Rififi entre Moov Togo et l’État Togolais: le Commissaire des impôts au cœur d’un scandale

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Le Togo sous le magistère de Faure Gnassingbé nage littéralement dans
la corruption. Détournements de fonds publics, abus de biens sociaux,
conflits d’intérêts, prise illégale d’intérêt, concussion, commission,
retro-commissions, trafics d’influence, attribution des marchés publics
dans une opacité totale, la corruption dans tous ses aspects a investi
toutes les sphères de la société togolaise, participant ainsi à inverser
l’échelle des valeurs, pervertir l’ensemble de la société. Ce fléau a
pris une ampleur très inquiétante, surtout lorsqu’on se réfère à
l’impunité dont bénéficient les auteurs et leurs complices qui sont tous
dans les arcanes du pouvoir.

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Il ne se passe un seul jour au Togo depuis plus de dix ans qu’un
scandale de corruption impliquant les membres du gouvernement, les
directeurs de sociétés, les magistrats n’éclate. Aussi curieux que cela
puisse paraître, et au-delà des discours de bonnes intentions servis
pour endormir les partenaires, aucun responsables de ces scandales n’est
inquiété. Fort de ce permis de voler ou de détourner, les tenants du
régime RPT/UNIR se servent comme bon leur semble dans les caisses de
l’Etat. Les régies financières au Togo sont des boites à fabriquer des
milliardaires. Il suffit, pour certains, d’accéder à certains postes de
responsabilités dans ces milieux pour les voir étaler sur la place
publique leurs biens frauduleusement acquis puisque leurs salaires ne
peuvent en en aucun cas leur permettre ce train de vie.

Et c’est justement vers l’OTR (Office togolais des recettes)
que nous conduit cette investigation, particulièrement au service des
impôts. L’affaire est complexe et concerne un contentieux entre l’Etat togolais et la société Moov-Togo.
Au cœur de ce nouveau scandale qui a nécessité plusieurs semaines
d’investigation, un notaire spécialiste de la fraude, un avocat aux
prétentions grandioses, une société prise la main dans le sac, un
procureur qui refuse de jouer sa partition, un Commissaire des Impôts
mouillé jusqu’aux os, un ancien Commissaire Général complice et enfin
des intermédiaires teigneux décidés à prendre leur part du gâteau,
c’est-à-dire la somme de 500 millions de francs CFA portée disparue.

Les faits

Les faits sont relatés par Monsieur Kpadenou Paul,
dans une plainte auprès du Procureur de la République près le Tribunal
de Première Instance de Première Classe de Lomé contre Monsieur Ahmed Esso-Wavana ADOYI, Commissaire des Impôts pour abus de confiance et menace de mort.
Une plainte dont la Rédaction s’est procuré une copie de la plainte que
nous passons en intégralité. Vu le caractère sensible du dossier, le
sieur Paul Kpadenou a eu dans un premier temps toutes les difficultés à
faire enregistrer sa plainte par l’un des substituts. Il a fallu le
retour de voyage du Procureur de la République pour qu’elle soit
enregistrée. Revenons à la chronologie des faits qui ont abouti à cette
plainte contre le Commissaire Adoyi.

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Il faut rappeler que l’affaire a commencé au temps du Commissaire Henri Gapéry
et l’OTR qui venait de perdre le procès qui l’oppose à la société Moov
en première instance avant de faire appel. L’avocat de l’OTR dans ce
dossier contre Moov est Me Alexis Aquereburu. C’est en
ce moment que Monsieur Kpadenou Paul, un indicateur et ses amis experts
rentrent en jeu pour aider l’Etat togolais, et plus spécifiquement l’OTR
à coincer la société Moov-Togo. Une fois les preuves de la fraude
contre Moov Togo rassemblées, il a fallu des séances de travail avec les
fiscalistes de l’OTR afin de leur permettre de maîtriser tous les
aspects du dossier avant de retourner au procès. Le deal au départ était
clair, les experts fournissent par leur intermédiaire togolais les
preuves à l’OTR et une fois le procès gagné, ils touchent leur
commission. Mais les choses ne se passeront pas comme prévues. Pendant
le processus, le sieur Paul Kpadénou a cherché à rencontrer le
Commissaire Général Henri Gapery, mais il s’est retrouvé à plusieurs
reprises face à des barrières dressées par Adoyi. Mais entre-temps Henri
Gapery s’en est allé et Kodjo Adedze venait de prendre
sa place. Moov-Togo face aux preuves versées au dossier, accepte un
règlement à l’amiable et une amende de 6 milliards 500 millions lui est
infligée et elle s’en acquitte.

