Sélom Klassou, en campagne déguisée dans Agoè

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Sélom Klassou, en campagne déguisée dans Agoè

La semaine dernière, le Chef du gouvernement a inauguré deux centres de soins périphériques dans la préfecture d’Agoè-Nyvé. Depuis, la présence de Sélom Klassou dans cette localité, à quelques jours de l’ouverture officielle des campagnes pour les élections communales du 30 juin prochain, suscite des spéculations au sein de l’opinion.

Le Mardi 04 juin dernier, Komi Sélom Klassou a présidé l’inauguration des centres médico-sociaux de Légbassito et de Vakpossito, dans la région Maritime. Les deux infrastructures, entièrement financées par le Programme d’appui aux populations vulnérables (PAPV), sont destinées à assurer des soins de qualité aux populations de ces cantons. Les deux centres sont composés de bâtiments centraux, de locaux destinés aux séances de vaccination, de sensibilisation et de formation, ou encore de forages photovoltaïques. Pour plusieurs observateurs de la scène politique nationale, ce déplacement du Premier ministre est tout sauf anodin.

Tentative de conquête de l’électorat d’Agoè-Nyvè…

Nous sommes en 2016 quand le pouvoir, dans l’optique d’en faire un contre poids electoral de Lomé Commune, a élevé Agoè en préfecture (plusieurs barons du parti au pouvoir habitent dans le milieu), avec la réalisation de plusieurs infrastructures et un changement de visage indéniable. Mais seulement voilà, depuis le 19 août 2017, date de la relance des manifestations pour l’alternance par le Parti national Panafricain (PNP) cette préfecture a été l’un des épicentres de la véhémente contestation du pouvoir de Faure Gnassingbé. Pendant plus de 18 mois, les populations et plus particulièrement celles de cette préfecture ont été harcelées avec des descentes régulières des hommes en treillis, de nuit comme de jour. En fait, le pouvoir cinquantenaire avait mis en place un système de répressions morale et physique. Au cours de la répression aveugle de la soldatesque, plusieurs personnes ont été blessées et d’autres envoyées en prison sans aucune forme de procès. Certains n’ont eu la vie sauve qu’en se réfugiant dans les pays voisins.

En fait, derrière l’image d’une préfecture moderne que le gouvernement présente, Agoè-Nyvè manque cruellement d’infrastructures de base notamment des écoles, des centres de santé et même d’adduction d’eau potable.

Ainsi, après le simulacre des législatives du 20 décembre 2018, le pouvoir tente de conquérir un électorat qui l’a vomi. Pour ce faire, on cherche à s’appuyer sur la réalisation d’infrastructures sociales dont les populations ont besoin. « Si Klassou trouve nécessaire de se déplacer pour aller inaugurer ces CMS qui setrouve être un besoin vital pour les populations d’Agoè, c’est parce qu’il veut surfer sur l’électorat Ewe dans cette commune, lui-même étant Ewe. Or, Unir sait que Agoe lui a depuis et plus totalement échappé dès le 19 Août 2017. Le comble est qu’à part les chefs traditionnels qui lui feront une allégeance de face, tous ses frères Ewe le considèrent comme un vendu », a dégainé un analyste très connu sur la scène politique. Une triste réalité s’expliquant surtout du modèle démocratique africain où le vote se fait beaucoup plus par affinité que sur la base d’un projet de société. A comprendre, les populations de cette préfecture ne sont qu’un faire-valoir pour le parti au pouvoir.

« C’est l’une des méthodes du régime togolais. A l’approche des élections, on lance une série d’inaugurations pour berner les populations. Mais aujourd’hui, les gens doivent comprendre que les populations ont tout compris. Ce procédé ne marche plus. Le Premier ministre est tombé très bas», a affirmé un autre observateur.

La peur des élections locales…

Acculé par plusieurs partenaires financiers et techniques, pour l’organisation de ces élections communales, le pouvoir montre des signes d’une peur sans précédente. En effet, outre certaines listes invalidées pour des raisons « fallacieuses », le pouvoir incarné par Faure Gnassingbé a usé des méthodes peu orthodoxes dans la constitution de ces listes en incorporant les présidents de CDQ ou de CVD dans les listes à coup de billet de banque sans oublier un découpage sur mesure. A en croire l’opposition le découpage électoral pour les élections communales est « scélérat », «tribaliste », « ethnique » et « remet en cause l’unité nationale». « Un découpage électoral en « faveur » du parti au pouvoir. Un nombre de sièges ou de bureaux de vote plus importants est accordé dans un pseudo fief où la fraude sera plus facile à organiser. C’est ce qu’on appelle le charcutage électoral. Le charcutage électoral trouve tout sens dans le découpage électoral », a expliqué un politologue.

Ainsi, selon certains observateurs, « si le pouvoir tente par des moyens détournés de conquérir des voies sur des terrains politiques qui lui sont hostiles et use du dilatoire, c’est parce qu’il est conscient qu’il peut perdre gros à un an des élections présidentielles de 2020 ».

« Quant aux élections, il n’en est pas question sous une dictature : elles ne sont pas un instrument efficace de changement politique…Elles ne sont que des plébiscites rigoureusement contrôlés pour faire entériner par le public des choix de candidats déjà tranchés par les despotes. Des dictateurs sous pression peuvent parfois accepter de nouvelles élections, mais en les truquant pour mettre en place leurs marionnettes civiles au gouvernement…Les dictateurs ne vont pas se permettre d’organiser des élections qui pourraient les chasser de leur trône », Gene Sharp, 2009, De la dictature à la démocratie, Paris : L’Harmattan (2003 première édition en anglais), p.27. Sans Commentaire !

Source : Fraternité No.317 du 12 juin 2019

Source : www.icilome.com