S’endetter à long-terme sans corruption est rentable !

0
358

La population active en Afrique passe de 620 millions en 2013 à près de 2 milliards en 2063 1. Les objectifs d’intégration continentale en 2063 en Afrique 2 ne pourront pas se faire sans un développement inclusif respectueux de l’environnement et de la dignité des Africains et Africaines. Cela passe nécessairement par la création de richesses, les moyens -énergie et infrastructure- facilitant les échanges intra- et extra-africains, les créations d’emplois décents avec une amélioration du pouvoir d’achat et une réduction substantielle des inégalités.

La réalité ? Il n’y a pas « photo » ! Selon la Banque africaine de développement, le commerce de biens au sein des Communautés économiques régionales africaines demeure faible, entre 2 % et 5 % alors que la part des importations extracommunautaires se situe entre 20 % et 30 % 3, ce depuis la signature du Traité d’Abuja mis en œuvre en 1994 4 et devant favoriser l’accroissement du commerce intra-africain. L’extraversion des échanges assortie d’une structuration de la production sans transformations locales et sans création de valeurs ajoutées locales s’est imposée au fil du temps.

Cela doit changer !

1. FAIBLESSE DE L’INFRASTRUCTURE : PERFORMANCE LOGISTIQUE CHÉTIVE

L’amélioration des infrastructures de bien-être doivent demeurer une priorité pour les dirigeants africains. Il s’agit principalement des facilités de transports notamment la densité des routes bitumées et entretenues, les lignes ferroviaires pour les passagers et le frets, le transport aérien de proximité et international, le transport maritime notamment sur les fleuves, les infrastructures de liaison comme les ponts, l’accès à la santé notamment les infrastructures de santé de proximité, l’énergie notamment l’accès à l’électricité propre avec un coût par habitant faible, l’accès à l’eau et l’organisation de l’assainissement améliorée, l’accès démocratisé des abonnés à des réseaux internet sans fil et à haut débit, l’accès et l’utilisation de téléphonie mobile… La dynamique que constitue l’harmonie entre toutes ces infrastructures pourrait se résumer en la performance logistique 5 en Afrique, etc. La performance logistique met en valeur l’efficacité avec laquelle les chaînes d’approvisionnement et de création de valeurs ajoutées permettent aux organisations d’échanger les opportunités, les biens, les services et les capitaux nationaux et internationaux avec le minimum de freins, de risques et de coûts induits.

L’intégration africaine 6 ne pourra pas se faire sans la réalisation d’infrastructures à l’intérieur des pays, mais surtout entre les pays. Aussi, il s’agit pour les décideurs africains de s’organiser, dans les limites des budgets existants, pour réaliser des investissements transfrontaliers, ce dans des conditions d’efficacité optimale. Cela suppose donc d’avoir des partenaires qui maîtrisent le savoir-faire technique, organisationnel et financier et que la contrepartie africaine soit prête à structurer la contrepartie nationale et/ou acquérir les compétences permettant entre autres d’éradiquer la corruption dans le cycle de vie des projets d’infrastructures. Une attention particulière sera accordée à la transparence lors des passations des marchés et au cours de l’exécution de ces projets. En filigrane, c’est bien l’amélioration de la performance logistique grâce aux infrastructures qui doit être recherchée. Au-delà, ce sont des économies en termes de bonne gouvernance des infrastructures 7 et donc les gaspillages de l’Etat qu’il faudra traquer, si la transparence est au rendez-vous.

L’Afrique subsaharienne présentait en 2017 le niveau de performance logistique la plus mauvaise 8 par rapport à toutes les autres régions de monde 9. Selon la Banque africaine de développement, les besoins d’infrastructure de l’Afrique en 2018 se situeraient entre 93 et 170 milliards de dollars EU ($EU) par an. Le besoin en financement fut estimé pour la même année entre 68 et 108 milliards de $EU 10.

