Réformes politiques, APG, Fabre, Atchadam, UNIR: Gilbert Bawara se livre et clarifie Featured

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A l’occasion d’une discussion à bâton rompu avec un petit groupe de journalistes, Gilbert Bawara, qui précisait qu’il s’exprime comme simple citoyen et surtout militant et cadre du parti présidentiel UNIR et que ses points de vue n’engagent pas le gouvernement dont il est pourtant un des membres éminents, est revenu sur plusieurs sujets de l’actualité. De l’Accord Politique Global (APG) aux récentes manifestations et tensions politiques en passant par la question du chef de file de l’opposition ou le travail de la Commission Awa-Nana, il se prononce sans détour et donne son point de vue.

D’abord concernant l’APG, Gilbert Bawara rappelle le contexte de l’époque, caractérisé par une situation de crise et estime que ce compromis politique a été obtenu grâce à la ténacité et à la persévérance de Faure Gnassingbé.  Puis il égrène pêle-mêle les différentes initiatives et actions du président togolais, notamment les contacts de juillet 2005 à Rome avec l’UFC par l’intermédiaire de la communauté catholique Sant’Egidio, la relance d’un dialogue structuré sur la base d’un agenda concerté en novembre 2005 puis en avril 2006, la mise en place d’un bureau du dialogue dirigé par Me Agboyigbo, sans oublier les mesures de décrispation qui constituent, selon lui, une illustration des actes posés par le Chef de l’Etat pour rendre le dialogue possible et pour favoriser son aboutissement heureux.

L’APG, une référence morale et politique… mais pas une Bible

Gilbert Bawara dit noter avec amusement la fixation de certains acteurs politiques concernant l’APG et estime que ceux qui, opportunément sont aujourd’hui les chantres de l’APG, n’en furent pas nécessairement des artisans actifs, faisant ainsi allusion à l’attitude préjudiciable au lendemain de la signature de l’accord de certains responsables actuels de l’ANC, pendant qu’ils étaient aux manettes de l’UFC.

Pour lui, l’APG a grandement contribué à la normalisation de la vie politique, grâce aux nombreuses mesures d’apaisement, de confiance et de sécurité décidées dans la foulée par Faure Gnassingbé pour favoriser le retour des personnes déplacées et des réfugiés occasionnés par les violences post-électorales d’avril 2005 et aux réformes réalisées.

Le ministre Bawara avance que des rues de Lomé ont été rebaptisées ; des dates historiques restaurées ; la mémoire du Père de l’indépendance et de nombreuses autres personnalités ayant contribué à l’essor du pays a été honorée ou réhabilitée. Il égrène également la réforme et l’équipement de la police et de la gendarmerie pour mieux assurer le maintien de l’ordre, la recomposition de la Cour constitutionnelle et d’autres institutions de régulation, le remaniement du cadre électoral remanié avec l’adoption d’un nouveau mode de scrutin consensuel pour les élections législatives et une CENI équilibrée pour organiser le scrutin d’octobre 2007.

« Les objectifs et résultats ont été pleinement réalisés », souligne-il avant d’ajouter que « l’APG continue d’être une référence morale et politique ». Toutefois, le ministre indique qu’on ne doit pas en faire un dogme, d’autant plus que le contexte et même le paysage politique ont considérablement évolué.

Gilbert Bawara martèle que « C’est une imposture et une supercherie de faire croire, faussement, à la population que l’APG contient des solutions toutes faites à la question des réformes politiques ». Pour lui, cet Accord énumère simplement une liste indicative de sujets pouvant faire l’objet de réformes sans toutefois prescrire le contenu de ces réformes à opérer. Enfin, notre interlocuteur estime que le consensus doit être recherché dans le cadre et dans le respect des règles constitutionnelles et démocratiques, et se refléter soit dans un vote majoritaire au parlement ou à l’issue d’un référendum selon les conditions prévues par la Constitution.

Pour finir sur ce sujet, notre interlocuteur assène que « les différents scrutins électoraux intervenus depuis la signature de l’APG ont un sens et une portée. Ces élections confèrent, selon lui, une légitimité incontestable et incontestée aux députés pris individuellement, à commencer par l’Assemblée nationale ainsi qu’au Président de la République dont la légitimité ne souffre d’aucun débat.

M. Bawara admet que le dialogue et la concertation restent une exigence essentielle dans toutes les démocraties ; mais que ne constituent pas un substitut aux règles et aux principes constitutionnels et démocratiques. Pour lui, la volonté de dialogue ne donne le droit à personne de prendre le pays en otage.

