« L’expérience est une lanterne attachée dans le dos, qui n’éclaire que le chemin parcouru » Confucius
Un acteur politique réclame une trêve aux manifestations d’humeur du peuple sur les réseaux sociaux. Cet accompagnateur stipendié de la dictature au Togo exige la trêve sans questionner
l’origine du trouble. Sans blague ! Cynique M. Gogué fait de l’argument controuvé des « débordements » sur la toile l’origine des maux qui minent le Togo. Exit l’accablante inanité des manquements de l’opposition. Il s’exonère à bon compte des questions essentielles. Le peuple ne fait-il pas simplement le bilan des trente années de désastres que les leaders de l’opposition n’ont jamais voulu conduire ? Ne pointe-t-il pas justement la responsabilité des hommes qui ont fait profession de le représenter et qui ne lui ont apporté que trahison, ruine et désolation ? Ce peuple fatigué de discours politiques lénifiants souhaite juste donner congé à leurs auteurs afin qu’un autre soleil se lève sur sa destinée de nation. Il s’agit d’une manifestation normale de ceux à qui vous devez des comptes. Le peuple n’est en rien responsable du délitement de la lutte contre la dictature. Le responsable est l’opposition castratrice qui par ses reculades et sa proverbiale compromission a ouvert le champ à l’ignominie d’une gouvernance sanguinaire. Le tribunal de l’histoire saura s’en rappeler. Le peuple vous accorde volontiers la retraite M. Gogué, jamais la trêve.
Somme toute, la trêve n’est que l’épilogue de la forfaiture que M. Gogué a contribué activement à commettre contre le peuple le 20 février 2020. J’avais tracé le cheminement habituel de l’imposture électoraliste et mis au jour les étapes qui conduisent l’opposition togolaise à avaliser le crime et à proposer au peuple spolié de tourner la page. Le 15 décembre 2020 Révolution Togolaise / Le Tour de Garde : La Mort vous va si bien, j’écrivais ces lignes : « La valse des légitimateurs a bien recommencé. La prise d’assaut d’un certain espace médiatique complaisant et complice est en cours. Chacun y va de son indigeste logorrhée politique. Point de surprise pour l’observateur avisé. C’est la suite logique des élections frauduleuses dont le régime a le secret. Encore et toujours, il s’agit d’organiser un hold-up électoral avec des accompagnateurs stipendiés dont la mission est de légitimer le viol de la volonté souveraine du peuple. L’élection du 22 février 2020 n’échappe pas à la règle ».
Invité de l’émission l’autre journal de l’Alternative, M. Apévon a perfidement ironisé sur l’intérêt de réclamer la victoire du peuple aussi loin de l’élection. M. Gogué ne dit pas autre chose. M. Fabre parachèvera avec une hargne mal contenue l’entreprise de démolition de la DMK lors de ses vœux de la saint-Sylvestre. Ces personnages nous disent in fine qu’il faut non seulement normaliser le crime électoral, mais encore oublier leur rôle de complice. Aussi entonnent-ils en chœur l’habituelle antienne de l’union de l’opposition, avec les élections régionales en ligne de mire, sans jamais évoquer les ruines encore fumantes du dernier hold-up électoral qualifié par M. Apévon de « bizarrerie ». Autant dire que ces pseudo-opposants nous invitent à une nouvelle valse des cocus. Une galéjade. Ne nous leurrons pas, ils rebâtissent autour de leur véritable mandant de Lomé 2 la barrière de sécurité menacée par le réveil du peuple porté par une perceptible lame de fond. L’union de l’opposition qu’ils proposent n’a pas plus de chance de réussir que les précédentes. Les bases sont viciées et volontairement clivantes. Que vaut une union de l’opposition qui évacue l’épineux contentieux électoral en cours ? A quoi peut conduire une union des forces du changement qui tient à sa lisière le PNP et la DMK ? Une union de chevaux légers électoraux alliés à une société civile inféodée ne peut être qu’un écran de fumée destiné une fois encore à égarer