Scrutin du 22 février: la riposte de l’Eglise catholique au ministre Boukpessi

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Dans un communiqué rendu public le lundi 03 février 2020, la Conférence des Evêques du Togo (CET) a  vivement protesté contre le rejet par le Ministre de l’administration territoriale, Payadowa Boukpessi de la demande d’accréditation pour l’observation de l’élection présidentielle introduite par le Conseil Episcopal Justice et Paix (CEJP). Dans sa sortie, la CET rejette en bloc les motifs avancés par Payadowa Boukpessi.

Le 20 janvier dernier, dans une note adressée à la CET dont le CEJP est issu, le Ministre de l’administration territoriale a indiqué que la CET, a pris «clairement des positions partisanes sur la situation politique» du pays.

Le ministre argue notamment du refus des organes de l’Eglise de communiquer leurs sources de financement. Ce qui est selon lui «la preuve que cette opération (d’observation électorale) est téléguidée par une ou plusieurs organisations que vous ne voulez pas dévoiler, pour des raisons que nous ignorons».

Des arguments que la CET rejette en bloc dans son communiqué. « Au sujet de la demande d’observation électorale présentée à la CENI par le Conseil Épiscopal Justice et Paix, les Évêques tiennent à rappeler qu’il s’agit non seulement d’un droit reconnu par la constitution, mais aussi d’une mission ordinaire de toute Commission Justice et Paix rappelée par le Pape Benoît XVI dans l’exhortation apostolique « Africae Murus n° 23 » ».

Un tel droit ayant été exercé à maintes reprises, dans le passé par ledit Conseil Épiscopal, les évêques récusent les allégations avancées par le ministre de l’Administration, accusant le Conseil Épiscopal Justice et Paix de collision avec des partis politiques de la place et de tirer ses financements de sources occultes.

Concernant les allégations de « financements obscurs », la CET a indiqué que « le Ministre de l’Administration Territoriale avait bien reçu le rapport d’activités du Conseil Justice et Paix où figurait un bilan clair de ses financements ». A cet effet, la CET considère les propos de Boukpessi comme « une insulte » adressée à l’Église. Pour elle,  « les vraies raisons sont certainement à rechercher à ailleurs».

Il nous souvient qu’en décembre 2018, à l’occasion des élections législatives, Payadowa Boukpessi avait opposé un premier refus à la requête de la CEJP, d’envoyer 3000 observateurs.

Il avait invoqué des «financements douteux» dont bénéficierait l’organisation. La Conférence épiscopale du Togo (CET) avait alors démenti ces allégations, rappelant que ses missions sont «dictées par la fidélité à l’évangile et la recherche du bien commun».

Et c’est pour éviter une telle situation qu’une délégation du Conseil Episcopal Paix et justice avait, en décembre 2019, rencontré les membres de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) pour s’imprégner des motifs ayant motivés le rejet de sa demande d’observation des élections législatives. Au terme de la rencontre, la CEJP croyait « qu’il n’y avait pas une mauvaise intention » de rejet de sa demande et parlait plutôt d’un « malentendu ».

Aujourd’hui, il se dégage que le pouvoir de Lomé veut éloigner de cette élection présidentielle, les yeux curieux qui pourraient dénicher le vrai du faux et surtout dire la vérité sur les faits observés.

Il se dit que de toutes les missions d’observations qui s’annoncent, celle de la CEPJ est l’une des rares qui disposent de ressources humaines et financières conséquentes pour une observation impartiale. Ainsi, il s’agit clairement de refuser le droit à la CEJP de dire la vérité sur un processus que certains observateurs qualifient déjà de « vicié ».

Le refus au CEJP et le non intérêt de l’UE pour envoyer une mission d’observation sous-entend que les conditions sont réunies pour qu’on assiste à un scrutin dont les résultats sont déjà programmés. Aux candidats de l’opposition qui participent à cette élection de tirer toutes les leçons de ce qui s’annonce comme une mascarade électorale.

Source : Togoweb.net