Sauvagerie policière à l’Université de Lomé/Entre mensonges et manipulations : le Prof Dodji Kokoroko recourt à la force brute pour violenter les étudiants

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Sauvagerie policière à l’Université de Lomé/Entre mensonges et manipulations : le Prof Dodji Kokoroko recourt à la force brute pour violenter les étudiants

De ces intellectuels africains qui mettent leur savoir au service du mal, de la dictature qui hypothèque le développement du continent noir, on ne parlera jamais assez. L’ancien président béninois, Mathieu Kérékou, dans l’une de ses interventions sur le panafricanisme, a parlé de ces « intellectuels africains qui travaillent comme des colons ». L’on est en droit de lui donner totalement raison, puisque ces intellectuels-colons (qui sont pires que les colons), on en a assez sur le continent. Au Togo, ils sont nombreux, ces intellectuels qui, comme le dit un universitaire togolais, « réfléchissent par les pieds », surtout lorsqu’il s’agit de défendre la dictature qui a pris tout le pays en otage. Certes, il y en a parmi eux qui ont l’esprit bien éclairé, ouvert et qui ont compris très tôt qu’il faut se ranger du côté de la cause juste, du peuple marginalisé. Mais ils sont peu.

« Je me suis engagé dans cette lutte en prenant conscience de trois situations qui peuvent m’arriver, étant donné que nous sommes en présence d’une dictature qui ne recule devant rien. Premièrement, ils peuvent décider de me virer de l’Université. Mais je crois qu’ils n’oseront pas cette option, puisque à peine je mettrai les pieds dehors que d’autres universités de la sous-région me récupéreront. Deuxièmement, ils peuvent décider de me mettre en prison, en cherchant des alibis qui ne tiennent pas debout. Je suis prêt à cela. Troisièmement, ils peuvent décider de m’éliminer physiquement. Dans ce cas, je m’en remets à Dieu. Mais, tout cela ne me fait pas peur. Je sais dans quoi je me suis engagé, et je me battrai jusqu’au bout », nous a déclaré mardi dernier Prof Komi Wolou, Doyen de la Faculté des Droits de l’Université de Lomé, Président du Pacte socialiste pour le renouveau (PSR). Cette position, peu d’intellectuels la partagent. Les intellectuels togolais dans leur majorité semblent avoir vendu leur âme au diable en cautionnant les actes ignobles d’une dictature en perte de vitesse, et qui a fait de l’impunité et de la violence des méthodes sur lesquelles elle veut établir un règne sans fin. Certains de ces intellectuels se livrent ouvertement à de basses besognes. D’autres qui préfèrent encore rester dans l’anonymat sont plus dangereux que les premiers. Le cas du président de l’Université de Lomé, le Prof Dodji Kokoroko surprend plus d’un au sein de l’opinion.

La répression, d’une rare violence, survenue sur le campus de l’Université de Lomé la semaine passée remet au goût du jour le comportement de ces intellectuels qui ne semblent pas vouloir se rendre utiles à leur communauté. Campus envahi par des policiers, violant ainsi la franchise universitaire, étudiants bastonnés, torturés et gazés sans autre forme de procès, gaz lacrymogènes lancés dans des amphis et dans les cités universitaires, irruption des policiers dans les cités et arrestations des pensionnaires, étudiants arrêtés et jetés en prison, bref, un champ de bataille dont le chef de file des opérations n’est autre que le Prof Kokoroko. Et pourtant, les étudiants ne font que revendiquer des droits dont même les autorités universitaires reconnaissent la légitimité.

Que veulent les étudiants ?

La plateforme revendicative des étudiants ne date pas d’aujourd’hui. Elle a été longtemps portée par le Mouvement pour l’épanouissement de l’étudiant togolais (MEET) qui, pendant plusieurs années, a organisé des mouvements sur le campus. Manifestations qui ont également essuyé la répression sauvage de la part des corps habillés, surtout celle du 26 avril 2004 qui a conduit pour la première fois, à la fermeture de l’Université de Lomé pour un mois. Aujourd’hui, c’est la Ligue togolaise des droits des étudiants (LTDE) qui se met au devant de la scène et devient le porte-voix des étudiants. Aux anciennes revendications, viennent s’ajouter d’autres préoccupations des étudiants, surtout avec le système LMD qui est appliqué avec amateurisme dans ce temple du savoir.

Dans la plateforme revendicative de la LTDE, les étudiants réclament le doublement à 100% des montants des bourses et allocations de secours pour atteindre 24 000 FCFA pour les allocataires, et 36 000 FCFA pour les boursiers. Un calendrier précis pour la sortie de ces tranches est établi pour être rigoureusement respecté. Et selon ce calendrier, les étudiants doivent normalement déjà percevoir leur troisième tranche en mai dernier, et attendre la quatrième censée sortir le 25 juillet. Mais force est de constater qu’ils sont toujours à leur première tranche, selon les informations. Ce n’est même pas tous qui sont rentrés dans ce fonds. Egalement, la LTDE réclame la réinstauration des primes de rentrée (20 000 FCFA par étudiant) entre-temps supprimées. Ils demandent aussi à l’autorité universitaire d’« enjoindre aux banques de ne prélever que 2000FCFA par an sur les comptes des étudiants afin de mettre fin aux sur-taxations organisées par la POSTE, l’UTB ».

