On ne le dira jamais assez, le seul programme de société auquel le régime Faure Gnassingbé reste fidèle, c’est la conservation du pouvoir à tout prix. Cela se traduit dans son refus de mettre en œuvre les réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales prescrites par l’Accord politique global (APG) qui a légitimé Faure Gnassingbé en août 2006.
Le récent dilatoire des députés UNIR à la Commission des Lois constitutionnelles de l’Assemblée nationale en est la preuve. Et, dans la suite des choses, le président du groupe parlementaire UNIR, Christophe Tchao, celui-là même qui reste fidèle aux scandales par ses sorties médiatiques, vient déclarer qu’il faut remettre le compteur à zéro. Autrement dit, permettre encore à Faure Gnassingbé de briguer deux autres mandats, en dehors des trois quinquennats de 5 ans chacun qu’il est en train de boucler.
« Le parti au pouvoir, Union pour la République (UNIR) et le gouvernement veulent les réformes, mais dans un cadre consensuel, et nous voulons un texte impersonnel. Les réformes ne veulent pas dire faire partir x ou y, c’est mettre le compteur à zéro », a-t-il laissé entendre mardi, dans une émission sur une radio de la place.
Pour nombre d’observateurs, ce monsieur est en train de lancer des incantations dont lui-même ne comprend pas grand-chose. A l’en croire, Faure Gnassingbé doit faire encore dix (10) ans, après 2020, pendant que tout le peuple réclame les réformes, et donc une alternance à la tête du pays. « Je vois par là que ce monsieur n’est pas conséquent avec lui-même. D’ailleurs, il ne défend pas les intérêts des Togolais, ni même du chef de l’Etat. Il est préoccupé par ses propres intérêts. Je ne sais pas si je dois appeler ça de la mauvaise foi », s’est indigné Prof Komi Wolou, Président du Pacte socialiste pour le renouveau (PSR).
Si des gens comme Christophe Tchao, président d’un groupe parlementaire pense que les réformes que réclament 85% des Togolais sont dirigées contre Faure Gnassingbé, alors il y a péril en la demeure. Aujourd’hui, les Togolais veulent des élections transparentes, justes et équitables, des institutions fortes et crédibles qui puissent mettre en confiance les citoyens, une gouvernance claire et exemplaire, avec en toile de fond l’instauration d’une véritable démocratie. Voilà le sens des réformes. Mais comme tout cela n’existe pas dans l’agenda du parti au pouvoir, alors tout est contre lui.
En outre, Christophe Tchao semble prendre les Togolais pour des abrutis. Cet ancien ministre des Sports se voit obligé de faire des jeux de mots. Il parle de l’« ajournement » de la proposition de loi de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et de l’Alliance des démocrates pour le développement intégral (ADDI). Or, tout Togolais averti sait ce qui se cache derrière ce mot ou ce qu’il signifie dans le langage d’UNIR. Surtout quand on connaît les tractations de ces députés pour rejeter cette proposition de lois. Pour lui, seul le texte qui sera proposé par la Commission de réflexion sur les réformes, un autre machin créé par son champion Faure Gnassingbé et dans laquelle se retrouvent ceux qui peuvent être facilement manipulés, sera pris en compte à l’Assemblée nationale. « En ce moment, il y aura deux possibilités. Si leurs préoccupations (Ndlr, la proposition de l’ANC et de l’ADDI) sont prises en compte dans ce document, tant mieux. Sinon, on ressort la proposition pour la faire intégrer dans le document qui sera présenté par le gouvernement », a-t-il affirmé. Cette position de Christophe Tchao est extraordinairement surprenante dans la mesure où ce monsieur affiche son incurie vis-à-vis des institutions de la République. Si on le comprend bien, la commission de réflexion passe avant l’Assemblée nationale, une institution à laquelle lui-même appartient.
Faure Gnassingbé, le champion d’UNIR
Ce n’est donc pas la première fois, le débat sur le sort de Faure Gnassingbé revient toujours au devant de la scène lorsqu’on évoque les réformes. Au parti au pouvoir, il n’y a pas de débat, on ne discute pas, tout se résume à Faure Gnassingbé. Il n’y a pas plus intelligent que le fils du père, au point où on ramène à sa personne les réformes qui peuvent décrisper le climat politique et permettre à tout un peuple de se libérer et de vivre son développement. Même les députés (UNIR) ne sont pas capables, à un moment donné, de dire ça suffit à tout ce spectacle que l’Assemblée nationale fait voir à tout le monde entier. Et pourtant, pris individuellement et hors micros, ils reconnaissent que ces réformes ne peuvent que faire du bien à pays et au peuple. « Je ne les comprends pas. Je ne sais pas pourquoi ils n’ont pas le courage de dire les choses qu’ils pensent. Cependant, quand on les rencontre dans les coulisses, ils affirment que c’est ce qui est bien que nous réclamons », a confié Prof Komi Wolou.
Et au lieu d’avoir ce courage, ce sont des incantations que le président du groupe parlementaire de la majorité a servies à l’opinion, croyant convaincre quelqu’un avec ses arguments tirés par les cheveux. C’est tout simplement triste pour ce pays.
www.icilome.com