Les coûts des services d’infrastructure en Afrique sont très nettement supérieurs à ceux d’autres régions en développement qu’il s’agisse de l’énergie, de l’eau, des transports ou des technologies de l’information et de la communication. Les nombres d’incidences, de dysfonctionnements des services d’infrastructure et leur non fiabilité notamment dans les pertes dans le commerce, les mines, la production, les services et la préservation de l’environnement sont des plus élevés et des plus imprévisibles en Afrique. Au demeurant, une « infrastructure de mauvaise qualité réduit jusqu’à 2 % le taux de croissance moyen par habitant en Afrique 11 » et a des conséquences directes sur la capacité à améliorer le niveau de développement humain sur une base inclusive.

Il faudrait alors prendre conscience du fait que la solution aux doubles problèmes du déficit d’investissement en infrastructure en Afrique et le faible niveau de réalisation de ces infrastructures sur le continent ne pourront pas se résoudre uniquement par une « compensation » en termes d’investissements étrangers directs vers l’Afrique. Les Africains, notamment son secteur privé, doivent apprendre à réaliser leur propre infrastructure, notamment dans les zones rurales, et ne pas systématiquement attendre que ce soit de l’Etat, souvent défaillant, qui s’en charge. La volonté politique, la planification, l’organisation interne notamment les technologies utilisées et les ressources financières sont quelques-unes des défis à relever.

Paradoxalement, le financement des infrastructures en Afrique a plutôt décliné au cours des dernières années et les budgets nationaux affectées au financement en interne de infrastructures n’ont pas progressés notamment entre 2015 et 2016, stagnant autour de 26 milliards de $EU 12.

La raison est que les dirigeants africains ont cru que des investisseurs étrangers vont « voler » à leur secours, prendre tous les risques et réaliser les infrastructures à leur place. Mais c’est se mettre les doigts et les pieds dans les deux yeux ! Personne ne vient automatiquement faire à la place des dirigeants africains ce qu’ils ou elles doivent faire. Donc, que le mea culpa commence en Afrique et se focalise au niveau de la corruption, de la mauvaise planification et de l’exécution sans transparence au lieu de chercher les boucs-émissaires étrangers qui existent aussi par ailleurs.

2. BAISSE DES INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS DIRECTS MONDIAUX EN 2018

Rappelons que les flux mondiaux d’investissements directs étrangers (IED) estimés par le rapport de 2019 de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement à 1 300 milliards de dollars des Etats-Unis ($EU) ont diminué en 2018, soit -13 % 13.

Pour les décideurs africains, il est temps de sortir des complexes de vassalité et d’idées reçues lorsqu’ils ou elles se focalisent à systématiquement concevoir leur futur uniquement à partir des apports d’investissements des pays étrangers, plus particulièrement des pays occidentaux à économie libérale. La réalité est qu’il y a un retournement de tendance avec des pays à économie libérale administrée telle que la Chine.

La tendance baissière de l’investissement mondial se répartit comme suit entre 2007 et 2018 : une baisse de -27 % de l’investissement des pays dits développés à 557 milliards $EU, une baisse de -28% des pays en transition à 34 milliards de $EU alors que les pays dits en développement sont en hausse de 2 % avec 706 milliards de $EU en 2008.

3. LES OCCIDENTAUX ONT « OUBLIÉ » D’INVESTIR EN AFRIQUE POUR LES AFRICAINS DEPUIS L’ESCLAVAGE

Les dirigeants africains devraient en priorité aller chercher des partenaires dans les pays en développement afin de ne pas tomber dans le syndrome de la dépendance assortie d’une servitude volontaire favorisant la corruption. Dans les infrastructures et selon la BAD, la « corruption généralisée compromet l’entretien des infrastructures et la viabilité des bénéfices qu’elles apportent 14 ».

De plus, avec l’augmentation de la population africaine suite à l’extermination occasionnée par l’esclavage, l’exploitation et les plus de 500 ans sans paiement de salaires pour compenser la force de travail des Africains, il n’est pas étonnant que le décollage du continent africain se fasse lentement, mais sûrement. La réalité est que le retard africain est d’abord et fondamentalement lié à la capacité des pays agresseurs et ingrats en termes de reconnaissance, de soutenir les efforts de réorganisation du continent. Pire, de nombreux dirigeants souffrent encore, par incompétence ou ignorance ou les deux, du complexe du mimétisme du colonisateur. Cela les conduit à offrir une culture de la facilité aux populations, à justifier les inégalités et l’accaparement des biens pour une petite oligarchie qui utilisent l’armée pour stopper toutes velléités d’émancipation démocratique du Peuple africain.

