La question n’est pas fortuite. Elle vaut son pesant d’or dans la mesure où, parallèlement au processus de réconciliation en cours et crié sur tous les toits par ses initiateurs, les bourreaux qu’on ne voit nulle part dans le processus mais qui sont identifiés dans de nombreux rapports, continuent de verser le sang des Togolais.
A en croire le Haut- commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN), une cérémonie sera organisée par les responsables religieux dans les prochains jours pour purifier le Togo du sang versé par ses filles et fils dans les violences qui ont émaillé le pays entre 1958 et 2005. Mais, et ce n’est un secret pour personne, depuis 2005 à ce jour, la Terre de nos Aïeux continue d’être arrosée du sang de ses enfants, puisque les bourreaux, toujours en activité, n’ont pas arrêté leurs basses besognes.
Il nous revient que c’est dans le cadre de la préparation de la cérémonie de purification du territoire que le HCRRUN a rencontré des responsables religieux vendredi dernier à Lomé. Selon les informations, une autre rencontre est prévue le 8 juin pour définir les modalités pratiques de cette cérémonie. Sans se poser de question, l’on remarque que ces responsables s’échauffent déjà pour l’organisation de ces événements dans leurs paroisses, couvents, communautés, villages et villes.
Déjà, l’Eglise Catholique avait placé le chemin de croix du vendredi saint sous le signe de cette purification le 14 avril dernier. Cependant, cela n’empêche pas des gens tapis dans l’ombre de préparer d’autres carnages pour les prochaines échéances électorales. Ce qui justifierait, à en croire des observateurs, le refus de Jean Yves le Drian, ministre des Affaires étrangères de la France, de livrer les cinq (05) hélicoptères commandés par le régime togolais pour, dit-on, surveiller les côtes contre les pirates et les terroristes.
Visiblement, on se rend compte aujourd’hui que l’urgence n’est pas de purifier le Togo du sang versé par ses filles et fils, mais plutôt de débarrasser ceux qui ont l’intention de s’éterniser au pouvoir, de l’esprit du mal, de cette volonté de tuer pour régner. « Plus jamais ça sur la Terre de nos Aïeux », avait crié le bénéficiaire de ces actes de violences à Atakpamé en août 2006. Mais n’empêche pas que des gens qui protègent son pouvoir continuent de commettre des crimes, tout en jouissant d’une impunité qui hypothèque même la réconciliation nationale.
Cette réconciliation à double vitesse conduite aujourd’hui par le HCRRUN a du plomb dans l’aile, surtout que dans certaines localités où sont passées les délégations de l’institution d’Awa Nana (comme Bè par exemple), les victimes cherchent à connaître les présumés auteurs des actes qui les marquent à vie, avant de pardonner.
Déjà, les responsables du HCRRUN parlent de réparation symbolique, puisque l’argent mis dans la cagnotte par le gouvernement n’est pas conséquent. Mais on s’accroche à ces folklores pour dilapider une partie de ces maigres ressources, tout en sachant qu’ils ne donnent aucune garantie de non répétition.
Selon des observateurs avertis, la vraie réconciliation ne peut arriver au Togo qu’à travers des réformes prescrites par l’Accord politique global (APG) que les caciques du régime RPT/UNIR ont déclaré caduc. Le reste, c’est du dilatoire.
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