Parce que beaucoup d’étudiants togolais bénéficiant de bourses à l’étranger ne reviennent pas au pays, une fois leurs études terminées, le ministère de l’Enseignement supérieur fera désormais signer aux apprenants en partance un engagement qui pourrait «amener l’Etat à exiger la restitution intégrale de frais de formation dont les apprenants ont bénéficié».
On peut comprendre le ministre Ihou Wateba qui voit en ce non-retour au pays d’origine un manque à gagner censé pourvoir le pays d’aussi bonnes compétences. Et quoi de plus raisonnable que de rentrer travailler au pays au sein duquel vous avez été ? Rien de bien naturel, en effet. Mais quelle garantie l’État propose en retour aux futurs boursiers qui, une fois rentrés, ne se sentiront pas lésés, sous-payés, ou moins appréciés à leur juste valeur qu’ils ne le seraient à l’étranger, au cas où ils y auraient fait leur carrière ?
À supposer qu’ils obtiendront un emploi d’office vu leurs compétences, le salaire à eux proposé aura de quoi leur faire oublier celui du pays d’accueil ? On n’oublie pas que la plupart des boursiers togolais quittent souvent le pays moins par souci d’études que par le désir de fuir une situation sociopolitique pas toujours enchanteresse. Dieu sait le nombre d’étudiants qui quittent le pays sous couleur d’études à l’étranger ! Certains veulent vraiment étudier à l’étranger certes, mais ils ne sont pas aussi nombreux que ceux qui partent à l’aventure.
En imposant cette clause, les autorités empêchent les concernés de vivre leur rêve et d’être libres. Elles n’ont nullement besoin de faire signer quelque engagement que ce soit à qui que ce soit. Qu’auront besoin les étudiants d’étudier à l’étranger, si le train de vie au pays est vivable ? Un bon système universitaire avec à la clé un travail et un salaire décents, vaut à lui seul tous les engagements du monde. S’il est optimal, bien qualifié et attractif à tous points de vue, il ne fera jamais prendre aux étudiants le chemin de l’étranger.
Il attirera de lui-même des étudiants d’autres pays, signe que le pays n’a rien à envier aux autres. Difficile de ne pas voir derrière cet engagement du ministre autre chose qu’une volonté de forcer la main aux apprenants dont le rêve est de s’épanouir avant tout. Plus qu’un désir patriotique, cet acte a comme un parfum de chantage.
Source : Journal « Le Correcteur » N°1060
Source : icilome.com