Les réformes seront réalisées par les voies autorisées par la Constitution

Sur le sujet des réformes constitutionnelles, Gilbert Bawara demande de laisser la Commission Awa Nana-Daboya aller au terme de son travail et rendre ses conclusions afin de réaliser les réformes par les voies autorisées par la Constitution.

« La création de cette Commission est en conformité avec les recommandations de la CVJR et elle consacre la possibilité d’un large débat associant non seulement les acteurs politiques, y compris les partis politiques extraparlementaires, mais aussi toutes les autres composantes et les forces vives du pays, voire les citoyens qui s’expriment d’ailleurs librement à l’occasion de la tournée de terrain actuellement en cours. Ces larges consultations et débats sont de nature à conférer un socle politique et une assise sociale confortables aux propositions de la Commission, mais cette dernière n’est pas une constituante et donc toute adoption des réformes constitutionnelles et institutionnelles se conformera aux dispositions constitutionnelles. Le débat ne sera donc pas épuisé avec la remise des propositions de la Commission, loin de là», avance M. Bawara.

Fabre bafoue les règles de courtoisie républicaine

Le Ministre Bawara est également revenu sur les plaintes du Chef de file de l’opposition, Jean-Pierre Fabre qui dit avoir plusieurs fois demandé à rencontrer le Chef de l’Etat pour parler des réformes et qu’il n’a toujours pas de réponse. Le responsable d’UNIR regrette l’attitude de M. Fabre qui avait boycotté avec ses camarades les débats puis craché sur la loi portant statut de l’opposition lorsqu’il fallait la voter à l’assemblée nationale, dénonçant les contradictions permanentes de l’ANC.

Par ailleurs, Gilbert Bawara pense que le Chef de file de l’opposition a manqué plusieurs occasions pour échanger avec le président Faure Gnassingbé.

«Nous avons des occasions et des cérémonies républicaines auxquelles il serait souhaitable que le peuple togolais ait l’opportunité de voir notre classe politique unie et rassemblée au-delà des considérations politiques et partisanes. La célébration de notre fête d’indépendance, des événements douloureux comme ce fut le cas pour rendre hommage à nos braves soldats tombés sur le champ d’honneur pour notre sécurité collective au Mali, les échanges de vœux en fin d’année sont des circonstances où nous devons être soudés au-delà des clivages politiques et des considérations partisanes. Malheureusement ces occasions sont systématiquement boycottées par le Chef de file de l’opposition contrairement aux règles de courtoisie républicaine et en flagrante violation des dispositions de la loi dont il se prévaut », déplore notre interlocuteur.

Déclarations inflammatoires et incendiaires aux relents identitaires

Les récentes manifestations publiques de CAP2015 et du PNP de Tikpi Atchadam n’étaient pas du reste. Gilbert Bawara se félicite de leur bon déroulement et du professionnalisme des forces de l’ordre, mais s’empresse de déplorer et de fustiger certaines déclarations inflammatoires et incendiaires aux relents identitaires, communautaristes ou ethniques et qui cherchent à opposer les communautés et les groupes de population les uns contre les autres. Non sans affirmer que son parti UNIR ne restera pas insensible et n’hésitera pas à demeurer un rempart contre toutes formes de dérives sectaires tendant à fragiliser l’unité nationale et à mettre en péril la cohésion du peuple togolais et notre désir de vivre ensemble, dans la fraternité et la tolérance.

« Si UNIR avait le sentiment qu’il y a des comportements et des attitudes tendant à fragiliser la République, nous nous mobiliserons pour défendre les valeurs de fraternité, de tolérance auxquelles nous sommes attachés », indique le ministre estimant que le débat politique ne permet pas tout.

En ce qui concerne le vote des togolais de la diaspora, M. Bawara pense que c’est une bonne chose d’impliquer tous les togolais et de favoriser leur participation à la vie politique et à l’essor économique de notre pays. Toutefois, il estime qu’à l’heure actuelle, les conditions ne sont pas réunies pour satisfaire cette demande qu’il juge cependant légitime et compréhensible.

UNIR, heureuse de s’appuyer sur l’expérience des aînés et la fougue des jeunes

Enfin sur les informations concernant les tensions au sein du parti présidentiel, le militant Bawara affirme qu’il n’en est rien et qu’UNIR demeure un mouvement fondé sur l’ouverture et le souci de renouvellement des idées et des pratiques politiques.

« Il n’y a ni anciens ni nouveaux au sein du parti, et UNIR est plutôt heureuse de pouvoir s’appuyer sur l’expérience riche des aînés, le dynamisme et la fougue des jeunes », a conclu le militant d’UNIR.

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