour son éventuelle arrestation. C’était prévisible qu’il allait passer une journée de mercredi assez longue et mouvementée. Elle l’était vraiment, pour le « Président élu ».
Agbéyomé n’a pas répondu à la convocation
Agbéyomé Kodjo devrait répondre, ce mercredi 11 mars, à la convocation – la lettre à lui adressée par la Présidente de l’Assemblée nationale parle d’invitation – devant la Commission spéciale mise en place pour l’étude de la procédure de levée de son immunité parlementaire, sur requête du Procureur de la République Essolizam Poyodi.
Trouble à l’ordre public, mise en danger de la sécurité nationale, actes subversifs, troubles aggravés à l’ordre public, diffusion de fausses nouvelles, dénonciations calomnieuses, atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat, voilà les charges retenues contre lui et qui justifient sa convocation.
On attendait ainsi voir Agbéyomé Kodjo répondre personnellement devant cette commission composée de six (06) députés : Mémounatou Ibrahima, Présidente ; Koundjam Monkpebor, Rapporteur ; Me Tchitchao Tchalim ; Mawussi Djossou Semodji, du groupe RPT/UNIR ; Senanu Alipui et Gerry Taama des groupes UFC et NET-PDP, membres. Mais il ne l’a pas fait. Il s’est fait représenter par un député de son parti, le Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD).
Quelle serait la suite ? Personne ne le sait. Les heures et peut-être jours à venir nous situeront.
Sa maison encerclée par des corps habillés
L’urgence l’imposait, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro a convié la presse nationale et internationale à une conférence de presse express, au domicile d’Agbéyomé Kodjo sis à Tokoin Forever, pour parler de la situation de son poulain. La rencontre s’est réellement tenue comme prévu et le prélat a montré toute sa détermination à ne pas laisser arrêter Agbéyomé Kodjo.
«S’ils viennent le chercher, ils doivent me prendre en premier lieu. Il ne bougera pas sans moi. Je suis décidé à les affronter, c’est des voleurs. Ils ont volé notre victoire et ils prennent des mesures de couardise pour effrayer les Togolais. Cette politique est terminée. Ils marcheront sur mon cadavre avant de bouger. Ils n’auront même pas cette chance d’avoir mon cadavre. On l’accuse d’avoir exploité de façon abusive les insignes de la nation. Ce n’est pas lui qui l’a fait, c’est moi. En tant que berger, je peux le faire et je suis prêt à donner ma vie », a pesté le prélat à l’occasion.
C’est en pleine conférence de presse que le domicile du « Président élu » a été encerclé par les éléments des forces de sécurité. Ils n’étaient pas là pour protéger (sic) Agbéyomé Kodjo que certains individus malintentionnés voudraient encore agresser, comme l’avait dardé le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général Yark Damehame. Apparemment, ils avaient une autre mission. Ils étaient là pour l’arrêter, et accessoirement ses collaborateurs de la dynamique.
« (…) Les gendarmes (GIGN) munis d’armes lourdes et de guerre nous ont complètement encerclés. Ils s’apprêtent à tirer des grenades et gaz lacrymogènes dans la maison afin de nous asphyxier. Notre vie est sérieusement menacée. J’appelle la population à une mobilisation massive devant le domicile pour mettre en échec, de façon pacifique, le plan criminel que prépare Faure Gnassingbé contre nous », a lancé le Président du Mouvement « En aucun cas » Folly Satchivi qui était de la partie.
L’épée de Damoclès plane
Déchoir Agbéyomé Kodjo de son immunité parlementaire et l’appréhender. C’est la finalité du pouvoir RPT/UNIR, et personne n’est dupe. Il ne s’est pas personnellement présenté devant la Commission spéciale censée l’écouter et étudier la procédure. Mais il est clair que l’épée de Damoclès plane sur sa tête et pourrait tomber à tout moment. Les heures à venir seront donc décisives.
Mais l’initiative ne ferait pas l’unanimité au sein du sérail. Selon les indiscrétions, le régime serait divisé à son sujet. Un courant trouverait inutile de le déchoir de son immunité et l’arrêter, vu que la Cour constitutionnelle a rendu sa décision et déclaré Faure Gnassingbé élu. Tout au plus, arguent-ils, Agbéyomé Kodjo ne fera que s’agiter et finira par se fatiguer.
Pour ces derniers, ce serait lui faire de la publicité, attirer les regards du monde entier sur le Togo en cherchant à appréhender. Mais ce camp rencontrerait la détermination de la ligne dure, celle des va-t-en guerre qui ne veut reculer devant rien, avec pour objectif de faire taire la contestation en l’arrêtant.
Qu’à cela ne tienne, le principal concerné n’appréhende pas la prison. Il s’y est préparé depuis. «Un leader qui n’est pas prêt à mourir pour une cause, n’est pas un leader ; moi Dieu m’a beaucoup donné, je peux partir maintenant, ce n’est pas un problème. Mais le peuple sera libéré. Je peux aller en prison. La prison, je l’ai déjà connue 2 fois, aller pour une 3eme fois, ça ne m’inquiète pas. Cette fois, ça ne se passera pas comme avant », avait déclaré Agbéyomé Kodjo.
Et d’ajouter : « Nous n’avons pas d’arme, nous n’avons pas d’argent, mais on a Dieu de notre côté et le peuple avec nous. Même en croisant les bras, Faure Gnassingbé et son régime vont tomber, parce que personne ne peut accepter cela. Ils vont tomber. Ils ont pris un plat chaud, ils vont le laisser tomber ».
Liberté
Source : Togoweb.net