« Notre vie commence à s’arrêter le jour où nous gardons le silence sur les choses graves » (Martin Luther King)
Toujours prompt à exprimer ses civilités lorsqu’un évènement se produit ailleurs, Faure Gnassingbé ne fait montre d’aucune compassion ni de solidarité quand il s’agit du sort de ses compatriotes. En l’espace de six semaines, une demi-douzaine de Togolais ont été assassinés par sa soldatesque sans qu’il ne s’en émeuve outre mesure. Les populations ne sont pas encore remises des meurtres de quatre jeunes hommes, victimes de la barbarie des forces de sécurité dans le cadre du couvre-feu instauré pour lutter contre la Covid-19, ni du lâche assassinat de l’officier supérieur des FAT, le Col Toussaint Madjoulba Bitala que, jeudi 21 mai 2020, des militaires ont froidement abattu un jeune laveur de voitures, Agbende-Kpessou Hega Mohamed devant son môme de trois ans, au motif qu’il n’aurait pas obtempéré à leurs injonctions. Cet acte, le refus d’obtempérer, mérita-t-il qu’on arrachât la vie à un être humain ?
« La personne humaine est sacrée et inviolable », dit la Constitution togolaise. La vie humaine n’a pas de prix mais chez nous, on sacrifie chaque jour les Togolais au nom du pouvoir. Comme si les populations ne souffrent pas déjà assez suffisamment de la misère indicible et de l’extrême pauvreté que leur impose le clan depuis plus de cinq décennies, elles doivent aussi subir la cruauté des forces de sécurité censées être les forces de protection des citoyens, mais qui retournent les armes contre leurs propres frères et sœurs.
Tout près de nous, au Ghana, rencontrer un policier ou un militaire dans la rue, est signe de sécurité, de protection. Mais au Togo des Gnassingbé, on est dans une inversion des rôles. Se retrouver avec des hommes en tenue, c’est être en danger permanent, c’est côtoyer la mort.
L’assassinat du jeune Mohamed est un crime de trop qui suscite indignation et consternation dans tout le pays. Le comble, face à tous ces faits extrêmement graves qui remettent en cause le vivre ensemble dans notre pays, Faure Gnassingbé, le chef suprême des armées, s’est, comme à son habitude, emmuré dans un silence bruissant et incompréhensible. Les Togolais comptent-ils vraiment à ses yeux? Même s’il est connu comme un président qui ne parle pas, devant certaines situations, il est du devoir du chef de l’Etat de monter au créneau et dire « ça suffit ».
Mais Faure Gnassingbé s’en soucie comme d’une guigne que ses compatriotes soient tués, assassinés. Une indifférence et un mépris que certains interprètent comme « un permis de tuer » pour sa soldatesque. « Ou l’on est le bon Samaritain, pour faire du combat de l’homme notre combat à tous pour un Togo meilleur, plus prospère pour tous ses enfants ; ou l’on fait partie des mauvais samaritains ; ou alors, on fait partie des brigands qui écrasent les faibles pour rester les plus forts, qui trichent les plus pauvres pour demeurer les plus riches… », écrivaient les évêques du Togo. On ne souhaite pas que Faure Gnassingbé soit le mauvais samaritain, indifférent au sort des siens.
Ce qui est encore révoltant, c’est que ceux qui, pour un oui ou un non, abattent leurs compatriotes comme des chiens, ne sont nullement inquiétés ; au contraire, ils sont protégés par la puissance publique et promus. Quand le ministre de la Sécurité et de la Protection civile promet des enquêtes qui n’aboutissent jamais, quand il débarque à la télé pour servir toujours des contrevérités à la population, quand il présente un jeune homme battu à mort par ses éléments, avec des testicules écrasés, comme étant « mort d’épilepsie », comment s’étonner du triomphe de l’impunité dans notre pays !
Médard Ametepe
Source : Liberté
Source : 27Avril.com