La délégation du Comité de suivi de la CEDEAO conduite par M. Kassi Brou était à Lomé les 10 et 11 septembre 2018 pour une séance d’appui et d’évaluation de la mise en œuvre de la feuille de route rendue publique le 31 juillet dernier.
La Coalition des 14 et tous les Togolais partisans du changement attendaient que la CENI de Kodjona soit stoppée dans sa fuite en avant ici et maintenant afin qu’une solution soit trouvée aux incompréhensions entre le pouvoir et la Coalition de l’opposition. Cela ne fut malheureusement pas le cas. Toutefois, on note quelques mesures du comité de suivi allant dans le sens de l’application de la feuille de route.
En effet, le Comité de suivi annonce de prendre désormais en main la question du fichier électoral. Aussi, des experts déjà recrutés arrivent-ils à Lomé pour s’installer le 17 septembre en vue de la prochaine révision intégrale du fichier électoral, entendu par là, un nouveau recensement électoral sous l’égide de la CEDEAO. Ces experts auront également pour mission d’auditer le fichier électoral au terme du recensement d’après nos sources.
Il est également annoncé l’arrivée prochaine à Lomé d’une vingtaine d’observateurs pour renforcer le processus électoral et se pencher sur le vote de la diaspora. Le comité de suivi n’a pas manqué d’appeler le gouvernement togolais à libérer les prisonniers comme recommandé dans la feuille de route.
Quant à la question concernant la composition de la CENI actuelle, le Comité de suivi dit que cela relève de la compétence des facilitateurs qui arrivent incessamment à Lomé pour une nouvelle rencontre.
Il est par ailleurs important de rappeler que Dr Jean-Claude Kassi Brou a précisé à l’ouverture des travaux que la CEDEAO mettra tout en œuvre pour que les réformes prévues dans la feuille de route soient traduites dans les faits en vue des élections transparentes, justes, démocratiques et équitables prévues pour le 20 décembre.
La Coalition des 14, pour sa part, a laissé entendre que toutes ses doléances concernant la CENI, un chronogramme global et autres ont été prises en compte et seront retransmises aux facilitateurs attendus à Lomé les jours à venir.
Au vu du développement qui précède, chacun peut aisément se faire une idée sur celui qui doit réellement s’inquiéter désormais après le passage de cette équipe du Comité de suivi. Point n’est donc besoin de se casser les méninges pour se rendre compte que c’est ceux qui courent unilatéralement vers la tenue des législatives le 20 décembre sans les réformes qui doivent s’inquiéter.
La raison est simple : l’implication des experts dans la révision intégrale du fichier électoral, l’assistance technique de la CEDEAO auprès de la CENI, l’obligation d’aller aux réformes avant toutes élections, etc. doivent plutôt être mises au profit de la Coalition. Les Togolais savent à partir de ce jour que la CENI actuelle n’est plus seule à organiser les élections, elle sera non seulement inclusive, mais aussi assistée par les experts de la CEDEAO.
Il est aussi clair qu’il n’y aura pas d’élections sans les réformes et la résolution du problème lié au fichier électoral. Le recensement ne va pas démarrer sans la présence des experts et observateurs de la CEDEAO, puisque ces derniers arrivent avant octobre. Il n’y a donc pas de raison pour que la Coalition des 14 verse dans le désespoir pour l’instant.
Si l’opposition a toujours estimé que le pouvoir de Faure Gnassingbé a peur des réformes et de la transparence des élections, il ne revient donc pas à la Coalition des 14 de s’affoler après les décisions annoncées par le Comité de suivi quoiqu’insuffisantes.
Joachin SONOUKOU
Source : www.icilome.com