Ceux, aujourd’hui, qui affirment que les investissements vers l’Afrique sont faibles par rapport à la moyenne des flux d’investissement étrangers directs, ont oublié que leurs aïeux ont « oublié » d’investir en Afrique pour les Africains, ce depuis qu’ils ont choisi la rentabilité directe avec l’esclavage, l’exploitation et le travail non payé et l’amnésie informationnelle, leur permettant d’afficher partout qu’ils ne sont responsables de rien. Ce qui leur permet de se mêler toujours de ce qui ne les regardent pas en Afrique, ce avec les soutiens de quelques post-coloniaux blancs, noirs et de plus en plus jaunes. Il faut donc systématiquement se poser la question de savoir si les investissements et les endettements qui en découlent sont faits avec l’ultime but effectif de servir les populations ou de s’assurer uniquement d’un retour sur investissement pour celui ou celle qui « prend » de moins en moins de risques, paradoxalement grâce à certains dirigeants africains ayant confondus leur destin et leur maintien au pouvoir avec le retour en cash des bénéfices tirés des IED.

4. 2018 : RETOUR À LA HAUSSE DES INVESTISSEMENTS ETRANGERS DIRECTS (IED) EN AFRIQUE

Après les baisses significatives entre 2016 et 2017, les flux des investissements étrangers directs en Afrique ont connu une hausse de 11 % en 2018 pour atteindre 46 milliards de $EU 15.

En 2018, l’Afrique du Nord a connu une augmentation significative des IED avec 7 % pour atteindre 14 milliards de dollars, bénéficiant principalement à l’Egypte et au Maroc.

L’Afrique de l’Ouest a expérimenté une baisse de 15 % pour ne bénéficier que de 9,6 milliards de $EU, le niveau le plus bas atteint en 2006 avec principalement le Nigeria en perte de vitesse au cours des deux dernières années (2017-2018).

Les flux d’IED à vers l’Afrique de l’Est se sont stabilisés autour de 9 milliards de dollars. Mais les contrastes sont phénoménaux. La baisse de 18 % des IED en Éthiopie avec 3,3 milliards de $EU n’a rien à envier à la hausse de 27 % des flux d’IED vers le Kenya pour atteindre 1,6 milliard $EU.

Toujours en 2018, l’Afrique centrale a aussi stagné avec 8,8 milliards de $EU d’IED avec l’essentiel orienté vers l’exploitation de matières premières non transformées. La République du Congo a enregistré des entrées de fonds de 4,3 milliards de $EU dans le l’exploration et la production pétrolière alors que la République démocratique du Congo a vu les IED se concentrer dans les investissements dans les minéraux comme le cobalt, le Coltan, le Diamant, l’Or avec une hausse de 11%, permettant d’afficher 1,5 milliard de $EU.

En Afrique australe, le niveau des entrées des IED en Afrique australe est passé en fin 2017 de -0,9 milliard de $EU à 4,2 milliards de $EU en 2018. C’est bien sûr l’Afrique du sud en tête avec 5,3 milliards de $EU, suivi du Mozambique avec une augmentation de 15 % des IED avec 2,7 milliards de dollars. Mais compte tenu des transferts intra-sociétés de sociétés étrangères dont les succursales sont déjà établies dans le pays, notamment dans l’exploration pétrolière et gazière, cet apport pourrait n’être qu’un miroir aux alouettes si cela ne se traduit pas par des effets sur la croissance soutenue, des emplois décents créés et un pouvoir d’achat partagé.

5. NIVEAU EXTRÊMENT FAIBLE DU RÉINVESTISSEMENT DES PROFITS TIRÉS DES IED EN AFRIQUE

L’Afrique n’a toujours pas réalisé sa révolution agricole, ni industrielle, encore moins technologique ou digitale. La raison est qu’il y a eu, de manière forcée ou pas, un sous-investissement chronique dans les secteurs permettant de servir de levier à l’amélioration du bien-être des populations.