Parallèlement, les experts étrangers et ceux de l’OTR continuent les
séances sur le second aspect qui porte sur 104 milliards de francs.

Finalement, le sieur Paul Kpadenou, après plusieurs menaces, réussit à
se faire inviter par le Commissaire Général Adedze à son domicile vers Sito-Gblenkomé.
Il expose l’affaire dans tous les détails, et selon ses propos, le
Commissaire Général lui fait la confidence d’avoir libéré au commissaire
Adoyi un chèque de 500 millions pour la commission des experts et
intermédiaires sur instruction du chef de l’Etat à qui un rapport a été
fait sur ce dossier. Au cours des échanges le Commissaire Général a
souhaité avoir copie de tous les documents afin d’informer le chef de
l’Etat en marge des festivités d’Evala à Kara. Monsieur Paul Kpadenou
met à disposition du Commissaire Général l’ensemble des documents. A la
suite de cette rencontre, Adedze interpelle le Commissaire des Impôts
pour connaître la suite réservée au chèque. C’est alors que ce dernier,
lors d’une rencontre entre les fiscalistes de son département et les
experts, il se déchaine sur le sieur Paul Kpadenou. Il a fait savoir
devant tout le monde au sieur Kpadenou qu’il était au parfum de toutes
ses démarches aussi bien auprès du Président de la Cour
Constitutionnelle que du Commissaire Général et que si le Togo était un
pays développé, il allait l’éliminer de manière professionnelle sans
qu’une goutte de son sang ne tombe à terre ou à défaut, lui coller un
truc et l’envoyer en prison. C’est donc à la suite de ces menaces de
mort que Paul Kpadenou décide de porter plainte auprès du Procureur
contre Adoyi. Kodzo Adedze de retour des Evala, n’a pas donné une suite
favorable à l’indicateur; au contraire, il a commencé à le baratiner.

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Ce dernier compris le jeu et exige que les documents sensibles
transmis à Adedze à son domicile lui soit restitué, peine perdue. Alors
lorsque le procureur prend connaissance de la plainte, selon les dires
du plaignant, il a avoué avoir appelé le Commissaire Adoyi qui s’est
rendu à ses bureaux accompagné du Commissaire Général Adedze. Ces
derniers reconnaissent l’existence d’un tel dossier et le rôle crucial
de l’indicateur et des experts, mais ajoutent aussi curieux que cela
puisse paraitre que l’affaire est toujours en cours et une fois qu’elle
sera définitivement réglée et l’amende payée, les intermédiaires auront
leur part. Mais le Procureur leur rappelle que dans la plainte, ce sont
deux dossiers différents et que selon le plaignant la première phase a
été déjà bouclée et la société Moov-Togo s’est acquittée de l’amende de 6
milliards 500 millions de francs CFA. Le procureur a alors demandé à
ces deux responsables de l’OTR de trouver les moyens pour calmer le
plaignant, avant de suivre la seconde phase du dossier qui porte sur un
contentieux de 104 milliards. Par la suite, le Procureur a commencé par
adoucir sa position dans le dossier allant jusqu’à demander au plaignant
le retrait de la plainte afin de trouver une solution à l’amiable. Le
plaignant s’exécute, mais le Procureur ne réussira pas à tenir sa
promesse. Dépassé par ce qui apparaît comme une complicité à tous les
niveaux, Monsieur Paul Kpadenou adresse une lettre directement à Faure Gnassingbé.
Le courrier déchargé à la Présidence s’est retrouvé quelques jours plus
tard sur le bureau de Monsieur Adoyi. Il se trouve donc des gens à la
Présidence de la République qui détournent des courriers de dénonciation
adressés au chef de l’Etat vers les concernés, mettant ainsi la vie des
gens en danger. Faure Gnassingbé appréciera les méthodes dans son
palais.

