Les Sénégalais se sont rendus aux urnes dimanche pour élire leur président. Cinq candidats étaient en lice, dont le chef d’Etat sortant Macky Sall.
Parmi ses adversaires, Ousmane Sonko est le plus jeune des candidats. A quarante-quatre ans, cet ancien fonctionnaire des impôts est présenté comme une lueur d’espoir.
Ousmane Sonko a mené une intense campagne marquée par des rassemblements massifs de partisans passionnés et un public dévoué.
Le plus jeune candidat à la présidentielle a marqué son empreinte auprès de la jeunesse sénégalaise.
« Il est le favori pour les jeunes âgés entre 18 et 35 ans qui vont voter pour la première fois », a déclaré l’analyste politique Abdou Lo.
Ousmane Sonko se tient sur une plateforme radicale de lutte pour les intérêts sénégalais dans les transactions internationales et s’attaque à la corruption dans son pays, souvent en termes solides.
Lors d’une de ses campagnes, il a déclaré que les politiciens corrompus devraient être fusillés et il a par la suite refusé d’écarter la possibilité d’engager des poursuites contre le président. .
L’une des politiques les plus ambitieuses de Sonko est de remplacer le franc CFA par une monnaie nationale.
Le Sénégal, comme sept autres pays francophones d’Afrique de l’Ouest, utilise le franc français depuis la fin de l’ère coloniale.
La monnaie est rattachée à l’euro et les pays qui l’utilisent sont tenus de verser 50 % de leurs réserves de change sur un compte du Trésor français.
Le franc a fait l’objet d’une controverse persistante, décriée comme une relique de l’époque coloniale, même si abandonner cette monnaie déclencherait une instabilité comme cela a été le cas en Guinée.
« Sonko propose une sortie progressive, prudente et responsable du système monétaire du franc CFA qui prend nos économies en otage », affirme Mamadou Yauck, le responsable adjoint de l’informatique de la campagne de Sonko.
M. Yauck affirme que le franc « met le Sénégal dans une position non compétitive pour les exportations et entraîne une détérioration des termes de l’échange ».
Ousmane Sonko s’est également engagée à renégocier les contrats pour le pétrole et le gaz conclus avec les multinationales, en affirmant que les conditions existantes sont abusives. Le candidat possède une certaine expertise dans le domaine ayant écrit un livre intitulé « Solutions » qui accuse le gouvernement d’avoir échoué dans l’obtention d’un meilleur accord pour les ressources sénégalaises.
Le gouvernement a rejeté ces accusations, et une déclaration du président a promis « une gestion inclusive des produits de l’exploitation du pétrole et du gaz ».
Mais les arguments de Sonko lui ont valu le soutien des jeunes et des communautés de la diaspora, et lui ont valu des comparaisons avec des figures révolutionnaires.
« Ses discours radicaux le positionne comme un nouveau Thomas Sankara », affirme l’analyste Lo. Ce dernier fait référence à l’ancien président radical du Burkina Faso – qui cherchait également à mettre fin au franc CFA.
Les sondages d’opinion sont interdits pendant la campagne électorale au Sénégal, mais un sondage réalisé en novembre a permis à Sonko d’obtenir environ 15 % des voix.
Les partisans de Sonko insistent sur le fait qu’il peut gagner contre toute attente. « Nous croyons que notre message a reçu un appui important et solide dans tout le pays », a déclaré M. Yauck.
Mais les analystes indépendants sont sceptiques. « Je serais étonné que Sall n’obtienne pas une victoire au premier tour », a souligné George Ajjan, stratège politique et consultant électoral, qui a déjà travaillé sur plusieurs campagnes précédentes au Sénégal.
Les candidats auront besoin de plus de 50% des voix pour remporter le premier tour, ou la course se terminera par un second tour entre les deux meilleurs candidats.
Source : www.cameroonweb.com