Le Haut-Commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN) peut entamer enfin son programme de réparation des victimes. La cérémonie officielle de lancement de la mise en œuvre de ce programme de réparation a lieu ce matin à Lomé. C’était en présence du Premier ministre, Komi Sélom Klassou, du Mgr Nicodème Barrigah, des députés, des ambassadeurs résidant au Togo et des têtes couronnées.
Dans son discours de circonstance, la présidente du Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN), Awa Nana, est revenue sur la grande mission qui incombe à son institution. Celle de soulager les victimes et de permettre l’avancement des processus de réconciliation devant aboutir à l’unité nationale tant rêvée au Togo.
A en croire Madame la médiatrice de la République, cette réparation des victimes, considérée comme le troisième pilier de la Justice Transitionnelle après le droit à la vérité et le droit à la justice, est le résultat des investigations sérieuses menées par la CVJR après des auditions et dépositions faites par des citoyens ayant subi des préjudices suite aux troubles sociopolitiques qui ont émaillé le Togo dans la période comprise entre 1958 et 2005.
Et c’est ce résultat des travaux de la CVJR qui a conduit à accoucher ce programme de réparation regroupant ainsi les victimes des évènements en trois phases : la phase 1 : évènements de 1958 à 1962 ; la phase 2 : évènements de 1963 à 2004 ; la phase 3 : évènements de 2005.
Selon elle, sur les 22415 victimes recensées pour toutes les 3 périodes de 1958 à 2005, la seule phase 3 compte plus de 7000 victimes (7075 plus précisément). Et la totalité de « ces victimes sont en état de vulnérabilité nécessitant une prise en charge médicale urgente ».
« Les réparations de ces victimes sont aussi bien individuelles que collectives, directes qu’indirectes, matérielles que d’ordre pécuniaire, scolaire, mais surtout de nature symbolique ; nous sommes en matière de justice transitionnelle, rappelons-le, où les réparations immatérielles comptent beaucoup, telles la restauration de la dignité des victimes, la reconnaissance de leur statut, la réhabilitation, la restitution des biens et libertés…etc autant de droits que de garanties de non répétition requises », a-t-elle indiqué dans son allocution.
Et de poursuivre : « A l’étape actuelle de sa mission, le HCRRUN mesure les enjeux d’espoir ou d’incompréhension, d’adhésion ou de rejet selon que les attentes légitimes auront été satisfaites. Sur ce point, le HCRRUN affirme qu’il s’en tiendra à son cahier des charges pour dire qu’il exécutera le programme de réparations tel que élaboré, pour servir aux victimes les quantum de préjudices tels que y inscrits aux chiffres réels, prenant soin bien sûr de porter assistance aux victimes bénéficiaires par un service d’accompagnement médico-psychologique afin que ces victimes renouent un nouveau pacte de confiance avec l’Etat, pour se recréer elle-même ».
Plaçant ces réparations sur le sceau de la compassion et du symbolisme, le HCRRUN entend privilégier la démarche « inclusive et participative ». Des tournées d’informations et d’échanges avec les victimes et les populations dans tout le pays sont déjà programmées et seront suivies par l’étape ultime des indemnisations proprement dites.
Notons que cette première phase des indemnisations prendra en compte une partie des victimes des violences politiques de 2005. Sur les 7075, seules 2475 victimes dont les préjudices s’élèvent à moins de un million seront servies plus 126 cas urgents jugés vulnérables seront pris en charge. La somme déboursée pour cet premier volet de réparation des victimes est de 2 milliards FCFA.
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