Toujours est-il que lorsque ce courrier s’est retrouvé sur la table
du Commissaire Adoyi, il a fait parvenir un message au sieur Paul
Kpadenou en lui disant que lui il avait tous les moyens de bloquer son
accès au chef de l’Etat et qu’il s’agite pour rien. La Rédaction, dans
le cadre de cette investigation, a saisi par courrier tous les acteurs
afin de prendre leurs versions de faits et comprendre le fonds du
dossier.

D’abord Ahmed Esso-Wavana ADOYI, Commissaire des Impôts

Nous avons transmis à son secrétariat le 12 août un courrier pour
solliciter un rendez-vous afin d’avoir sa version des faits et échanger
sur d’autres aspects du dossier. Le service de communication a appelé la
Rédaction, un premier rendez-vous a été pris, mais n’a pu tenir à cause
de l’indisponibilité du Commissaire. Finalement l’équipe
d’investigation a rencontré le Commissaire Ahmed Esso-Wavana ADOYI, en présence de son assistant personnel et son chargé de communication. A la question de savoir s’il connait Monsieur Paul Kpadenou, voici sa réponse : « Je n’ai jamais vu Monsieur Kpadenou. Il n’a jamais été apporteur de quelque information que ce soit.

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L’affaire est toujours pendante au Tribunal. On n’a jamais fini le
procès. Si le Chef de l’Etat a ordonné qu’on donne de l’argent aux
indicateurs, qui suis-je pour bloquer l’argent à mon niveau ? Je sais
que Kpadenou est allé voir le Procureur, le Président de la Cour
constitutionnelle aussi. Vous savez, un chef de l’Etat ne se mêle pas de
la gestion fiscale. Allez demander au juge si ce dossier est vidé. Si à
la fin du procès il y a de l’argent à donner à des gens, je n’hésiterai
pas. Je n’ai jamais eu de l’argent qu’on demande de donner à qui que ce
soit. Qui suis-je pour menacer Kpadenou ? Je ne l’ai jamais vu. Je n’ai
pas cette force. Monsieur Kpadenou a traîné cette affaire partout. Le
DG de la gendarmerie est aussi au courant. Vous savez, j’étais hors du
pays quand Me Wilson m’a dit que cette affaire revient encore. Il me
parlait de votre courrier que vous lui avez envoyé. On a discuté au
téléphone. J’avais pitié de Me Wilson qui se disait fatigué de cette
affaire. On a dit que Me Wilson et moi avions partagé 50 millions entre
nous et ce n’est pas vrai. C’est bien que vous ayez rendez-vous avec Me
Wilson aussi. Il vous parlera aussi mieux de cette affaire ».

A la fin des échanges, alors que les journalistes prenaient congé du
Commissaire des Impôts, ce dernier a déclaré ceci : « Enlevez votre
habit de journaliste. Après tout, nous sommes tous Togolais. Est-ce la
peine de publier des choses sur ce dossier ? En tout cas, ne vous
empêcherez pas. A vous de voir….. ». Une supplication qui laisse
transparaitre une anxiété. Le Commissaire Esso-Wavana Adoyi n’a servi
que des contre-vérités. A certains niveaux, on dirait qu’il ment comme
un arracheur de dents. Il ne pouvait pas s’imaginer la mine
d’information que possèdent les journalistes qui sont venus
l’interroger. En lisant religieusement la plainte, Monsieur Paul
Kpadenou a décrit comment il est rentré en contact avec le Commissaire
des Impôts. Peut-être que ce dernier a un trou de mémoire. Puisqu’il dit
n’avoir jamais vu le sieur Paul Kpadenou, se rappelle-t-il au moins que
c’est ce dernier qui lui a apporté les preuves ? Ne se rappelle-t-il
plus les séances de travail entre lui et le sieur Paul Kpadenou à ses
bureaux aux impôts ? Lorsque l’expert a commencé son travail de
formation des fiscalistes de l’OTR, un travail qui s’est étalé sur 9
mois, le Commissaire Adoyi, fier du travail qui se faisait, l’a invité
une première fois à son domicile situé sur le contournement. L’expert
était accompagné de Paul Kpadenou, de Me Tété Wilson-Bahun
et son petit frère Eric Wilson. Ce jour après un aparté, le Commissaire
a remis une enveloppe d’un million à Me Wilson pour le séjour de
l’expert.

