Réponse Critique à la « Lettre Ouverte à Toute La Classe Politique Togolaise » de Radjoul Mouhamadou, politologue blogueur.

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Réponse Critique à la « Lettre Ouverte à Toute La Classe Politique Togolaise » de Radjoul Mouhamadou, politologue blogueur.

Mr Radjoul Mouhamadou,

Sans cérémonial j’attaque votre texte tout de go. Vous avez écrit une mauvaise lettre avec un vocabulaire toutefois magnifique. Votre créature se dresse en notre face comme une belle demoiselle aux mœurs légères. Dans le contexte togolais actuel les canailles la chériront tant, mais les hommes de pudeur la détesteront et la repousseront avec hauteur.

Vous avez publié votre lettre hier vendredi 27 Juillet 2017 sur votre page https://radjoulmouhamadou. com/2018/07/27/togo-lettre-ouverte-a-toute-la-class et vous avez cité une dizaine de cosignataires dont quatre au moins sont connus dans le monde intellectuel ou dans la société civile togolaise. Nommons au moins parmi eux Sami Tchak, Tony Feda et Paul Amegankpo. A travers l’énumération de vos cosignataires, vous avez donc eu le souci d’apporter une « caution solide » à votre trouvaille que vous nommez « Consolidation Democratique ». Votre caution de dix pépites, soient-elles d’or, ne nous impressionne pas, et n’enchante pas la majorité du peuple togolais !

Ce que le peuple veut en cet instant précis c’est «  Une Transition Démocratique pour faire les Réformes Adéquates suivies des Elections Transparentes. Et qu’en plus en 2020 le président actuel ne se présente plus pour un quatrième mandat aberrant pour le bon sens dans le contexte togolais.

Donc votre trouvaille de ‘’Consolidation Démocratique’’ heurte la volonté profonde du peuple. Mon opinion sur votre lettre n’est pas singulière. Des multitudes de Togolais prennent la parole et la désapprouvent depuis hier. Et voici quelques réactions de citoyens qui veillent avec leurs plumes pour répondre en patriotes avisés aux essayistes et idéologues de votre carrure qui sont à l’évidence intelligents mais dont les thèses et les propos ne sont pas vraiment réfléchis en rapport avec la réalité locale et l’éthique universelle.

Je vous livre les réactions telles que lues dans la presse en ligne IciLome. com http://news.icilome. com/?idnews=851567&t=solution-a-la-crise–radjoul-mouhamadou-propose-un-gouvernement-de-consolidation-democratique- qui a eu la courtoisie de publier votre lettre ouverte à laquelle je réponds ici. Et aussi certaines réactions sur votre propre page en ligne.

1 – « Tout d’abord l’auteur- et ses Co-signataires – affirme qu’une période de transition ne s’instaure qu’après Le renversement du régime en place ou par accord Politique. Pour nous faire croire en ce mensonge il cite le cas du Burkina , de la Tunisie, de la Libye, et des pays Latino Américains.

Mais pourquoi oublie-t-il le cas le plus proche de Lomé, celui du Benin en 1990 qui contredit sa thèse. Le Benin a formé un gouvernement de transition après sa Conférence nationale et l’a bien réussi. Pour ne pas trop parler disons que le mal n’est pas plus dans l’appellation qu’on donne aux institutions que dans le caractère et l’esprit des gens qui Les animent. Au Togo nous sommes en présence de personnes réfractaires à toute évolution qui échappe à leur emprise de rongeurs parasite s … que cette évolution soit par transition ou par consolidation ou par union, dès qu’elles trouvent une faille pour la reverser par la force ou par la fraude elles le feront.

Donc si par souci de ne pas présenter un visage de « vaincu » en acceptant le gouvernement de transition revendiqué par le peuple, Faure et Les facilitateurs ont passé la commande d’un article de presse pour nous annoncer la couleur de leur trouvaille lexicologique pour nous enfumer, soit. Ils pensent avoir réussi un coup de ruse.

Mais ce n’est qu’un prolongement dans la crise. » 4Four. Celle là en haut cite le Benin pour vous désavouer.

2- « Il n’y a aucune fraîcheur dans l’idée d’un gouvernement de consolidation démocratique. Le Togo en a fait l’expérience sous des appellations diverses. Poser le problème en termes de ceux qui détiennent le pouvoir d’Etat et ce qui le convoitent est là aussi une erreur. Car, la réalité du pouvoir au Togo, n’est pas réellement au Togo. Les vrais détenteurs du pouvoir sont ailleurs.

