Secret de Palais: Komi Klassou sur les traces de Kpotivi LACLE

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«On ne peut pas transporter partout avec soi le cadavre de son père ». René ETIEMBLE, dans Confucius , souligne comment meurent les époques, les mœurs. Il revient sur la mobilité des considérations, la dynamique sociale, le mouvement inexorable du temps, les désuétudes certaines, les inutilités encombrantes dont les intelligences adaptatives se débarrassent au rendez-vous de l’histoire pour laisser à l’esprit de progrès des variétés fécondes, le renouvellement inépuisables de la césure, une rupture épistémologique apodictique qui libère les hommes… Les mentalités désuètes chaussées par les attardés de l’évolution mettent sur les cales les civilisations et les auteurs du décalage honteux cherchent toujours à restaurer des cohérences à leurs incongruités sans jamais s’imposer à la suite des évènements. Qui n’a pas l’esprit de transcendance, de son époque à tous les malheurs.

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Il ne s’agit pas en effet d’ignorer le passé, ses prouesses, ses innovations. Le mal de la singerie épouvantable des résonances écoulées est une vermine de l’esprit. Si Faure Gnassingbé tient comme son père, à conserver le pouvoir à n’importe quel prix à une époque autre en ses mœurs, en sa morale politique, il cherchera à faire danser son refrain par les faibles d’esprit, les troubadours en mal de notoriété avec le secret espoir de les franchir comme un pont pour s’éclater dans ses rêveries politiques. Or, la mauvaise conscience des portefaix de l’histoire a ses retombées rageuses sur la vie et les familles de ceux qui acceptent de se mettre au podium des grandes transgressions éthiques, morales, logiques et politiques. Le monde ressemble étrangement au monde au guichet des dettes de l’humanité. La « Raison dans l’histoire » a ses tourbillons, son autodétermination pour frapper sans appel tous ceux qui prennent le devant pour défier l’ordre rationnel et les acquis de l’humanité. Ceux qui gémissent au cachot du supplice et qui meurent dans la déchéance de l’humanité n’ont qu’un soupir – ouragan de leurs âmes qui s’éteignent contre ceux qui se prennent pour des dieux en les mettant aux fers mortifères. Kpotvi Djidjogbé LACLE fut, sous Eyadéma le grand annonceur des dérives du « Timonier » et pariait sur sa dimension providentielle pour jouer sur ses « réussites exceptionnelles » en organisant toutes les farces de mobilisation populaire pour masquer son appétit insatiable du pouvoir. Aujourd’hui, KLASSOU se met dans les mêmes habits que l’ancien tout-puissant ministre de l’Intérieur Kpotivi LACLE pour cirer les caprices d’un homme au bilan désastreux comme le relevé de Mgr Fanoko KPODZRO le met au mât de la conscience de chaque citoyen après quinze longues années au pouvoir. Quelle morale politique et quelle éthique civile animent-telles KLASSOU à caqueter sur l’urgence d’un quatrième mandat de Faure Gnassingbé ? Le zèle de l’actuel Premier ministre qui l’expose en l’annonceur d’une explication de texte sur la question du 4ème mandat de Faure ne révèle-t-il pas une légèreté cathédrale de l’homme face à l’évolution politique des peuples ?

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1) De James ASSILA à Kpatcha GNASSINGBE
L’affreux soleil des tyrans se sert de ceux qui sont avides de notoriété, des opportunistes primaires sans la moindre teinture éthique. Tous les potentats aiment ceux qui s’éclatent dans des tragédies qui les couvrent, les rassurent. Ceux qui perdent vite le latin ou leur boussole pour défier l’humanité, le sens moral au profit des tyrans savent construire des célébrités à rebours pour espérer tirer profit de reconnaissance de leur partition criminelle. Ces cascadeurs en mal de repère et du sens se font toujours piéger par la vie. Leur position de valets pour des suzerains de la délinquance politique les place aux premiers rangs des tragédies. Ils sont des boucliers de tests et de prétextes pour toutes les ignominies de transgression morale, éthique, politique dont rêvent les maîtres-falots des couronnes autoritaires. De leur service terne sur le tableau des valeurs, ils se piquent des galons de la honte pour une célébrité évanescente. Leurs dérives de courtisans pervers les rattrapent au tambour de l’histoire. Ils sont les plus gros ignorants de la complexité de notre existence. Les animations étoilées de transgression de l’esprit national et de la morale politique réservent à leurs auteurs des sentences inextinguibles. Le Cardinal RETZ met en garde, dans ses Mémoires, les aventuriers des crimes morbides et crapuleux de défiance de l’ordre logique et humains en ces termes: « Les gens les plus défiants sont souvent les plus naïfs ».
Aucun despote ne respecte son peuple, ses lois. Tous les potentats évoluent à l’ombre des lois qu’ils façonnent contre le destin de leur peuple. On ne peut donc pas se prévaloir des lois pour faire le chemin à la tyrannie, l’encenser et lui ouvrir des boulevards utopistes de la perpétuité. La légèreté est une grosse faillite de l’intelligence et la cupidité est la ciguë de l’esprit. Les borgnes de la marche du monde peuvent tout dégueuler de leur mentalité fétide pour être en porte à faux avec les codes de la civilisation. Toutefois, le ciel des vérités les frappe et leur courbe la tête dans le triomphe de l’histoire. Au Togo, la mécanique de la dynastie lugubre utilise des hommes non moins sombres qui se font rattraper dans leur criminalité politique par le tourbillon des ouragans de la justice immanente.
Quand Eyadéma a pris le pouvoir, il était bien couvert par un stratège-annonceur des contorsions et de la répression, James ASSILA. Cet officier natif de Notsé se faisait passer pour le parapluie atomique d’un « Timonier national » naissant. Il a quitté ce monde au guichet des dettes à rembourser à notre terre natale pour son rôle funeste dans la pente crépusculaire de notre République. Il est aujourd’hui dans une sépulture indécente de notre histoire commune. Dans La Chute, Albert CAMUS nous apprend : « N’attendez pas le Jugement dernier. Il a lieu tous les jours » La Providence a son langage, le monde nous parle. Le décryptage est d’une responsabilité individuelle.
Il est du ressort de notre flair et de notre dextérité cognitive. Le sadisme politique n’offre à personne un plateau de gloire. Les peines qu’on inflige aux autres avec un sourire narquois de puissance a ses rebonds sur le quai de l’histoire. Ceux qui crèvent de la tyrannie maudissent de leur soupir toutes les connivences de leurs âmes perdues. Les fourberies assassines, les justifications scandaleuses et les mobilisations ubuesques pour faire dire à notre peuple ce qu’il ne pense pas, Kpotivi LACLE savait en organiser les manœuvres phosphorescentes. KLASSOU est certainement dans le même travestissement. La vie a aussi son miroir. Quand on n’y retrouve nulle part la vertu, le tourbillon des événements peut nous guillotiner de honte. Kpotivi LACLE est mort deux fois. La première fois pour l’infamie; la seconde fois par la mort biologique. Il en est de même pour beaucoup qui offraient leur poitrine pour défendre un règne de toutes les transgressions, de tous les crimes, de toutes les rapines.

