La police sénégalaise a dispersé jeudi des manifestants à coup de gaz lacrymogène et interpellé plusieurs opposants, dont l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, venus protester contre le vote d’une révision du code électoral, moins d’un an avant la présidentielle, a-t-on appris de sources concordantes.
Une autre figure de l’opposition, Malick Gakou, a également été interpellé avec trois de ses militants, selon sa formation le Grand Parti, tout comme le président du mouvement Agir, Thierno Bocoum, selon un de ses proches.
Idrissa Seck, qui a dirigé le gouvernement (2002-2004) sous Abdoulaye Wade, a été interpellé alors qu’il était “en route pour l’Assemblée”, a déclaré sur la radio RFM un responsable de son parti Rewmi (le “pays”), Mbacké Seck. L’information a été confirmée à l’AFP dans l’entourage de l’ex-Premier ministre.
Le but unique de cette forfaiture est évident aux yeux de tous : empêcher les candidats de l’opposition de se présenter à la présidentielle
Une centaine de manifestants, qui avaient érigé une barricade de branchages au milieu d’une rue proche du Parlement, dans le quartier de Dakar-Plateau, ont été dispersés par des tirs de gaz lacrymogène en milieu de matinée, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Un groupe d’une cinquantaine de manifestants ont ensuite lancé des pierres sur un véhicule de la police, qui a répondu par de nouveaux tirs de gaz lacrymogène, selon la même source.
Au même moment, dans une Assemblée nationale placée sous la protection de dizaines de policiers casqués et munis de boucliers, les députés ont entamé l’examen d’un projet de loi imposant un parrainage à tous les candidats de la présidentielle, dont le premier tour est prévu le 24 février 2019, selon une autre journaliste de l’AFP.
L’opposition et des associations de la société civile avaient appelé à protester jeudi contre cette loi, malgré l’interdiction des manifestations dans ce quartier.
Selon la majorité, ce texte, approuvé lundi en commission de l’Assemblée, vise à faire “progresser la démocratie”.
Porté par le président Macky Sall, élu en 2012 et très probablement candidat à sa succession, le texte prévoit que les candidats devront recueillir le parrainage d’1% du corps électoral, soit environ 65.000 personnes, domiciliées dans sept régions au moins.
Les autorités affirment craindre une inflation du nombre de candidats à la présidentielle dans un pays qui compte près de 300 partis, rappelant la présence de 47 listes aux législatives de juillet 2017.
“Le but unique de cette forfaiture est évident aux yeux de tous : empêcher les candidats de l’opposition” de se présenter à la présidentielle et faciliter une “réélection” frauduleuse de Macky Sall”, a affirmé en début de semaine la coalition de l’opposition.
Source : www.cameroonweb.com