Les travaux de réhabilitation et de rénovation du stade de Kegué à Lomé s’achèveront le 3 juillet prochain, selon l’ambassadeur de Chine au Togo Chao Weidong qui a effectué une visite d’inspection sur le site le 13 février dernier, en compagnie du ministre en charge des Sports Foly-Bazi Katari. Fruit de la coopération sino-togolaise, ce stade a été inauguré le 12 janvier 2000 par feu Gnassingbé Eyadema. D’une capacité de 30 000 places, la construction de ce stade dont le coût réel se déclinait en un montant élastique tantôt de 20 milliards, tantôt de 25 ou 30 milliards, n’a jamais été connue du public. Une chose est certaine ceux qui étaient sur le projet s’en était mis plein les poches à l’époque.
Le ministre de la Jeunesse et des Sports de l’époque, le sulfureux et liseur professionnel de motion, Ihou Agbogboli en avait profité pour ouvrir un chantier d’une résidence gigantesque dans la zone d’Avedji-Téléssou. L’ouvrage qui avait un aspect inachevé malgré le coût de construction très élevé était au cœur des polémiques. Après 18 ans d’activités sur le site, les autorités togolaises ont sollicité de nouveau la Chine pour sa rénovation. Voici l’article du site de propagande republicoftogo qui annonçait la rénovation : « Offert par la Chine il y a 18 ans, le stade de Kégué à Lomé – le plus grand du Togo – est actuellement réhabilité par ce pays. Une seconde jeunesse pour ce complexe qui a vieilli.
La pelouse, les vestiaires, les tribunes, les voies d’accès au stade ainsi que les différentes salles annexes sont en cours de rénovation pour un montant estimé à 30 millions de dollars. Vendredi, le ministre des Sports, Guy Lorenzo, et l’ambassadeur de Chine à Lomé, Liu Yuxi, (ndlr, l’ancien ambassadeur) ont effectué une visite de chantier. Les travaux devraient être achevés d’ici juin 2019 ». Ce sont ces travaux de rénovation et de réhabilitation qui s’achèvent le 3 juillet prochain.
Au départ, seuls l’Etat togolais et la Chine supervisaient les travaux, avant de solliciter la FTF (Fédération Togolaise de football) sur les questions de conformité avec les directives de la FIFA. Comme le souligne le site de propagande du pouvoir, 30 millions de dollars, soit 15 milliards de francs CFA sont engloutis dans ces travaux de rénovation. Une somme astronomique qui suscite des interrogations.
15 milliards de francs CFA pour des travaux inachevés
Selon le maitre d’ouvrage, la rénovation et la réhabilitation consiste en la réparation complète des infrastructures, la décoration intérieure des bâtiments, la rénovation du système électronique, la réhabilitation des routes extérieures, la mise en place d’une nouvelle pelouse et la réhabilitation des vestiaires. Les travaux énumérés peuvent-ils coûter la faramineuse somme de 15 milliards ? Ces milliards engloutis dans ces travaux ne suffisent-ils pas à construire un nouveau stade ? Quoi qu’il en soit le processus de réhabilitation est conduit dans une opacité totale et les travaux réalisés sont largement en deçà des attentes.
La Rédaction a fait un tour sur le site et ses environs, interrogé quelques spécialistes et des acteurs impliqués dans les travaux. Le constat est révoltant, à moins d’un mois de la fin des travaux. Il est surprenant d’apprendre que la rénovation en cours malgré les 15 milliards n’a pas prévu l’installation des sièges sur l’ensemble des tribunes; et pourtant, c’est une exigence de la FIFA. Selon les informations, les endroits où les sièges ont été arrachés lors des travaux, notamment la cabine de presse seront de nouveaux rééquipés. Pour le reste et la plus grande partie de stade, ce seront des tribunes sans sièges. Toujours à l’intérieur, les abords du stade lui-même ne sont pas aménagés.
Le pourtour Est vers la zone de la Poste et l’Ouest sont souvent des zones abandonnées laissées à la merci de la nature. Ces endroits sont souvent transformés en lieu de défécations à l’air libre par les usagers. Sur les lieux, aucune assurance n’est donnée que ces endroits seront réaménagés, soit pavés ou totalement asphaltés de manière à rendre le pourtour du stade totalement propre, comme on le voit dans d’autres pays.
A l’extérieur, on s’attendait à ce que la clôture du stade soit réaménagée, entièrement relevée à une hauteur raisonnable empêchant toute intrusion de l’extérieur. Mais les Chinois se sont contentés de mettre juste des barbelés sur l’ancienne clôture avec une couche de peinture. Tout le long de la clôture du stade est transformé en un dépotoir. La réhabilitation de la route Lomé-Vogan aurait pu permettre de paver le reste de la parcelle entre le goudron et la clôture ; rien ne semble être fait dans ce sens. Il en est de même du reste de la clôture du terrain jonchée par les ordures.
L’aménagement extérieur devrait normalement ouvrir des voies pavées ou goudronnées tout autour du terrain afin de rendre toute la zone propre.
Somme toute, le processus de rénovation de ce stade évalué à 15 milliards est un scandale. C’est encore plus un scandale lorsqu’on se rend sur les lieux pour apprécier l’état du stade et ses alentours. Le plus révoltant à chaque fois qu’on se lance dans ces genres de travaux, c’est le volet propreté. Les gouvernants togolais agissent comme s’ils ne savent pas apprécier ce qui est beau. Ils sont habitués à parcourir les plus grands et luxueux hôtels du monde, mais une fois chez eux, ils réalisent des travaux qui n’allient pas la beauté, l’esthétique et la propreté.
Les toilettes du stade de Kegue étaient devenues plus qu’une porcherie, et ce sont les confrères du Ghana à la suite d’un match avec les Blacks Stars qui ont pris ces images puantes et les ont diffusées partout et sur les réseaux sociaux. C était une honte pour les Togolais. Il est inadmissible que l’on débloque 15 milliards pour la rénovation d’un stade et qu’on se retrouve dans un environnement sale, avec des voies poussiéreuses, une clôture inadaptée et, le comble, des tribunes sans chaises.
Il suffit de faire un tour aujourd’hui au Cameroun, en Côte d’ivoire et au Ghana pour apprécier la beauté architecturale des stades en construction ou la propreté de ceux qui existent déjà. Qu’avons-nous fait pour baigner dans autant de médiocrité et de saleté?
Il importe de faire la lumière sur l’usage des 15 milliards dont une allée est certainement partie dans les poches des coupeurs de route officiels et des Chinois eux-mêmes qui s’adonnent à la corruption à haute dose sous les tropiques.
Source : www.icilome.com