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Assani TIDJANI, Narcisse DJOUA, Ernest GNASSINGBE et tant d’autres sans aucun soupçon d’exemplarité ont quitté ce monde dans des circonstances terriblement effroyables. Le déclassement humain survient quand on ne croit pas aux valeurs et quand on se pique d’une volonté de puissance à casser l’ordre naturel et les civilités de l’élégance politique. Beaucoup de ceux qui ont participé aux crimes de masse d’avril 2005 au Togo se mordent les doigts de remords et de culpabilité inexpiable. Leurs nuits sont peuplées de fantômes même assis sur des dividendes juteuses de leur connivence et de leurs actes ignobles. Le tourbillon des dettes envers l’humanité à ses férocités et Kpatcha GNASSINGBE, dans les événements des crimes de masse en fait aussi les frais.
Henri MICHAUX, dans ses Tranches de savoir, nous enseigne: « Le meilleur moyen pour un homme de faire avorter son appartenance à l’histoire, c’est de manquer d’esprit et de moralité »

2) Les « Klassouteries », des pauvretés sèches.

L’homme n’est pas n’importe quoi, une vie n’est pas un machin, un peuple n’est pas un bidule. Ceux qui, de leur mauvaise conscience et de leur vanité, mettent au supplice des vies et se complaisent dans leur sadisme avec l’illusion de puissance s’attirent à court ou à moyen terme l’hécatombe pour leurs nullités actives et perverses. Quand la formation de haut niveau ne rend pas tout à fait habiles d’esprit les gens, ils passent leur pauvre vie à aligner des bassesses. Les diplômés utilitaires bavent d’inepties et sont infailliblement dans ce gouffre des valeurs. Fort heureusement, dans nos cités de la connaissance, dans nos Universités, nous avons encore des lumières qui ont le sens de l’honneur et des valeurs. Ils interviennent dans le débat politique avec l’élégance et bon sens et écrasent de leur classe les platitudes monstrueuses. Les hommes doivent ressembler à leurs portraits supposés pour répondre aux attentes par leur cran d’intelligence et leur propreté éthique pour sortir du « petit de l’homme ».
Autrement, ils apparaissent comme Méka, dans le ridicule romanesque de Ferdinand OYONO, Le Vieux nègre et la médaille. Ils sont si grotesques dans des singeries pour répandre la nausée de leur spectacle. A quoi servirait une tournée nationale sur le 4e mandat de Faure GNASSINGBE si la représentation nationale que le peuple a investie lui en accorde le droit ? Les truanderies politiques et la délinquance électorale, la fausse légalité sont mises en évidence dans les « klassouteries » de façon proprement ubuesque. KLASSOU a-t-il soudainement perdu les béquilles de son rationalisme juridique tant affirmé depuis Abidjan sur les ondes internationales? A la vitrine de la civilisation, les peuples grandissent vite et dépassent les diplômés utilitaires et leurs pourritures politiques. En quinze années de règne du « Timoniertricule », nos populations connaissent par cœur dans leur vécu l’étendue du champion trop vanté dans sa modernité et trop enflammé dans des gadgets politiques. Elles savent très bien comme LA ROCHEFOUCAULD, dans ses M ax im es que : « Ceux qui s’applaudissent trop aux petites choses deviennent ordinairement incapables de grandes ».
En politique, les faits, rien que les faits de succès rendent les peuples lucides et plus avisés que les troubadours.

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De l’école gratuite au Mandat social en passant par le PROVONA, le FNFI, Togo-émergent, l’ANPE, la SCAPE, la plaisanterie politique nous fait patauger dans le manque de soins de santé, dans la chute de l’éducation, dans la corruption endémique, dans des détournements de deniers publics, dans la rouge trésorerie avec l’endettement corrosif qui oblige le pouvoir à gonfler les impôts et à berner d’espérance le citoyen sur un Programme National de Développement. Klassou sent la distance de ce peuple par rapport à ce régime d’usurpation. Les Togolais ne peuvent plus continuer à souffrir et plus rien ne cache leur inanition, leur indigence. Marcel PROUST a raison d’affirmer dans A la r ec he rc h e du te mps perdu que « Cette indifférence aux souffrances qu’on cause, quelques autres noms qu’on lui donne est la forme terrible et permanente de la cruauté ».

Didier Amah DOSSAVI

Source : Togoweb.net