Une délégation de la CEDEAO conduite par
le Général Béhanzin est arrivée à Lomé dans le cadre d’une mission d’évaluation
préélectorale et consulte les différents acteurs de la scène politique. Ce
mardi 10 décembre 2019, elle a rencontré la Coalition de l’opposition C14 et le
Front Citoyen Togo Debout qui ont rendu publics des communiqués afin de situer
l’opinion sur les discussions qu’ils ont eues avec les émissaires de la CEDEAO.
D’après son compte-rendu, la C14 a
réitéré son engagement pour une alternance pacifique par les urnes. Elle a donc
insisté sur les exigences des populations togolaises en vue de l’organisation
d’une élection présidentielle libre, équitable et apaisée. Exigences relatives
au fichier électoral et son audit par une organisation internationale, à la
recomposition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ainsi
que ses démembrements, à la recomposition de la Cour Constitutionnelle, au
renforcement du système de sécurisation et d’authentification des bulletins de
vote et à l’arrêt des violences, des violations répétées des droits de l’homme
et de la stigmatisation d’une ethnie et d’une religion dans la vie politique
nationale.
L’autre sujet évoqué par le regroupement
politique dirigé par Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson avec la délégation de
la CEDEAO est la candidature de Faure Gnassingbé pour la présidentielle de 2020
après 15 ans à la tête du pays. La C14 a martelé, comme le pense la majorité
des Togolais, que « cette
participation est inopportune après bientôt six décennies de règne de la
famille dont il est issu ». Mme Adjamagbo et les siens ont donc appelé
la CEDEAO à œuvrer pour une non candidature de Faure Gnassingbé.
En 2018, l’institution régionale a mené
une mission d’expertise électorale qui a audité le fichier électoral.
Malheureusement, l’organisation ouest-africaine, dans sa logique de
complaisance à l’égard du pouvoir dictatorial de Lomé, n’a pas publié le
rapport. « La C14 a réitéré son
étonnement face au refus persistant de la CEDEAO à publier ou à mettre à la disposition des acteurs politiques le
rapport de l’audit du fichier électoral (2018) », lit-on dans le
communiqué.
Consciente du parti pris manifeste de la
CEDEAO, la C14 a invité la délégation « à faire preuve d’impartialité, à être à l’écoute de l’immense majorité
des Togolais et à prendre conscience du discrédit qui frappe l’Institution
sous-régionale suite à son incapacité à régler correctement les crises dans la
région en général et sa complaisance face au régime togolais en particulier ».
La C14 martèle qu’elle n’entend en
aucune manière cautionner la mascarade et frauduleuse élection présidentielle
en préparation par le pouvoir. Un appel est lancé à tous les Togolais de
l’intérieur comme de l’extérieur à
rester mobilisés pour l’obtention des conditions d’organisation d’une élection
présidentielle transparente et équitable en 2020 au Togo.
De son côté, le Front Citoyen Togo
Debout souligne, à l’issue de la rencontre avec la délégation, qu’il est de
toute évidence que des leçons doivent être tirées du passé. Allusion faite à la
complicité de la CEDEAO dans les événements de 2018. « Et si la CEDEAO veut vraiment apparaitre
comme une institution non inféodée, elle a l’obligation de présenter un autre
visage en 2020 pour les élections présidentielles qui arrivent. Voilà pourquoi
le Front Citoyen « Togo Debout » a rappelé à la délégation de la CEDEAO que :
«Ce qui pose problème au Togo, ce ne sont pas les élections comme mode de
désignation d’un candidat et de régulation de la nation, mais les conditions
desdites élections » », indiqué le communiqué de Togo Debout.
A la délégation conduite par le
diplomate béninois Béhanzin, Togo Debout rappelle que le peuple togolais ne
pourra plus admettre les mascarades d’élections. Malheureusement, « le processus tel qu’il a déjà commencé et se
poursuit n’est aucunement différent des précédents. La CEDEAO va-t-elle encore
jouer ce rôle de non-assistance à personne et à pays en danger et refaire le
choix d’un silence complice comme en 2005 et en 2018 ? », s’interroge
Togo Debout qui dénonce l’implication de la très controversée société ZETES
dans les préparatifs de la présidentielle de 2020, notamment ses travaux sur le
fichier électoral.
Le Front Citoyen «Togo Debout» a redit
clairement à la délégation de la CEDEAO les conditions minimales pour une élection
transparente en 2020. Ce sont la disposition d’un fichier électoral fiable,
crédible et disponible à tous les acteurs, la recomposition de la CENI et de
ses démembrements et la proclamation des résultats bureau de vote par bureau de
vote.
En réitérant à la délégation son
adhésion aux principes de la non-violence, Togo Debout rappelle à la CEDEAO que
son silence coupable est aussi une forme de violence et quand la violence est
du côté des institutions nationales ou internationales, on peut se demander qui
opte vraiment pour la non-violence. « La
CEDEAO, en effet, n’avait rien dit sur les miliciens et ne dit rien sur la
récidive de l’état de siège imposé aux habitants de Sokodé, Bafilo, Tchamba,
Mango et à une partie de Lomé, Agoé. Est-ce ainsi que la CEDEAO conçoit la
situation de paix dans un Etat membre ? », se demande Togo Debout.
« Le Front Citoyen « Togo Debout » appelle en conséquence tous les
citoyens à la vigilance, à la détermination car, souligne le communiqué, le statu quo qui maintient le peuple
togolais en souffrance ne peut plus durer. Le changement devient inéluctable et
incontournable en 2020 ».
En revoyant certaines figures de la délégation de la CEDEAO dans un contexte similaire à celui de 2018 avant les législatives où le comité de suivi avait rencontré différentes organisations sans rien changer à sa vision, Togo Debout « demande à l’actuelle délégation de vraiment prendre, cette fois-ci, la vraie température de la situation afin de ne pas être à nouveau responsable devant l’Histoire : sa crédibilité en dépend ».
G.A
source : Liberté
Source : TogoActu24.com