L’enveloppe a été remise à l’expert sur place. Le Commissaire Adoyi a
reçu une deuxième fois l’expert à ses bureaux, toujours accompagné de
Paul Kpadenou le 31 décembre 2017. A cette rencontre, le Commissaire a
de nouveau remis un million de francs à l’expert pour son séjour.
Lorsque le sieur Adoyi a proféré des menaces à l’endroit de Monsieur
Kpadenou, c’était en présence de tous les fiscalistes de l’OTR que
l’expert formait. Certains, sous le couvert de l’anonymat, ont confirmé à
la Rédaction cet incident. Pire, lorsque le sieur Adoyi proférait ses
menaces, il en a profité pour écorcher le Président de la Cour
constitutionnelle. S’étant rendu compte que ses propos désobligeants ont
été portés à la connaissance de Aboudou Assouma, le
Commissaire des Impôts est allé solliciter le Vice-président d’une
association de cadres musulmans pour aller présenter ses excuses au
président de la Cour constitutionnelle. Nous pouvons multiplier des
exemples pour démontrer que le Commissaire Adoyi
connaît bel et bien l’indicateur Paul Kpadenou, mais nous nous en tenons
là. Enfin dans le cadre de ce dossier, il arrive souvent que le
Commissaire Esso-Wavana Adoyi porte une assista nce financière à
Kpadenou. Nous passons en fac-similé une décharge de 500 000 FCFA
remplie par Monsieur Kpadenou au secrétariat particulier du Commissaire.
Par quelle magie le Commissaire Adoyi peut remettre régulièrement à
quelqu’un qu’il prétend ne pas connaître des enveloppes jusqu’à hauteur
de 2 millions de francs CFA.

Me Tete Wilson-Bahun, le cerveau de la fraude et au centre de toutes les intrigues

L’équipe de la Rédaction a également rencontré le notaire Me Tete
Wilson-Bahun. Il fait office de notaire de la société Moov-Togo. Sur les
questions essentielles liées au dossier, il a fait de la diversion. «
Je n’ai pas connaissance de ce dossier. Je ne peux pas intervenir dans
ce dossier. Je suis notaire et non avocat. C’est un avocat qui monte un
dossier, pas un notaire. Je n’étais pas lié à ce dossier. Je connais
Monsieur Adoyi, mais pas dans ce dossier. Vous dites qu’Alexis Aquereburu
m’a donné de l’argent dans ce dossier. Je vous dis que le courant ne
passe pas entre Aquereburu et moi ….. ». En faisant cette déclaration
dans laquelle il nie non seulement sa présence dans le dossier, il dit
ne pas connaitre Adoyi dans ce dossier, Me Wilson ne savait pas que le
même Adoyi rencontré plus tôt avait rapporté aux journalistes qu’il -Me
Wilson- l’a appelé alors qu’il était en mission à l’extérieur et ce, dès
la réception du courrier de la Rédaction. Il est donc pris la main dans
le sac.