Lorsqu’il y a eu un début de prospérité liée à des cours de matières premières élevées dans les années 1980-90, les dirigeants africains, pris collectivement ont choisi comme mode de développement, l’accaparement et l’usurpation par et pour une oligarchie dominante et minoritaire des richesses créées, non sans faire appel à la corruption et à la contre-vérité des urnes pour s’éterniser au pouvoir contre la volonté des peuples africains. Les programmes d’ajustement du Fond monétaire international qui s’apparentaient plus à des programmes d’ajustement conjoncturels à répétition et coercition ont systématiquement marginalisé l’industrialisation, les infrastructures et le social tout en contribuant substantiellement à l’augmentation des inégalités.

Mais le facteur aggravant fut et demeure le niveau de réinvestissement en Afrique, moins de 15 % en général quand les pays émergents comme l’Inde sont autour de 35 % ou la Chine autour de 47 % et encore, les réinvestissements positifs et informels non comptabilisés sont à réintégrés dans ces chiffres officiels. Quant à la question de savoir si les profits tirés des IED sont réinvestis en Afrique, la réponse est négative.

6. INFRASTRUCTURE EN AFRIQUE : TROP FAIBLE NIVEAU D’INVESTISSEMENT

Sur le continent africain, il ne faut pas s’étonner si l’infrastructures, entre les décennies de décolonisation dans les années 1960 et aujourd’hui, rapportée au nombre d’habitant a baissé. Il suffit de citer tous les secteurs clé de l’infrastructure comme l’accès à l’électricité, à l’eau, à la santé, aux infrastructures facilitant la circulation et le transport, transport aérien ou maritime, etc. Les efforts en cours sont largement en deçà non seulement des possibilités des budgets africains, et sont systématiquement en deçà de ce dont le Peuple africain aurait besoin. C’est donc dans ce contexte qu’il faut replacer le besoin de financements des infrastructures en Afrique comme une urgence.

Encore faut-il ne pas tomber dans le piège de certains présidents africains qui ont choisi de mettre en concession des infrastructures de prestige et coûteux comme le métro dans une capitale au lieu d’améliorer la couverture d’interconnexion routière, ferroviaire, maritime et aéronautique de manière plus adaptée pour que la plus grande majorité des populations en profitent. La notion de « profits mutuels » ou de « gagnant-gagnant » que ce soit pour les investisseurs historiques comme les Occidentaux, ou les nouveaux investisseurs comme la Chine commence à poser problème, car la mutualisation exclue souvent le Peuple africain. Le ruissellement de la valeur ajoutée créée par la réalisation d’infrastructures, sous forme de prospérité partagée tant attendue, s’apparente au mieux à des dégoulinades accidentelles d’argent, et au pire, à des rétentions de ce même « argent » dans les cercles fermés, souvent militaro-ésotériques, des oligarchies au pouvoir, parfois amarré ou tournant autour de ce pouvoir.

7. INFRASTRUCTURES DE BIEN-ÊTRE : S’ENDETTER POUR SERVIR LES POPULATIONS AFRICAINES

En réalité, les projets exécutés en concession de type partenariat public-privé 16 sont souvent des gouffres à argent public, avec des résultats mitigés. Ce type de projet se termine trop souvent par un endettement inutile et excessif pour l’Etat et donc pour les contribuables. Aussi « avant de procéder à l’analyse de la faisabilité du projet, il apparaît incontournable de vérifier que les infrastructures sont réellement indispensables à la vie des habitants, et que les tarifs prévus sont justifiés 17 ». L’Etat doit privilégier son rôle de régulateur en remettant le citoyen au centre, ce qui veut dire de privilégier la défense des intérêts de l’utilisateur final (sa population) avant l’attractivité du projet et même parfois avant la rentabilité à court terme du projet. En principe, tout projet de type PPP devrait être considéré comme un projet à rentabilité indirect et à long terme.

Face à l’insuffisance des budgets publics mis à disposition, l’Etat africain a tendance à s’octroyer le rôle facile en transférant l’essentiel, -quand ce n’est pas tout le risque-, sur le secteur privé, englué dans une procédure d’arrangement concessionnel dont les termes ont vite fait d’avoir « changé ». Quel est le problème ? Une autoroute ou un pont en concession en Afrique avec des tarifs exorbitants que l’utilisateur final devra en définitive payer au jour le jour pour l’emprunter débouche :

soit sur la faible utilisation de cette route ou ce pont par plus de 80 % des populations ;

soit sur un détournement des fonds engagés, généralement détournés à d’autres fins.

