Plusieurs affaires de produits diagnostiqués et déclarés impropres à la consommation défraient la chronique, depuis quelques semaines, dans la sous-région. Guinée, Côte d’Ivoire, Togo ou encore Bénin, telles sont visiblement les portes d’entrée desdits produits dont les riz qui inondent les marchés, beaucoup plus ceux des pays de l’hinterland. Mais alors, à qui la faute?
Un feuilleton à plusieurs épisodes
Il ne se passe de jours sans que le sujet ne soit remis sur le plateau. Quoi consommons-nous concrètement ? Ceci, au regard de la floraison, sur le marché, des produits très souvent à polémique. Du riz impropre à la consommation par ici, de l’huile, des biscuits, des pâtes alimentaires, des liqueurs, boîtes de conserve, eau de javel, vinaigre, du tilapia par-là…, bref, des produits avariés, donc toxiques, qui demeurent toujours dans le circuit commercial. Les exemples sont légions.
Ces dernières semaines, c’est l’affaire d’une cargaison de riz birman déclaré impropre à la consommation en Guinée qui défraie la chronique. En transit à Lomé, avec pour destination le Burkina Faso, après son interdiction de décharge en terre guinéenne, ce riz a été au cœur de plusieurs débats au Togo. D’abord interdite de débarquement par le ministère en charge de l’agriculture, cette cargaison a finalement été déclarée non toxiques, par les services compétents du ministère de la Santé, après prélèvement et analyse d’un échantillon.
Le cas du Togo et du Burkina Faso
Au Togo, les chiffres ne sont pas reluisant. Au premier trimestre de l’année 2018, plus de 85 tonnes de médicaments contrefaits ont été saisies par l’autorité publique. Aussi, près de la moitié des médicaments consommés au Togo sont des faux, selon l’ordre des pharmaciens du Togo (Opt).
Déjà en mai 2014, le ministre de la sécurité et de la protection civile a annoncé la saisie par les forces de l’ordre et de sécurité de plus de 200 tonnes de produits pharmaceutiques contrefaits. Ceci pendant que 22 tonnes de médicaments contrefaits ont été saisis en septembre 2015.
Il y a quelques jours, ce feuilleton était à un nouvel épisode au Burkina Faso où les services douaniers ont intercepté une cargaison de riz d’origine asiatique, de surcroît birmane, en provenance de Côte d’Ivoire, déclarée impropre à la consommation. Ce pays de l’hinterland vient donc d’enregistrer ainsi un énième cas. En décembre 2016, par exemple, plus 38 tonnes de riz avaient été saisies au poste frontalière entre le le Bénin et le Burkina Faso. Au premier semestre de l’année 2017, plus de 80 Tonnes de produits impropres à la consommation dont des poulets, huile, cubes et riz avariés ont été saisis et détruits. Mais avant, plus de 24.000 litres d’huiles contrefaites l’ont été en 2014. En janvier dernier, le ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat a annoncé la circonscription, le démantèlement et la fermeture de 44 unités clandestines et la saisie 45.000 bidons de 20 litres d’huiles contrefaits. Bref, le Burkina se veut le symbole de la présence des produits contrefaits et toxiques sur les marchés de la sous région.
À qui donc la faute?
C’est bien la question pertinente qu’il convient de se poser, au regard de la persistance du mal. Aussi bien au Togo que dans d’autres pays de la sous-région, les périodes de fêtes de fin d’année riment avec la saison des produits contrefaits et toxiques qui coulent, d’ailleurs, à flots. Et les causes sont diverses, de même que les responsabilités situées à divers niveaux.
En premier, la cupidité de certains opérateurs économiques importateurs de ces produits, le plus souvent en complicité avec des agents de l’Etat véreux qui contournent le circuit légal pour déverser sur le marché, lesdits produits qui nuisent gravement à la santé des populations.
En second, la fébrilité des institutions de certains États à lutter efficacement contre le phénomène. Pour ce qui est du Burkina Faso, la réglementation en vigueur s’avère trop légère, voire clémente à l’encontre des contrevenants. En cas de saisie des produits avariés ou impropres à la consommation, à titre d’illustration, la loi burkinabé stipule que seuls les frais de destruction du stock incriminé incombent à l’importateur. Une légèreté qui laisse libre court à cette pratique aux conséquences dévastatrices qui a envahi toute la sous-région. Au Togo, malgré les dispositions rigoureuses du Code de la Santé publique, le suivi reste malheureusement un maillon faible. Le manque d’opérations de contrôle dans les marchés et autres points de vente pour vérification des produits, leur date de péremption et leur authenticité en est la cause majeur de l’inondation des supermarchés des produits périmés et avariés, royalement servis aux consommateurs.
Nécessité pour les États d’assumer leurs responsabilités
Partant de constat de responsabilité partagée, toutes les entités intervenant dans la réglementation et la régulation du commerce au Togo et ailleurs devront donc commencer par jouer véritablement leur rôle. Aucune compromission ne devrait plus être de mise puisqu’il s’agit de la santé humaine qui n’a pas de prix. Bref, il revient aux États d’assumer leurs responsabilités, comme celui de protecteurs des citoyens pour que cessent ces pratiques peu orthodoxes et qui mettent en péril, la vie des populations.
Source : Fraternité No.305 du 06 mars 2019
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