En réalité, le notaire est le cerveau de toute la fraude qui fait l’objet du contentieux entre l’Etat togolais et Moov.
C’est lui à l’époque, avec l’ancien Directeur Général de Moov licencié
par la société et l’ancien Directeur juridique, qui a monté les dossiers
de la société Atlantique Telecom Togo de manière à ce
que certaines recettes échappent au fisc. Aussi curieux que cela puisse
paraître, lorsque le pot-aux-roses a été découvert, le notaire s’est
retrouvé à jouer un rôle très ambigu et ceci, dans l’ombre du côté de
l’Etat contre la société Moov. Les images récupérées par la Rédaction le
montrent au cœur des séances avec l’expert en compagnie de l’indicateur
Kpadenou et son frère Eric Wilson. Il était également dans toutes les
réunions avec le Commissaire Adoyi. Pendant les 9 mois de coaching de
l’équipe de l’OTR par l’expert, c’est Me Wilson qui était chargé
d’acheter les billets d’avion de l’expert et ensuite gérer tout ce qui
concerne ses séjours (argent de poche, hôtel, etc.) de ce dernier. Le
même Wilson assistait Me Alexis Aquereburu, avocat de l’OTR, donc de
l’Etat contre Moov tout au long du processus judiciaire.

Comment peut-on être notaire de Moov, auteur du montage frauduleux et
être encore du côté de l’Etat dans l’ombre ? Il faut être habile comme
ce notaire pour jouer dans deux camps. Toujours est-il que lorsque les
malentendus ont surgi, l’indicateur a rapporté que Me Wilson lui a avoué
avoir bénéficié d’un cadeau de 25 millions de francs cfa de la part de
Alexis Aquereburu avant d’ajouter que son curieux bienfaiteur a reçu 1
milliard 200 millions de francs CFA au titre de ses honoraires d’avocat
dans le dossier. Comment sur une amende de 6 milliards 500 millions,
l’avocat prend 1 milliard 200 millions d’honoraire alors que l’affaire a
même été réglée à l’amiable suite aux preuves apportées par l’expert et
l’indicateur ? Cette surfacturation d’honoraire laisse la porte ouverte
à toutes les supputations. Il faut signaler au passage que Me Tete
Wilson-Bahun est resté en contact avec l’ancien Directeur de Moov Togo
licencié dans ce dossier. Nous faisons abstraction des détails de ces
contacts pour l’instant.

Kodjo ADEDZE

Il était au moment des faits Commissaire Général, et selon
l’indicateur, il lui a avoué avoir libéré un chèque au Commissaire
Adoyi. En plus, il avait pris les dossiers avec la promesse de voir le
chef de l’Etat aux Evala avant de jouer au dilatoire. La Rédaction a
bien voulu avoir sa version des faits à travers un courrier transmis à
son cabinet. Alors que les faits ne concernent que lui et lui seul, il a
fait recevoir les journalistes chargés de l’investigation par son
directeur de cabinet du ministère du Commerce. Ce dernier a rapporté
ceci : « Monsieur Adezdze me charge de vous dire qu’il a transféré le
dossier à l’actuel Commissaire Général de l’OTR, monsieur Tchodie. Allez
le rencontrer. Si après la rencontre vous avez toujours besoin
d’éclaircissements, revenez, le ministre est disposé à vous recevoir. Il
aimerait que vous alliez voir aussi le Commissaire des douanes. Il peut
aussi vous dire des choses ». On l’aura compris, l’ancien Commissaire
Général a trouvé le moyen habile d’éviter une rencontre avec la presse,
tout en faisant croire qu’il est disponible à échanger sur le dossier.
C’est de la pure diversion.

Le Procureur de la République

Notre démarche auprès de ce dernier consiste à comprendre les suites
qu’il a réservées à la plainte et son action pour un règlement à
l’amiable de l’affaire. Le Procureur Essolizam POYODI, dès réception du
courrier, a appelé la Rédaction pour fixer un rendez-vous qui n’a pu
tenir. Les relances téléphoniques de la Rédaction n’ont pas connu de
suite.

Me Alexis Aquereburu, lui, n’a pas donné une suite à
notre demande de rendez-vous par courrier. La Rédaction voulait
comprendre la nature de ses relations avec le notaire Tete Wilson-Bahun,
les 25 millions offerts à ce dernier ainsi que la facture salée de ses
honoraires.

Enfin la Direction de Moov-Togo, saisie par courrier, n’a pas donné une suite à nos sollicitions.

