En application des recommandations d’un accord intervenu, ce 30 décembre 2022, entre les centrales syndicales et les organisations patronales du Togo, le Ministre de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social a pris un arrêté le 31 décembre portant le SMIG de 35 000 F CFA à 52 500 F CFA, soit une augmentation de 50% (17 500 F CFA / mois).
Pour rappel, le SMIG (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti) est un salaire horaire minimum qui impose aux employeurs un plancher en dessous duquel le taux horaire salarial ne peut tomber. Le SMIG est fixé par le pouvoir exécutif (gouvernement) après un accord ou des consultations avec les syndicats des travailleurs et les organisations des employeurs.
Bloqué à 35 000 F CFA depuis une dizaine d’années (2012), le SMIG au Togo occupait le 13ème rang parmi ceux des 18 pays d’Afrique francophone. Gabon : 80 000 F (2006), Côte d’Ivoire : 60 000 F (2014), Tchad ; 60 000 F (2011), Sénégal : 47 000 F (1996), Bénin ; 40 000 F (2014), Burkina Faso : 32 000 F (2007), Niger : 30 047 F (2012), etc.
Il n’est nullement pas exagéré de dire que, depuis des décennies, les salariés togolais tirent littéralement le diable par la queue pour tenter de joindre les deux bouts du mois.
Toutefois, avec l’arrêté pris par le Ministre de la fonction publique au dernier jour de l’an 2022, les salariés togolais vont-ils, enfin, pouvoir s’offrir, au moins, un repas équilibré par jour ?
Les salariés togolais des secteurs publics et privés, qui subissent de plein fouet les conséquences de l’inflation (hausse généralisée des prix des biens de première nécessité) et de la récession économique mondiale, vont-ils voir leurs rémunérations mensuelles augmentées automatiquement grâce à cette revalorisation ?
Cette annonce de revalorisation du SMIG faite à la veille des élections régionales et législatives, prévues au Togo en 2023, risque-t-elle de connaître le même sort tragique réservé généralement aux promesses électorales ?
Comment les Togolais parviendraient-ils à oublier les promesses non tenues concernant la reconstruction du Grand marché de Lomé, la construction et la mise en service de l’hôpital Saint-Pérégrin (projet rebaptisé entre temps Dogta-Lafiè), etc. ?
Comment les ménages et les chefs d’entreprise togolais exsangues par une crise économique structurelle qui empêche la création et la redistribution des richesses et qui renforce les inégalités sociales au Togo vont-ils parvenir à financer les augmentations salariales décrétées par le gouvernement ?
Au milieu de toutes ces nombreuses questions insolubles que les Togolais sont en droit de se poser au sujet des retombées concrètes et tangibles de cette revalorisation du SMIG, une seule certitude s’impose : les Togolais sont réellement fatigués d’être abreuvés d’illusions et de promesses électoralistes alors qu’ils sont quotidiennement confrontés à des difficultés existentielles.
Kokou Philippe AMEDODJI
Liège – Belgique, le 2 janvier 2023
Source : icilome.com