C’est un secret de polichinelle, Faure Gnassingbé s’inscrit toujours dans sa logique de gouvernance à vie et gagne du temps jour après jour sur les questions des réformes Constitutionnelles et Institutionnelles prescrites par l’Accord politique global (APG) appuyées par les recommandations de la Commission vérité justice et réconciliation(CVJR) de Monseigneur Anani Nicodème Benissan-Barrigah.
Cette volonté du Chef de l’Etat, Faure Gnassingbé à ne pas opérer les réformes politiques a été affichée au terme du compte rendu qui a sanctionné le tout premier conseil des ministres de cette année nouvelle de 2017 qu’il a présidé hier mardi 03 Janvier 2017.
Selon les termes du communiqué, le gouvernement dit prendre des mesures importantes pour cette année 2017. Et parmi ces mesures qualifiées d’importantes, certaines touches la vie socio-économique notamment contre la corruption, la relance de l’économie et sur d’autres plans sur les questions liées aux réformes politiques dont notamment celles qui concernent Constitution togolaise et les Institutions de la République.
Sur ce dernier volet, le Chef de l’Etat met en place une commission dont la mission est de réfléchir et faire des propositions sur le type de réformes Constitutionnelles et Institutionnelles à opérer. Une diversion qui ne dit pas son nom de l’avis de l’opinion qui très vite a compris le jeu du pouvoir incarné par Faure Gnassingbé dont son ambition première est de s’éterniser au pouvoir.
Et dans cette commission sans respecter l’esprit de consensus préconisé par l’APG dans la mise en œuvre des réformes politique précédemment citées, Faure Gnassingbé choisi ses hommes de main à l’instar de :
- l’ancien Premier ministre, Séléagodji Athème Ahumez-Zunu, celui là qui a dirigé les travaux sur la décentralisation du 06 Décembre dernier à l’Hôtel Sarakawa à Lomé,
- l’ancien ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances, Adji Othet Ayassor, débarqué entre du gouvernement puis nommé récemment Conseiller à la présidence de la République,
- les Professeurs des Universités du Togo, Kokoroko Dodji, Adama Kpodar , Batchana ,
- l’ancien ministre de la Santé, David Ihou qui lui depuis son retour de l’exil politique, il ne fait que s’attaquer à ces amis de l’opposition. Il servit comme quoi quand on insulte les opposants, on est bien servit.
Tous ces membres sont connus pour leur soutien au régime cinquantenaire du père au fils en place au Togo.
A la tête de cette commission, Mme Awa Nana Dabouya, Présidente du HCRRUN, Médiatrice de la République, aussi qu’on ne présente plus eu égard à ses soutiens massifs à ce régime. Il ne sera pas surprenant que les propositions qui seront faites par cette commission ne changent rien des aspirations du peuples togolais.
A 98,11% de voix, le peuple togolais s’est déjà prononcé lors du Référendum de 1992 sur le type régime politique, le mode de scrutin et la limitation du mandat présidentiel. Le clan au pouvoir sous contrôle de Gnassingbé père s’est permis d’effacer les aspirations de tout un peuple pour imposer aujourd’hui sa suprématie comme bon lui semble. De dialogue en dialogue, d’accords en accords mais au finish, Faure ne veut rien lâcher. Il se lance dans une nouvelle trouvaille pour gagner du temps et jouer avec son opposition.
Mais à voir la composition cette commission, on peut déduire aisément que Faure Gnassingbé se lance dans la provocation. En effet on sait que de par le passé, des différents accords auxquels sont parvenus les acteurs politiques notamment ceux de l’opposition et du pouvoir sur ces questions de réformes politiques, un large consensus s’est dégagé; lors des différentes discussions à l’Accord politique global (APG), les différents cadres permanents de dialogue et de concertation (CPDC), Togo Telecom, l’atelier du Haut commissariat à réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN) auquel ont pris part les différentes couches de la vie publique du pays il y a plus cinq mois sur la limitation du mandat présidentiel à deux, le mode de scrutin en uninominal majoritaire à deux tours et la recomposition des organes institutionnels notamment ceux qui interviennent dans les élections au Togo qui ont un penchant pour le camp présidentiel depuis des décennies.
