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Le 30 juin prochain, les Togolais sont convoqués aux urnes pour élire leurs conseillers municipaux. Chaque voix compte et les candidats le savent. Ainsi, du début très timide de la campagne électorale, l’on assiste depuis quelques jours une véritable démonstration de force des candidats dans leur opération de charme. L’on se croirait à une compétition présidentielle du fait des actes et réalisations des candidats en lice.
Dimanche, les Togolais seront dans tous les centres de vote disséminés sur toute l’étendue du territoire national pour élire leurs représentants dans les 117 communes que compte le pays.
Trente-deux (32) ans qu’ils n’ont plus eu cette chance d’élire leurs représentants à la mairie, remplacés depuis les années 2000 par les présidents de délégation spéciale, tous nommés par le Gouvernement, l’on comprend l’engouement autour de ces élections municipales qui se revêt tout autre, puisqu’elles marquent d’un cachet spécial tout ce qui détermine jusqu’à présent le scrutin.
Alors, en dépit de multiples cafouillages qui entourent l’organisation de ces élections, plusieurs candidats se rivalisent d’ardeur pour prendre la gestion des communes. Puis, dans un contexte quasi particulier visant à croire à une forme de libération de l’espace de compétition électorale souvent confisqué à tort ou à raison par la classe politique, pouvoir et opposition, les candidatures indépendantes ont, cette fois-ci, beaucoup émergé dont certaines suscitent assez de curiosités.
De cette éclosion de candidatures indépendantes aux cotés des politiques presque habitués aux joutes électorales, naisse une véritable concurrence dans l’opération de charme des candidats. Le Togo, étant un pays atypique où seules les heures de campagne électorale coïncident avec la magnanimité des politiques, des hommes au grand cœur, l’on assiste l’air médusé pour ces élections communales, aux grandes réalisations et autres promesses de certains candidats.
En effet, dans certaines communes, l’on constate que de simples candidats avec un énorme pouvoir financier, se substituant, parfois à l’Etat togolais, mettent des lampadaires aux abords des routes secondaires pendant que d’autres offrent aux électeurs des matériels roulants et matériels de voirie ou d’assainissement. Des espaces obstrués depuis des années lumières, ont reçu la visite des Caterpillar pour libérer les voies. Certains de ces candidats sont allés plus loin en distribuant des espèces sonnantes et trébuchantes en pleine campagne électorale et devant des caméras peut-être indirectes. Bien que candidats à ces élections locales et officiellement reconnus par la CENI, ils pourront trouver une échappatoire : le geste n’est pas de conquérir l’électorat des bénéficiaires du don, mais juste pour aider des frères et sœurs dans le dénouement depuis des lustres.
Quant à la campagne électorale, certains candidats étalent des fortunes de Prince. Il suffit de croiser le cortège de campagne de ces candidats et surtout la valeur marchande des véhicules qui se suivent, peignent aux couleurs et à l’effigie du parti politique ou celles des candidats indépendants. L’allure présidentielle plus prononcée à cette campagne est observée dans le discours des candidats. Il y en a ceux qui promettent construire en six (06) mois plusieurs logements sociaux dans leur commune sans vraiment expliquer aux électeurs où est-ce qu’ils trouveront cet argent.
Aussi cette campagne consacre-t-elle la nette différence entre les nouveaux riches et les pauvres ou une forme d’inégales répartitions des richesses nationales. Pendant que certains sous l’influence de leur responsabilité nationale, peuvent aller battre campagne pour leur parti avec les moyens de l’Etat, d’autres contribuables doivent braver les caprices des zones inondables pour contacter les électeurs.
En somme, l’on dirait qu’au Togo, les élections se suivent mais se ressemblent, puisque, parmi les députes de la sixième législature, certains ont promis des allocations familiales aux électeurs lors de leur campagne. Mais depuis qu’ils sont admis à l’Assemblée nationale, ils ne peuvent plus reconnaître le chemin qui mène à leur circonscription électorale. Comme le dira quidam : la politique est un jeu.
Sylvestre BENI
Source : www.icilome.com