Somme toute, à travers cette longue investigation, chacun peut se
faire une idée des dessous de ce scandale, même si la Rédaction a fait
abstraction de plusieurs détails. Nous sommes en face d’un réseau qui a
agi en bande organisée. Ce n’est donc pas une surprise si les uns
cherchent à protéger les autres dans cette affaire. Le plus inquiétant
est le sort réservé par le Procureur à la plainte de Monsieur Paul Kpadenou.
Si le représentant du ministère public chargé de veiller à
l’application des lois et de défendre l’intérêt de la société se permet
de faire pression sur un plaignant afin que ce dernier retire sa
plainte, et plus grave, se lance dans les combines avec ceux qu’il doit
poursuivre, alors la République est en danger. Les régies financières au
Togo sont de véritables repaires de corruption, d’enrichissement
illicite et de haute corruption impliquant directement les premiers
responsables. L’affaire des 500 millions qui éclabousse le Commissaire
Esso-Wavana Adoyi et tout le réseau qui gravite autour de lui n’est
qu’un aspect visible de l’iceberg. Nous serions dans un pays sérieux que
le notaire qui a monté ce faux dossier pour la société Moov serait
poursuivi au pénal.

Par l’action nuisible de ces commis de l’Etat, des milliards
échappent au trésor public et se retrouvent sur leurs comptes
personnels. Face à cette situation désastreuse aux conséquences nocives
sur l’économie du pays, le silence de Faure Gnassingbé, ou plutôt
l’impunité ou le permis de détourner qu’il accorde à certains dans ce
pays, au nom de leur militantisme à UNIR, deviennent plus que
préoccupants voire révoltants. Ce dossier n’est qu’une première phase
d’une longue enquête dont la seconde partie sera consacrée aux milliards
de francs CFA qui échappent au fisc par le système de roaming. Il sera
question du curieux silence du Commissaire Esso-Wavana Adoyi suite à des
révélations à lui faites par un ancien technicien de Moov sur les
milliards que les responsables de cette société engrangent sur le
roaming en contournant le fisc. A suivre !

Source : L’Alternative No.826 du 10 septembre 2019

LA PLAINTE DE M. KPADENOU CONTRE LE COMMISSAIRE ADOYI

M. KPADENOU Kokou Paul Lomé, le 11 mai 2018
Tokoin Gbonvié
Tel : 90 05 37 29 / 92 93 0 91
99 12 08 66
Lomé-Togo A
Monsieur le Procureur de la

République près le Tribunal
De Première Instance de Lomé
Lomé-Togo

Objet : Plainte contre Monsieur AHMED
ESSO-WAVANA ADOYI, Commissaire des Impôts pour abus de confiance et menace de mort

Monsieur le Procureur,

Je viens très respectueusement par le présent vous exposer les faits
ci-après : il s’agit d’un dossier de la valorisation de la société
Atlantique Télécom Togo par abréviation Moov-Togo et l’Office togolais
des recettes (OTR).

