Secrets de Palais: ces passions que Faure a en commun avec son père

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Plusieurs jours durant, les partisans de Faure Gnassingbé avaient envahi les rues pour implorer leur champion à rempiler pour un quatrième mandat sous prétexte qu’il serait le seul à avoir une vision pour le Togo et qui peut apporter le bonheur aux Togolais et que de fait, il devrait poursuivre et parachever son œuvre salutaire. Comme s’il ne savait rien de cette mise en scène dont il est pourtant le chef d’orchestre, Faure Gnassingbé annonce qu’il accepte l’appel de ses militants.

« J’ai été informé du souhait des militants de me voir porter encore les couleurs de notre parti à l’élection présidentielle. J’ai remercié et en toute humilité, j’ai accepté tout simplement », a-t-il déclaré, sous un air candide.

C’est le même stratagème qu’avait utilisé le père qui lui avait permis de régner pendant 38 ans à la tête du Togo. On se souvient de ces grands-messes et kermesses qui drainaient dans les rues les partisans du pouvoir qui lisaient des motions pour louanger le président et fustiger vertement les opposants soumis à un lynchage médiatique. Les marches de soutien sont organisées à travers tout le pays à la veille de chaque échéance électorale pour supplier Eyadema à se porter candidat pour un nouveau mandat. Mine de rien, il prétendait que lui-même qu’il ne voulait pas rester au pouvoir et c’est le peuple qui l’a obligé.

En 2002, les populations instrumentalisées avaient battu le pavé plusieurs semaines durant pour réclamer la révision de la Constitution pour obtenir une prolongation du règne de Gnassingbé père, comme on en voit en Guinée. Prétextant que ce sont les Togolais qui l’ont exigé, la constitution a été tripatouillée pour instituer la présidence à vie à Eyadema qui mourra de sa propre mort au pouvoir en 2005.

Dès son avènement au pouvoir Faure Gnassingbé s’était affublé du titre de « l’homme nouveau, esprit nouveau » laissant croire qu’il était différent de son géniteur. « Lui c’est lui, moi c’est moi », avait-il proclamé à l’époque. Il avait donné l’impression qu’il a tracé une ligne de démarcation entre ce qui faisait au temps de son père et ce qui devait se faire sous son magistère et les marches de soutien étaient une histoire ancienne.

Mais chasser le naturel, il revient au galop. La quête du quatrième mandat a été l’occasion pour Faure Gnassingbé pour ressusciter les marches de soutien. Outre ces vieilles pratiques, des dons, des sacs de riz, des fournitures scolaires et autres gadgets portant l’effigie de Faure Gnassingbé sont distribués grassement aux populations. Une manière pour le pouvoir d’acheter les consciences.

Offrir de la nourriture et des gadgets à des personnes qu’on affame et qu’on appauvrit, qu’on méprise et à qui on enlève tout rêve et toute dignité, est tout de même insultant et révoltant

Avec la résurgence des marches de soutien, il est fort à craindre que Faure Gnassingbé ne meure au pouvoir comme son père. Quand il aura bouclé ses deux autres mandats en 2030, les mêmes personnes qui aujourd’hui prennent d’assaut les rues aujourd’hui n’hésiteront pas à nouveau monter au créneau pour exiger la révision de la Constitution pour permettre à Faure Gnassingbé de se représenter. Comme l’homme est accro du pouvoir, on ne sera pas surpris qu’il cède aux chants de sirène de ses partisans.

Liberté N° 3079

Source : Togoweb.net