Dans les deux cas, les populations sont doublement perdantes.

Outre l’absence souvent de compétences managériales et techniques pour gérer efficacement et indépendamment du pouvoir les projets de PPP, c’est le risque politique, l’absence de prévisibilité de l’environnement institutionnel et juridique et le manque de transparence qui expliquent les échecs.

L’objectif recherché d’améliorer les échanges ne sont pas atteints. Les investissements douteux consentis par l’Etat, doublés ou pas de corruption, constituent un gouffre en termes de remboursement sur plusieurs années, grevant ainsi le budget de l’Etat. Les contribuables africains sont les premiers à en faire les frais.

Cela doit cesser !!!

En effet, les déficits en infrastructures 18 semblent suivre la courbe des déficits des balances commerciales qui ne s’améliorent pas globalement car les échanges se font encore sur la base de la matière première non transformée contre les produits manufacturiers ou les services commerciaux où l’Afrique n’est que simple consommateur, parfois à des tarifs exorbitants et non compétitifs !!! Une autre forme d’exploitation des temps moderne ?

L’Afrique ne peut plus se permettre de mettre des personnalités incompétentes à sa tête, incapables qu’elles sont de comprendre, d’anticiper les décisions à prendre pour répondre aux impératifs de développement au service des populations. Il est important d’introduire de la disruption dans les anciens modèles de production basés sur l’extraversion des échanges. De plus, un retour vers l’économie de proximité par les Africains et pour les Africaines ne feraient pas de mal à un priorité donnée à la création de richesses, au retour à un culture du goût de l’effort et du travail de qualité et rendu dans les temps. Cela suppose qu’une régulation forte et collective à la politique du « libre-échange » se mette en place rapidement. Pourtant, de nombreux dirigeants africains, pris collectivement et parfois individuellement, finissent par n’avoir qu’une politique du « mendiant-quémandeur » en faisant « appel » aux dits « partenaires au développement », sans avoir cherché à utiliser leurs propres ressources africaines, et plus particulièrement la diaspora africaine plurielle.

8. PIDA : TROUVER D’ABORD DES RESSOURCES FINANCIÈRES ET DES PARTENAIRES

En Afrique, la satisfaction des besoins en infrastructure passera par le regroupement des compétences spécialisées en un lieu unique. Il s’agit de s’assurer que tout projet PPP soit une réussite d’abord en termes d’offres de services ou de biens à un coût abordable pour les populations, tout en assurant une rentabilité tant pour l’opérateur du secteur privé et l’Etat et ses services publics. A ce titre, il est plus rapide et plus économique de proposer des fiches de projets, puis de trouver d’abord les ressources financières et les partenaires. En s’appuyant sur les expertises de la Diaspora africaine indépendante, les projets d’infrastructure de bien-être pourraient « émerger » plus rapidement au service de l’utilisateur final africain.

Le Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA 19), financé principalement par des ressources publiques africaines et des contributions non africaines, devrait contribuer à fournir un cadre commun pour toutes les parties prenantes actives dans les infrastructures d’amélioration du bien-être des Africains. Mais ce ne sera pas le seul point d’entrée pour soutenir l’intégration continentale puisque le focus a plus été mis sur l’amélioration des infrastructures régionales. La mise en œuvre effective de la zone de libre-échange continentale (ZLEC) devrait dès 2019, si l’environnement des affaires continue à s’assainir sur la base de la prévisibilité et de la transparence, entraîner une augmentation des flux d’IED vers les infrastructures de bien-être ayant bénéficié d’une préparation professionnelle et d’une étude démontrant au moins une triple rentabilité pour les populations. Il s’agit d’assurer que des offres de nouveaux services ou d’infrastructures à coût abordables pour les populations ont été proposés. Cela devrait permettre un retour sur investissement pour les promoteurs et partenaires au projet ainsi qu’une amélioration en termes de développement humain et environnemental.