En effet, au courant de l’année 2016, j’ai rencontré un Ivoirien en
Côte d’Ivoire à l’hôtel SOFITEL Abidjan ; suite à notre discussion, il
m’a fait savoir que c’est des contacts géants togolais qui parlent de
mes missions avec le feu président Eyadéma. Il voulait savoir si je
tiens toujours des relations avec le nouveau régime en place et je lui
ai répondu oui. De là, je lui pose la question : il s’agit de quoi ? Et
il m’a répondu qu’il a une mission et que c’est moi qui dois être à la
tête de la mission. Je lui ai posé la question quelle est la mission ?
Il m’a répondu qu’il s’agit d’un litige qui oppose Atlantique Telecom
Togo (Moov Togo) et l’Office togolais des recettes (OTR). A qui au
tribunal de Première Instance, Moov a gagné le procès contre l’OTR et
que maintenant l’OTR a fait appel à la Cour d’Appel dont l’avocat
français demande à l’OTR de leur fournir les preuves qui peuvent leur
permettre de payer les contentieux de six milliards cinq cent millions
(6.500.000.000) à qui je peux confier ces documents qui vont servir de
preuves à l‘OTR pour gagner le procès. C’est là que je lui ai dit que le
Président de la Cour constitutionnelle Monsieur ASSOUMA est la personne
la mieux indiquée. Il m’a dit que je dois négocier une commission de
10% pour toute l’équipe dont moi KPADENOU je serais à la tête. De mon
retour d’Abidjan avec les preuves, je suis parti chez le Président
ASSOUMA et je lui ai montré les documents avec les explications et il a
appelé Monsieur ADOYI AHMED ESSO-WAVANA et lui posa la question
concernant ce jugement et il lui répondu qu’ils ont un problème avec
Moov qui refuse de leur payer à cause des preuves qu’ils ne disposent
pas. Et lui a demandé s’ils trouvent les preuves aujourd’hui, MOOV va
payer ? Et il a répondu OUI. Alors le Président ASSOUMA lui a dit que
Monsieur KPADENOU a ramené les preuves de la Côte d’Ivoire avec leurs
conditions de commission, alors Monsieur ADOYI a demandé que je vienne
avec les preuves.

Aussitôt, je suis parti chez M. ADOYI dans son bureau à l’OTR et je
lui ai remis lesdits documents servant de preuves dans leur jugement
avec les conditions de commission de 10% que je lui ai suggérée et il
m’a répondu que sans l’avis du chef de l’Etat, il ne peut pas se
prononcer sur une question de commission. Après trois jours, il m’a
rappelé qu’il a vu le chef de l’Etat et que le chef de l’Etat lui dit
que pour le moment, il ne peut ni écrire un contrat de commission pour
nous, mais qu’il va surprendre et que d’ailleurs, ils n’ont pas encore
remis les documents au jugement pour savoir si effectivement c’est ça
les preuves. C’est là que M. ADOYI me faisait savoir que cette polémique
fait problème entre l’Etat marocain et l’Etat togolais et que si c’est
ça les preuves, le chef de l’Etat a dit qu’il va nous décorer. Je suis
revenu au fond du dossier pour lui déclarer que mon partenaire de la
Côte d’Ivoire est disposé à nous donner beaucoup d’informations
concernant d’autres preuves sur MOOV Togo, c’est-à-dire M. ADOYI ne
savait pas que dans MOOV Togo, FLOOZ est une société à part et que les
huit (08) filières de MOOV dans les autres pays de la CEDEAO, leur siège
se trouve toujours au Togo.

En évaluant tout ça à part le dossier des six milliards cinq cent
millions (6.500.000.000), nous sommes arrivés à quarante-neuf milliards
(49.000.000.000) qui est notre contentieux en face de MOOV Togo
aujourd’hui à nos jours. Les documents ont servi à rendre la décision
dont M. ADOYI nous avait parlé pour nous dire que mes amis, nous avons
gagné et que je vais rendre compte au chef de l’Etat et vous aurez votre
part. A chaque fois que je l’appelle, je dérange le Président ASSOUMA
et le Président aussi l’appelle et il disait toujours qu’il n’a pas
encore rencontré le chef de l’Etat pour prendre notre commission. En un
moment donné, j’ai perdu ma tante en Côte d’Ivoire et que je dois
assister à ses obsèques; mais je ne peux pas aller en Côte d’Ivoire sans
avoir en main la part des commissions de mes partenaires. Alors dans
ces bousculades qu’il m’a donné cinq cent mille (500.000) contre une
décharge et dit que quand le chef de l’Etat va donner l’ordre, nous
allons rentrer en possession de la totalité, et de les rassurer que nous
allons prendre notre part.

Finalement, j’ai compris que M. ADOYI est en train de nous tourner en
rond. Un matin, j’ai appelé le Président ASSOUMA et je lui ai fait
savoir que je vais faire mes enquêtes pour voir si notre commission a
été déjà payée ou pas.

