Les sénégalais et les nigérians étaient aux urnes, le week-end dernier. Ceci, pour élire leur président de la République. Tout comme ceux vivant aux pays, les ressortissants du Nigeria et du Sénégal ont pu accorder leurs voix aux candidats de leur choix.
Dimanche 24 février dernier, les sénégalais résidant au Togo se sont réveillés comme s’ils étaient au pays. Et pour cause, les 736 électeurs inscrits sur la liste électorale ont accompli, en toute quiétude, leur droit de vote, garanti par la constitution sénégalaise. À l’occasion, hommes et femmes en règle ont exprimé toute leur fierté d’avoir accompli leur devoir civique, et surtout d’avoir accordé leur voix au candidat que chacun estime capable de conduire les destinées du peuple sénégalais, pour les sept (07) prochaines années.
À la suite, l’ambassadrice du Sénégal au Togo, Bineta-Bâ, après dépouillement, a rendu public, les résultats provisoires qui donnent largement vainqueur, le candidat et président sortant, Macky Sall, avec 64,57% de voix contre 21,60% pour son poursuivant immédiat, Ousmane Sonko.
Parallèlement au Sénégalais, les nigérians de l’étranger ont également exprimé, samedi, leur devoir civique dans différents pays à travers le monde.
Une démonstration de la vitalité démocratique en marche ailleurs, mais qui fait défaut au Togo.
Monnaie de singe…
Face à cette réalité si édifiante, l’on est en droit de se demander à quand sera le tour des togolais de la diaspora qui participent activement au développement de leur pays. En effet, d’après les récentes statistiques, les envois de fonds des togolais de diaspora au pays, pour le compte de l’année 2018, sont estimés à 400 millions de dollars, soit 232 milliards de FCFA. Ces chiffres, qui représentant 8,2% du PIB national, font entrer le Togo dans le rang des 10 premiers pays qui, en Afrique subsaharienne, reçoivent le plus d’argent de leur diaspora, derrière le Nigeria, première nation, avec 25 milliards de dollars.
Injustice sociale
Que comprendre donc de cette situation qui rime parfaitement à une injustice sociale ? Beaucoup de choses, au regard de l’histoire politique du pays dont nombre de ses fils, pour des persécutions liées à leur engagement politique contre le régime Rpt, sont contraints de s’exiler, loin de leur pays. Et depuis lors, c’est une couche de citoyens qui s’opposent au régime togolais, du père au fils. Donc de bonnes raisons pour Lomé de mettre stratégiquement sous éteignoir, ces millions de voix gênantes et dont les orientations politiques sont connues de tous. Mais alors, cela constitue une injustice sociale grave que le pouvoir de Lomé n’arrive toujours pas à rétablir. Les diverses initiatives visant à inciter la diaspora à investir au pays, bien que bien conçues et louables, ont été malheureusement noyées par des balbutiements politiques qui n’ont fait qu’enfoncer le clou.
Après la noble tentative de Tikpi Atchadam de les faire voter à travers la plateforme revendicative brandie le 19 août 2017 par le PNP, mais étouffée par le pouvoir, avec la complicité coupable d’une certaine classe de l’opposition, c’est aujourd’hui une diaspora togolaise encore plus remontée contre le pouvoir de Lomé et qui est décidée à reprendre la lutte politique en faveur d’une alternance politique qui a fui le Togo depuis 1963.
Vite réparer le tort
Si les ressortissants étrangers résidants au Togo peuvent exprimer périodiquement leur droit de vote, pourquoi pas alors ceux d’ici vivant sous d’autres cieux? À cette question, une réponse urgente de Faure Gnassingbé s’impose. Il n’est jamais trop tard pour mieux faire. Le prince de Pya et ses députés «nommés» sont donc appelés à vite réparer le tort causé injustement à ces millions de togolais qui ne demandent qu’à être considérés comme de vrais togolais.
Source : Fraternité No.304 du 27 février 2019
27Avril.com