La réforme du système LMD préoccupe énormément les étudiants. Sur ce point, ils réclament la reprogrammation de toutes les UE dans les facultés, l’évaluation des étudiants en des QCM dans les UE complémentaires, l’organisation des examens spéciaux dans toutes les facultés (destinés aux étudiants à qui il reste trois UE pour obtenir leur licence), la double programmation des cours dans toutes les Facultés, la mise à disposition des supports de cours aux étudiants dans chaque matière, la suppression des pré- requis dans toutes les filières scientifiques, l’équipement de la bibliothèque principale de l’université de documents récents et nécessaires, la construction d’une bibliothèque au campus Nord, l’équipement des laboratoires scientifiques et de langues et l’ouverture annuelle des MASTERS et le respect des deux ans de formation.

Sur la question des cités universitaires, les étudiants réclament, entre autres, la diminution du loyer de la Cité B, le changement des matelas, chaises, tables, et surtout l’amélioration de ces cités en eau potable profitable à tous les étudiants tous les jours. D’autres revendications aussi importantes les unes que les autres (et de surcroît légitimes) sont contenues dans cette plateforme.

Répression comme réponse aux problèmes étudiants

Pour toute réponse à ces revendications, les autorités universitaires et le gouvernement n’ont rien trouvé que la répression. Une semaine avant ces violences exercées sur les étudiants, c’est devant la Primature que ces derniers ont été réprimés. Ils avaient organisé une marche pour aller remettre leur plateforme au Premier ministre. Le lundi 12 juin dernier, une délégation de la LTDE et des délégués généraux a été reçue par le ministre de l’Enseignement supérieur, Octave Nicoué Broohm. Mais étudiants, autorités universitaires et gouvernementales ne sont parvenus à un accord. Le lendemain, les responsables des mouvements estudiantins ont voulu rendre compte aux étudiants des discussions lors d’une Assemblée générale. C’est là où ont commencé les pluies de grenades lacrymogènes, les bastonnades, les arrestations arbitraires, bref, une violence inouïe qui continue de scandaliser l’opinion, les images ayant envahi les réseaux sociaux.

Dommage que ce soit le président de l’Université de Lomé, Dodji Kokoroko, un jeune de 40 ans, qui fasse appel à la police pour réprimer les étudiants qui sont dans leurs droits. Un jeune professeur agrégé, dans la fleur de l’âge, qui se permet de se rabaisser jusqu’à ce point, voulant servir de béquille à un régime aux abois, c’est la « République (qui) est en danger », comme l’affirme si bien le Professeur Komi Wolou.

Dodji Kokoroko ou les contrevérités d’un « intellectuel » qui scandalisent toute la République

Pour justifier la sauvagerie policière, les autorités universitaires se voient obligées de recourir au mensonge et au faux. Ainsi, la Vice-présidente de l’Université de Lomé, Mme Kafui Kpegba, soutenant son chef de file (Prof Kokoroko) sur une radio de la place, a déclaré que le président de la Ligue togolaise des droits des étudiants (LTDE), Foly Satchivi n’est pas inscrit cette année à l’Université de Lomé. Et donc pour la présidence de l’Université, cet étudiant n’est qu’un fauteur de trouble qui vient semer du désordre au campus, et doit être jugé et condamné.

Une déclaration qui a été balayée aussitôt par la LTDE qui a démontré à toute l’opinion, avec des documents à l’appui, que Foly Satchivi est bel et bien inscrit à l’Université de Lomé cette année. Les documents circulent d’ailleurs sur les réseaux sociaux, ce qui permet à tout le monde de se rendre compte de la surenchère, de l’abus d’autorité et du mensonge dont ont toujours fait preuve ces responsables de l’Université vis-à-vis des revendications des étudiants. Si Satchivi n’est pas étudiant à l’Université de Lomé, alors à quel titre le ministre de l’Enseignement supérieur, Nicoué Broohm l’a-t-il reçu en compagnie d’autres étudiants quelques jours avant la répression violente des manifestations sur le campus ? « J’aimerais rassurer tout le monde que je me suis bel et bien inscrit à l’Université de Lomé. Selon les allégations, on dit que je ne me suis pas inscrit depuis 2 ans. Je me suis inscrit en 2014-2015, je me suis inscrit en 2015-2016, année où j’ai eu mes tranches, et je me suis inscrit cette année. Les documents qui attestent mon inscription sont là », a déclaré Foly Satchivi dans un audio fait depuis la prison civile de Lomé, avant de lancer à ses camarades de lutte : « Ce sont des alibis pour vous décourager à abandonner, pour vous amener à dire que nous sommes en train de lutter pour quelqu’un qui n’appartient pas à notre communauté. On dit ‘’qui veut noyer son chien l’accuse de rage’’. C’est la stratégie qu’ils sont en train d’utiliser. Ne vous fiez pas à leurs déclarations… ». Et Eklou Messanh Franco, Vice-président de la LTDE de renchérir : « Ce sont des déclarations mensongères. Ça ne tient pas. Satchivi s’est bel et bien inscrit. Ce sont des propos pour donner raison à leur idéologie comme ils savent le toujours faire ».

C’est plus qu’une évidence. La présidence de l’Université de Lomé a menti dans le compte de Foly Satchivi. Et dire que ce sont ces genres de personnalités qui se retrouvent aujourd’hui dans la Commission créée par Faure Gnassingbé pour rédiger la nouvelle constitution! On pourrait donner raison à ceux qui, dès l’annonce de la création de ce machin, ont commencé par critiquer les membres qui la composent. Que peuvent donner des gens comme le Prof Kokoroko aux Togolais à travers cette commission, si ce n’est produire des textes qui puissent prolonger la durée de la dictature des Gnassingbé à la tête du Togo ? Puisqu’on le voit déjà à l’œuvre à l’Université de Lomé. Il n’est donc pas trop osé d’affirmer que certains intellectuels togolais sont une véritable déception pour le peuple.

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