J’ai téléphoné le bureau du Commissaire Général pour un rendez-vous
et la secrétaire m’a posé la question pourquoi je voudrais voir le
Commissaire Général. Et je lui ai fait savoir que c’est une question de
service et je ne voudrais pas que les gens du dehors nous entendent.
Elle m’a dit qu’elle va faire le compte rendu au Commissaire. A 14
heures dans la journée, le Commissaire m’a appelé comme quoi si je
connaissais chez lui, et je lui ai dit non. De là, il m’a donné un coin
où je devais me retrouver avec ses escortes. Ce qui fut fait et il m’a
reçu chez lui à la maison. Là, je lui ai fait savoir la raison du
pourquoi je voulais le rencontrer concernant ce dossier, que c’est moi
qui ai apporté les preuves qui ont servi dans le jugement entre OTR et
MOOV Togo. Il m’a répondu, oui, que si c’est la raison de notre
commission que je cherche à le voir, et il m’a demandé si M. ADOYI ne
nous a pas remis notre commission. Je lui ai dit non. Et il m’a dit que
le chef de l’Etat lui a donné l’ordre de lui faire un chèque de cinq
cent millions (500.000.000) pour les apporteurs de documents. Comme lui
ne connaissait pas ceux qui ont apporté le document, il ne peut pas s’y
mêler, donc il voulait me dire tout simplement que lui, il a remis un
chèque de cinq cent millions pour les apporteurs de documents, selon les
instructions que le chef de l’Etat lui a données. Il m’a posé la
question si M. ADOYI n’a pas remis notre part à M. ASSOUMA, je lui ai
dit non.

Le Président ASSOUMA ne peut pas accepter de se mêler dans les jeux
de M. ADOYI, mais je vais lui demander. Et quand je lui ai demandé, il a
pris son téléphone, il a appelé le Commissaire Général et lui a dit de
quel argent il va prendre de M. ADOYI, que ce n’est pas lui qui a
apporté les preuves pour prendre cet argent, mais que lui, il lui
demandait chaque fois de voir le chef de l’Etat pour que les parts de
commission soient payées, ce que M. ADOYI n’a pas fait jusqu’à nos
jours. Selon les propos d’ADOYI, il n’est pas encore entré en possession
de notre commission. En fin de compte, c’est le Commissaire Général
ADEDJE qui nous a confirmé qu’il lui a remis un chèque de cinq cent
millions (500.000.000) pour notre premier dossier.

En décembre 2017, lors de notre dernière rencontre pour la finition
des travaux du dernier dossier de quarante-neuf milliards (49. 000. 000.
000) dans le bureau d’ADOYI en face de ses collaborateurs et mes
partenaires, voici les propos de menace que M. ADOYI tient à mon égard :
si ce n’est pas la faim qui dérange d’autres personnes, pourquoi
passent-ils de bureaux en bureaux pour parler de ce dossier ? Ils
pensent que c’est la fin du travail de leur vie. Vous êtes allé
plusieurs fois chez le Président ASSOUMA, qu’elle solution vous avez eue
? Vous êtes partis voir le Commissaire Général M. ADEDJE et si dans
tout ça vous n’avez pas eu de solution, vous devez savoir quel genre de
personne je suis. Si c’est dans les pays développés, je vais demander
qu’on vous élimine et l’on ne trouvera aucune goutte de sang; mais si on
n’arrive pas à vous éliminer, je vais vous coller une étiquette pour
qu’on vous envoie en prison et que vous n’allez jamais sortir.

Monsieur le Procureur, voici le service que j’ai rendu à mon pays et
qu’aujourd’hui, je ne peux pas aller librement en Côte d’Ivoire, et non
plus vivre en paix chez moi au Togo. Je n’ai pas voulu en tant qu’un
homme de ce régime qui lui a rendu service et les autres profitent de
mes retombées. C’est pourquoi je voudrais que nul ne soit au-dessus de
la loi et que la justice nous départage.

Je sollicite votre intervention, Monsieur le Procureur, pour que la justice soit faite.

Dans l’espoir d’une suite favorable, veuillez agréer, Monsieur le Procureur, l’expression de ma très haute considération.

Source: L’Alternative

Source : Togoweb.net