Quelle gouvernance pour un Togo meilleur ? C’est la question principale autour de laquelle se sont regroupés des acteurs de différentes organisations de la société civile, cadres, autorités politiques, administratives et religieuses, ainsi que les filles et fils de la préfecture de Kloto, lors de la 2ème édition des rencontres citoyennes organisées par les Universités Sociales du Togo (UST). C’était les 23 et 24 aout derniers à Kpalimé. Une rencontre qui se veut un cadre pour donner l’opportunité aux natifs de la localité de pouvoir s’exprimer et réfléchir ensemble pour le développement de la préfecture.
Avec pour thème principal « Gouvernance partagée pour un développement humain », Cette deuxième édition, comme la première, s’inscrit dans la droite ligne des objectifs poursuivis par les UST, notamment informer et former le citoyen à exercer son droit de contrôle citoyen, proposer des analyses critiques des problèmes actuels du Togo, de l’Afrique et du monde, œuvrer pour la bonne gouvernance et promouvoir un Etat de droit et l’avènement d’une vraie démocratie. « Elle se veut un cadre d’échanges non hiérarchisé et cloisonné, l’expression des citoyens par les citoyens et pour les citoyens », a souligné Pr David Dosseh, Coordonnateur des UST.
Pour le Pr Dosseh, nos sociétés deviennent de plus en plus inégalitaires et il est donc primordial, surtout dans ce nouveau processus de décentralisation où chaque commune doit se prendre en charge, que « nos communautés fassent une véritable appropriation de toutes les questions qui touchent au développement de leur commune ».
Une conférence inaugurale portant sur le thème principal, « Gouvernance partagée pour un développement humain », donnée par M. Roger Folikoué, Professeur de Philosophie à l’UL, membre de la coordination des UST et 3 panels portant sur différents domaines touchant au développement de la ville de Kpalimé, en l’occurrence, le tourisme, l’agriculture et l’emploi, ont meublé les deux jours de la rencontre. Selon M. Roger Folikoué, pour trouver des solutions aux problèmes de nos communautés, « il faut que chaque individu change de paradigme, c’est-à-dire passer du paradigme du gouvernant tout puissant au paradigme de la gouvernance partagée ».
Dans ce premier paradigme, explique-t-il, c’est la domination du pouvoir central, les gouvernés confient tout aux gouvernants et attendent que tout vienne d’en haut, ils sont plus attentistes et spectateurs du développement. Continuer avec ce paradigme, c’est opter pour la dépendance totale et l’immobilisme, a souligné M. Folikoué.
Le second, la gouvernance partagée, conduit à la recherche d’une vision partagée. « Il appelle à une collaboration et à une coopération, à l’idée d’être avec les autres et agir avec eux et met au centre de toute action la reconnaissance de l’autre. La domination du pouvoir central disparaît au profit d’une gouvernance où chaque citoyen est acteur du développement de sa communauté », a-t-il développé. « Ce paradigme repose sur la coresponsabilité et conduit à une idée révolutionnaire selon laquelle chacun est une condition de possibilité de la réussite de l’ensemble social auquel il appartient », a-t-il ajouté.
Cependant, a rappelé M. Folikoué, c’est une œuvre de déconstruction qui a des enjeux. Pas de changement en profondeur sans conversion intérieure et pour cela, il nous faut changer de mode d’être, changer de mode de production, changer de mode de consommation, changer de type d’économie, changer de mode d’habiter la terre, changer de vision et changer de mode de gouvernance.
Suite aux différents exposés et explications données par les membres des Universités Sociales du Togo et d’autres acteurs invités pour la circonstance, les citoyens de Kpalimé ont eu droit à un débat ouvert concernant le développement de Kpalimé, où ils ont eu l’occasion d’exposer tous les problèmes rencontrés dans la localité dans tous les domaines, en présence du préfet de la préfecture de Kloto, du procureur près le Tribunal de première instance de Kpalimé et d’autres autorités administratives du milieu.
Des recommandations seront tirées, ensemble avec les citoyens de la localité. Lesquelles seront par la suite adressées aux autorités locales et suffisamment vulgarisées au sein de la communauté afin qu’elles puissent être mises en œuvre. Des activités culturelles avec des concerts live, des expositions-ventes ont également été au menu des assises de Kpalimé.
Les Universités Sociales du Togo sont nées en octobre 2016 lors de leur premier rassemblement autour du thème « Justice et Equité sociales, regards croisés des acteurs », qui a eu lieu à Lomé. Elles regorgent plusieurs organisations de la société civile, comme, l’APED-Togo, l’ASATEPT, l’ATDPDH, l’ATTAC Togo, l’ASVITTO, CACIT, FTBC, la LCT, Le Rameau de Jessé, le MAPTO, le MMLK, le Mouvement Nubueke, le Mouvement Winiga, le MPA, le RNMAPS Togo, le SADD, le SAINTJOP, la STT, Sursaut Patriotique Togo, le SYNPHOT… ainsi qu’une dizaine de citoyens engagés et de nombreux sympathisants et interviennent dans les domaines de la démocratie, de la bonne gouvernance, des droits de l’homme, de l’éducation, de la santé, de l’économie, des Droits Economiques Sociaux et Culturels (DESC), des Droits Civils et Politiques (DCP), de la souveraineté alimentaire, de la justice et de l’équités sociale.
S.A
Source : Liberté
27Avril.com