le peuple. Au demeurant, ces acteurs politiques du passif savent qu’on ne peut résoudre un problème avec ceux qui l’ont créé. Ils n’ont aucun intérêt à venir au secours du peuple. Ils vivent de la dictature qu’ils servent avec zèle contre des ressources de sang « gagnées » sur le dos du contribuable. Cette engeance n’est qu’une « fabrication » de la France-Afrique pour soutenir le pillage du peuple. Fossoyeurs sans scrupule, ils attendent leur tour de passer sur le « trône » du contremaître en soignant la rondeur de leur ventre et l’épaisseur de leur porte-monnaie. Tant qu’ils sont dans les bonnes grâces de Paris tout va bien. C’est sur cette appartenance qu’il faut porter le regard et les coups du peuple. Leur mission c’est trahir le peuple au profit de Paris. Depuis le discours de La Baule, c’est le rôle assigné aux oppositions factices des pays du pré carré dans le cadre conceptuel d’un multipartisme pléthorique pour une démocratie factice. L’objectif étant de fragmenter les pays africains pour la domination et le pillage. Les peuples subjugués par la nouveauté n’ont pas vu le piège. Les leaders se sont multipliés à la tête de partis non viables, sans contenu idéologique, sans assise populaire, sans base électorale et presque toujours sans moyens. Le maître-mot devient l’alternance, de préférence avec l’appui de la France. L’alternative à une politique de maître à esclave n’est même pas envisagée. Vous chercherez en vain un parti politique qui a fait de la rupture des accords coloniaux l’idéologie de conquête du pouvoir. De même trouve-t-on rarement des regroupements qui bâtissent leur croissance sur la formation politique des militants. Il s’agit là pourtant d’une fonction essentielle des partis politiques.
Le parti politique au Togo est un centre de profit au bénéfice exclusif de son leader servi par des militants fanatisés et politiquement analphabètes. Le phénomène sectaire n’est pas loin. La violence verbale et les vaines rodomontades font office de discours politiques et de programmes de société. Demander l’idéologie de ces partis et vous serez surpris qu’elle ne se résume qu’à la pensée du chef. Le programme ? vacuité et inconsistance. Pas un mot sur la monnaie, les bases militaires, les accords et contrats léonins qui asservissent le peuple. Le gourou cherche-t-il à conquérir le pouvoir et à l’exercer ? Il est permis d’en douter. Une cogestion occulte basée sur la cooptation est préférée à une réelle démocratie électorale. Le deal consiste à faire écran à toute opposition sérieuse contre de substantiels revenus. L’esbroufe, la compromission et le culte de la personnalité sont portés au pinacle de l’expression politique.
Le peuple, las de se faire berner sait qu’il ne doit plus confier sa destinée à des hommes politiques aussi médiocres. Il attend le discours de vérité qui lui parlera de Lui et de Sa liberté. Il a prouvé son goût inextinguible de la liberté et a fait si souvent l’amère expérience de la trahison de leaders défaillants. Les rares, de l’étoffe de Sylvanus Olympio, sont étouffés par la dictature avec le concours de l’opposition participationniste.
On feint de s’étonner de la léthargie du peuple qu’on a délibérément renoncé à former politiquement. Abreuvé de la part la plus débilitante des réseaux sociaux, le peuple observe,
impavide, les voix qui s’élèvent pour porter sa souffrance et défendre son honneur s’éteindre dans des geôles assassines. À présent, ce peuple sait bien discerner les vraies étoiles dans l’obscurité de sa souffrance. Il attend l’heure d’une union réelle pour son affranchissement sous la forme d’un sommet tripartite entre la DMK, le PNP et le CAR. L’union mort-née des lampions et des loupiotes autour de l’ANC n’a pour seul horizon que la conquête pour elle-même de strapontins de sénateurs.
L’heure n’est plus aux sordides comptes d’apothicaires véreux.
Jean-Baptiste K
Source : 27Avril.com