Reconduction de Gilbert Houngbo à la tête du FIDA : L’hypocrite satisfaction de Faure Gnassingbé

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Gilbert-Fossoun-Houngbo-Head FIDA

Faure Gnassingbé a adressé ses félicitations à Gilbert Fossoun Houngbo pour sa reconduction à la tête du Fonds International pour le Développement Agricole (Fida). Il parle de fierté et d’honneur alors qu’entre 2008 et 2012, lui et sa minorité avaient empêché celui qui était alors Premier ministre du Togo de faire ses preuves.

Gilbert Fossoun Houngbo a été réélu, le 17 février 2021, à la présidence du Fonds International pour le Développement Agricole (Fida). Porté à la tête de l’institution en 2017, l’ancien Premier ministre togolais bénéficie d’un nouveau mandat de quatre ans. « Ma première priorité sera la consolidation des réformes engagées au cours des quatre dernières années afin que la trajectoire du FIDA vers le doublement de son impact d’ici 2030 devienne irréversible », a-t-il écrit sur son compte twitter.

Dans on pays d’origine, mais aussi de par le monde, les mots de félicitation et d’encouragement ont été nombreux. Parmi ces messages, celui de Faure Gnassingbé, chef d’Etat au Togo depuis 2005. Dans un message relayé sur les comptes officiels, il adresse ses félicitations à son ancien collaborateur. « J’adresse mes chaleureuses félicitations à notre compatriote M. Gilbert Houngbo pour sa réélection à la tête du Fonds international pour le Développement Agricole. A ce haut cadre chevronné, je tiens à réitérer la fierté et l’honneur qu’il inspire à notre pays », a-t-il écrit. Avant de formuler le vœu de poursuivre le partenariat existant entre lui et son institution. « Nous sommes disposés à poursuivre avec lui, le travail remarquable entamé au service de l’entrepreneuriat rural au Togo et à l’échelle continentale », a-t-il annoncé.

A l’instar de Gilbert Houngbo, le Togo regorge de talents qui excellent sur le plan international. Ils occupent des postes de responsabilités, sont très appréciés et parfois même présentés comme des modèles. A raison d’ailleurs, puisqu’ils démontrent leur savoir faire et leurs compétences ne sont nullement remises en cause. Malheureusement pour tous ces compatriotes travaillant à l’étranger ou dans les organisations internationales, le retour au bercail se solde le plus souvent par une expérience humiliante. L’actuel président du FIDA en sait quelque chose.

Une expérience amère sous Faure Gnassingbé

Le 7 septembre 2008, Faure Gnassingbé a surpris ses détracteurs en nommant à la Primature un fonctionnaire international. Présenté comme un technocrate, Gilbert Fossoun Houngbo a succédé au carriériste Komlan Mally, plusieurs fois ministre. Le nouveau Premier ministre de l’époque occupait, avant sa nomination, le poste d’Administrateur et Directeur Afrique du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Ses contacts et ses relations devraient être mis au service de son pays d’origine. Confiant, Gilbert Houngbo annonce des réformes qui allaient intervenir dans la gestion du pays.

Dans une émission diffusée à la Télévision togolaise (TVT), il évoque des actions concrètes de son équipe pour impacter le quotidien des Togolais. Habitué au fonctionnement des institutions internationales, il se fixe un délai de 6 mois au-delà duquel les Togolais devraient commencer à ressentir les retombées de sa gestion dans leur vécu quotidien. Quatre années plus tard, les fameuses retombées peinaient à se faire sentir. La métamorphose promise ne s’est réalisée que dans le rêve. Les rares voies à subir des améliorations ont été faites avec de la latérite. Le Génie militaire a été envoyé au front, en vain. La gestion chaotique des inondations de 2008 est encore présente dans les mémoires.

L’histoire nous apprend aussi que c’est sous Gilbert Houngbo que la gratuité de l’école primaire a été décrétée au Togo, créant une situation d’asphyxie des établissements scolaires publics. Les organisations syndicales du secteur de l’éducation ont manifesté leur ras-le-bol. Idem pour celles du secteur de la santé qui réclamaient de meilleures conditions de vie et de travail. Au même moment, 600 employés de la Société nouvelle des phosphates du Togo (SNPT) se faisaient licencier. La Société togolaise de coton (SOTOCO) et le Fonds d’entretien routier ont été dissous sans audit. Point n’est besoin d’évoquer la corruption, l’insécurité, les remous politiques …

Le fonctionnaire international était devenu le coursier de la minorité pilleuse. Coincé dans les profondeurs de la dictature, Gilbert Houngbo a fini par jeter l’éponge. « Le Premier ministre, Gilbert Fossoun Houngbo a présenté ce jour, sa démission ainsi que celle de son gouvernement au président Faure Gnassingbé. Ce dernier l’a accepté et lui a demandé d’expédier les affaires courantes », a indiqué un communiqué de la présidence lu à la TVT, le 11 juillet 2012. Il a perdu quatre bonnes années de sa vie à servir ceux qui, au lieu de gouverner le pays, le pille et y perpétue la dictature.

Aujourd’hui, le chef de l’Etat utilise le superlatif pour se « réjouir » de sa reconduction à la tête du FIDA. En réalité, Faure Gnassingbé fait preuve d’hypocrisie, lui qui pendant quatre ans ne s’est pas retenu d’empêcher Gilbert Houngbo d’accomplir la mission pour laquelle il a été débauché des Nations Unies. Sous d’autres cieux, 2008 à 2012 aurait pu être une période d’envol pour le pays. Au Togo, c’est la dictature qui dicte ses lois.

G.A.

Source : Liberté

Source : 27Avril.com