Ainsi, le ‘socle commun’ qu’il faut devient la raison, la sagesse. Il faut une rupture qui ne condamne pas, mais qui distancie le passé en ouvrant sur structure nouvelle faite de sens. Le sens des mesures, la retenue de soi, l’humilité, tout ce qui favorise la concorde politique et la cohésion sociale. Il faut une rupture et cette rupture ne peut être vraie que si elle se matérialise par le départ de Faure Gnassingbé, qui avec son père, ont accumulé plus de cinquante de pouvoir. Un pouvoir qui représente la souffrance pour la grande majorité des Togolais. Il faut que la raison et la sagesse prévalent. Faure Gnassingbé doit partir et nous peuple Togolais devons pardonner les crimes de ce régime. » Clement Gavi

Celle-ci vous dit que la solution n’est pas dans l’appellation mais dans le comportement.

3 – « Mon cher Jay, tu as raison! Le pouvoir a eu plusieurs opportunités pour consolider la démocratie au Togo. Non seulement il n’a pas saisi ces opportunités, mais il a férocement combattu les porteurs de cette solution à la douce. Je pense notamment à Dahuku Péré à qui je souhaite un prompt rétablissement.  Il paraît que faurevi est prêt à quitter le pouvoir à condition qu’il soit remplacé par un membre d’Unir et que les chefs d’Etat d’Afrique Centrale viendront soutenir cette option. Je réponds »Trop tard ». Pourquoi ont-ils combattu alors Agbéyomé, Péré et Bodjona? On voit clairement QU’EN AUCUN CAS ils ne veulent pas quitter le pouvoir. Hi hi hi! » Noe Kutuklui

Et voici qu’on vous dit en haut que c’est trop tard, et en bas que vous tendez un piège au peuple togolais.

4 – « Lisez également les appréciations de la méthode Radjoul par un lecteur (RN).

Le piège est évidemment gros comme le nez au milieu du visage !

« Conscient qu’invoquer le sens commun, c’est-à-dire convoquer le « Nous » collectif, par ces temps d’exacerbation des différences et des préférences, où les uns et les autres rêvent plus d’en découdre que de converger politiquement, peut friser l’indécence ordinaire ou la mièvrerie politique ». Je confirme à l’auteur qu’il s’agit non seulement de mièvrerie politique mais également d’imposture. Lorsque le bon sens a quitté un esprit, s’il suffisait de l’invoquer pour qu’il regagne sa maison, le problème togolais serait réglé depuis. Modifier nuitamment la constitution, tuer des centaines de Togolais, voler des urnes, traficoter les résultats des urnes, les voler quand on ne peut les  traficoter, signer des accords et refuser de les appliquer ensuite en comptant sur l’oubli du peuple tout entier, emprisonner des manifestants quand ils se révoltent, interdire des manifestations, voilà la démocratie de Radjoul qu’il demande qu’on consolide! L’auteur de l’article est-il certain que c’est la démocratie qu’il veut qu’on consolide? L’équation togolaise n’a qu’un seul inconnu connu. On n’en a pas les moyens, c’est une chose, et c’est encore une chose davantage plus grande de le savoir. Créer de fausses équations et s’atteler à les résoudre ne résout pas la vraie équation qui reste pendante.

5- *Attention aux formules (indigestes) des apprentis « politiciens » !*

L’alternative à une transition démocratique (réclamée par le peuple et le bon sens d’ailleurs !) est un piège à l’innovation politique. Notre cher compatriote M. Radjoul Mouhamadou (dont nous n’aurons malheureusement pas le bonheur de connaître le pédigrée pour mieux juger de sa sincérité et impartialité !) propose, sous le prétexte flou du « sens du commun » de légitimiter la « democrature » de Faure. C’est tout de même une curieuse démarche intellectuelle du genre « oui mais », un peu sucré et un peu salé à la fois, le jour et la nuit en même temps, le bien et le mal ensemble. En somme une confusion des genres généralisée, dangereuse et hautement toxique pour la clarté et rigueur  !

Tenter de nous faire croire qu’un régime foncièrement réfractaire à toute réforme (constitutionnelle, institutionnelle et électorale) démocratique pourrait aider à conduire ces mêmes réformes qu’il combat (avec acharnement et mauvaise foi notoire !) depuis plus de cinq décennies est une posture (ou plutôt une imposture) qui choque le « bons sens » de tout observateur avisé de la scène politique au Togo.

Non, merci ! Les recommandations du « sens du commun » doivent être rejetées si nous voulons sortir durablement de la crise de la dictature au Togo. » AKP

Mr Mouhamadou, veillez apprécier nos réactions à la lumière de la raison critique et non pas seulement à la limite du sens commun. Nous vous prions d’allez donc au-delà de l’intelligence ordinaire.

New York, Le 28 Juillet 2018

Michel Kinvi
Sociologue Consultant, Essayiste engagé.

27Avril.com