C’est à cette condition que le lien social et l’inclusivité pourront faire échec aux inégalités croissantes sur le continent africain. Le libéralisme et le capitalisme des Africains et en Afrique doivent être régulés. Il faut donc sortir des dogmes et du mimétisme. Au final, il n’y a donc pas de mal à s’endetter à des coûts bas sur le long-terme car sans le virus de la corruption et des corrupteurs trop souvent étrangers, les projets d’infrastructures sont rentables pour tous ! L’infrastructure de bien-être doit retrouver ses lettres de noblesse en Afrique à savoir : le lien social !

9. INFRASTRUCTURES DE BIEN-ÊTRE : GARANTS DE LA PAIX ET DU LIEN SOCIAL

L’Afrique sera la région du monde qui aura la croissance la plus rapide avec des hauts et des bas, liés à un manque de coordination continental et sous-régional. Mais l’avenir ne pourra pas être meilleur pour le bien-être des populations sans un investissement massif sur le continent par les Africains eux-mêmes. Même les corrompus ou les experts en évasion fiscale devraient avoir l’opportunité de « rapatrier » volontairement l’argent sous forme d’investissement s’ils ou elles ne font pas l’objet de poursuites judiciaires pour fraudes fiscales. En effet, le déficit d’investissement dans les infrastructures de l’Afrique devrait s’établir autour de 1,59 billion de $EU d’ici 2040 20.

Sans une vision africaine nationale, régionale et continentale avec des institutions soutenant un environnement prévisible et transparent en termes de gouvernance économique, l’Afrique des dirigeants continuera à organiser la fourniture adéquate d’infrastructures de proximité et d’intégration principalement en comptant sur des investisseurs étrangers dont les préoccupations ne sont pas nécessairement celles des populations africaines.

Les infrastructures sont des garants de la paix et du lien social, et donc du bien-être. En effet, l’accès à l’énergie et l’électricité à coût faible, l’approvisionnement en eau potable et l’organisation des eaux usées pour la salubrité publique, l’accès à la santé et l’éradication de la prolifération des maladies infectieuses et des maladies nosocomiales, et la réalisation d’infrastructure de communication et d’interconnectivité des populations africaines à des coûts modiques, les infrastructures de préservation et de conservation des aliments produits localement sont autant de défis qui ne peuvent pas être laissés au seul Etat africain. Ce dernier doit cesser de se comporter comme celui qui empêche le secteur privé et les organisations non gouvernementales de la société actives dans la création de richesses de l’accompagner.

En définitive, l’Etat africain a perdu le monopole de la satisfaction du bien-être des Africains, du fait de ses défaillances. En fait, cet Etat s’est montré plutôt mauvais gestionnaire et incapable de transparence et d’équité dans le partage des risques. Aussi, ce ne sont pas les hausses d’impôt intempestifs ou des nouveaux emprunts sans retombés en termes de réalisation pour la majorité de la population qui pourront résoudre le problème. Au contraire, l’Etat africain a tendance souvent à alourdir le fardeau fiscal des générations futures en utilisant trop souvent les nouveaux emprunts pour rembourser des dettes contractées pour des ouvrages d’infrastructures qui ne sont pas opérationnels, ou parfois n’existent même pas. Les fameux « éléphants blancs » !

Cela doit s’arrêter !!!

10. BAD : SERVIR LES POPULATIONS PAS LES DIRIGEANTS AFRICAINS

Il faut donc positiver à l’instar du Président du Groupe de la Banque africaine de Développement qui rappelait en janvier 2019 les conditions de développement de l’Afrique pour un prochain horizon de croissance : « Si nous réussissons à mettre les infrastructures nécessaires en place, si nous réussissons à maîtriser l’énergie, et si nous créons de nombreux emplois pour les jeunes africains, je pense que nous aurons un nouveau dynamisme, un nouveau processus de croissance. Pas seulement en produit intérieur brut, car les gens ne mangent pas de PIB. Mais ce sera un phénomène qui aura un impact sur la vie des gens et qui peut sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté 21 ».

Le vrai défi consiste à supprimer le « si » et à faire passer les verbes du conditionnel ou du futur vers le présent… En réalité, il suffit de se préoccuper plus et en priorité des populations et moins des dirigeants africains. YEA.

1er septembre 2019.

Dr. Yves Ekoué AMAÏZO, Ph D, MBA.

Directeur Afrocentricity Think Tank

Source : telegramme228.com