Sur ces questions là, on ne peut plus trouver à redire étant donné que c’est Faure Gnassingbé même qui a renvoié les questions de reformes au consensus entre les partis. Pour preuve, lorsque le Chef de file Jean-Pierre Fabre l’a rencontré, on s’en souvient qu’il l’a renvoyé ce dernier vers l’Assemblée nationale en arguant qu’ils allaient trouver de consensus là pour opérer les réformes puisque c’est le lieu par excellence pour l’adoption de la loi. Alors qu’il [Faure Gnassingbé] savait qu’aucun consensus ne pourrait jamais être trouvé au parlement entre les élus qui ne se comprennent pas sur le minimum qui touche l’intérêt général et les aspirations du peuple togolais. Le projet de loi que son propre gouvernement avec à sa tête le même Séléagodji Athème Ahumez-Zunu, aujourd’hui membre de cette nouvelle commission, avait envoyé en son temps à l’Assemblée avait été rejetée par le groupe parlementaire UNIR, sa propre majorité.
Cette commission de réflexion est de la poudre aux yeux. Et Faure Gnassingbé et son équipe, qui prennent les autres pour des idiots et des cons, le savent parfaitement. Cette commission, c’est de la duplicité pour gagner du temps. Du dilatoire. Faure Gnassingbé a déjà déclaré auprès de nos confrères en Allemagne que la question de limitation du mandat présidentiel est une question d‘enjeu du pouvoir et qu’il allait se référer aux intellectuels et universitaires du pays. Ce qui veut dire dans son entendement que pour limiter le mandat présidentiel, il faut réfléchir pour voir si c’est bon ou ce n’est pas bon.
L’enjeu du pouvoir, Faure Gnassingbé l’a déjà dit. C’est une question de rapport de force si vous voulez qu’il quitte le pouvoir. Il y a plus d’autres manières pour l’exprimer. Sinon comment peut-on comprendre sur la base de la démarche que certains trouvent déjà bon, qu’on va mettre une commission en place pour réfléchir sur l’avenir du Togo sans tenir compte des différentes couches du pays, notamment les différents bords politiques, les organisations de la société civiles, les religieux, les syndicats etc pour débattre de la question.
Tout le monde sait que c’est de la duperie pour gagner du temps. Il est inconcevable qu’on puisse coopter des gens de la même formation politique (UNIR) pour dire qu’on veut réfléchir sur une question aussi importante de la vie de la nation. Si tant est que c’est uniquement les universitaires qui intéressent ce débat, alors pourquoi ne pas prendre des Professeurs de droit comme Komi Wolou, chef de département de droit à l’université de Lomé, des Historiens comme Professeur Michel Gué-Akué, Professeurs en Philosophie politique comme Magloire Kokouvi pour ne citer que ceux là ?
Faure Gnassingbé sait là où il veut aller avec sa commission qui vraisemblablement va travailler pendant des mois ou années pour proposer après un texte, un avant projet de Constitution, pour aller au Référendum puis rentrer dans la 5ème République pour effacer la durer de mandats que Faure Gnassingbé a passé au pouvoir pour recommencer à zéro. Mourir au pouvoir, c’est le désir suprême. Personne n’est dupe ! Faure Gnassingbé met en place la commission de réflexion et de proposition de réformes Constitutionnelles et Institutionnelles pour créer d’autres problèmes au pays.
Déjà, des voix s’élèvent dans l’opposition pour créer une synergie d’action contre ce régime qui continue de narguer tout un peuple. Des mouvements sont annoncés déjà dans les jours à venir pour contraindre dans un rapport de force Faure Gnassingbé et son pouvoir à attendre raison.
Au Benin voisin, Patrice Athanase Talon n’est pas mis du temps une fois arrivé au pouvoir pour mettre en place une commission qui a regroupé les parties sur la question des réformes qu’il a promises d’opérer une fois élu. Et cette commission a bouclé son travail depuis et remis son rapport. Lentement mais surement, Patrice Talon pose des jalons au Bénin et rassure qu’il ne fera qu’un seul mandat de cinq ans. Parole d’un grand homme politique. Faure Gnassingbé veut s’éterniser au pouvoir dans une gestion calamiteuse et chaotique qui prolonge les populations dans le désarroi complet.
Plus rien ne peut arrêter Faure Gnassingbé dans sa logique de gouvernance à vie. Ces intentions, il les a aussi affichées devant ses pairs de la CEDEAO à Accra au Ghana ensemble avec Yahya Jammeh, l’autre cas, sur la limitation de mandat présidentiel que les pays membres voulaient insérer dans le protocole additionnel comme principe sur la bonne gouvernance dans l’espace sous régional.
Il revient au peuple togolais seul maître de son destin de dire assez à ce régime pour écrire une nouvelle page de l’histoire pour son pays.
Source : Togovisions
Titre : 27avril.com
27Avril.com