RDC: les Etats-Unis et l’UE accordent un sursis à Kabila

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Nations unies, USA, UE: la communauté internationale a relâché ses pressions sur la République démocratique du Congo en se ralliant -sous conditions- au calendrier électoral annoncé par les autorités, qui prolonge de fait de plus d’un an le bail du président Joseph Kabila.

Tout au long de la semaine, le chef de l’Etat congolais a enregistré sa première victoire diplomatique depuis longtemps: aucun des grands partenaires de la RDC n’a frontalement critiqué le chronogramme présenté dimanche par la commission électorale. Ce calendrier renvoie au 23 décembre 2018 la présidentielle pour désigner son successeur.

Au pouvoir depuis 2001, élu en 2006 et 2011, M. Kabila aurait dû quitter le pouvoir à la fin de son deuxième mandat fin 2016. La Constitution interdit au président de se représenter, mais l’autorise à rester en fonction jusqu’à l’élection de son successeur.

Il y a encore quelques mois, les Etats-Unis et l’Union européenne avaient décrété des sanctions (gels de avoirs, interdiction de voyager…) envers une dizaine de ses proches pour « entrave au processus électoral ».

Même si en privé les grandes chancelleries ne se font aucune illusion sur le pouvoir en place, accusé de détournement de fonds publics par des lanceurs d’alerte, elles ont classiquement joué la carte de la « realpolitik », emboîtant le pas aux États-Unis.

C’est en effet Washington qui mène le bal sur le dossier congolais depuis la visite de l’émissaire de Donald Trump, Nikki Haley, à Kinshasa fin octobre. La représentante des États-Unis à l’ONU avait exigé des élections en 2018, faute de quoi Washington retirerait son soutien à la RDC.

Avec la satisfaction d’avoir été entendu, le département d’État a été le premier a donné le ton des réactions occidentales. « Les États-Unis saluent » le calendrier, et préviennent le président Kabila qu’il ne doit « pas chercher à exercer un troisième mandat » et qu’il doit « quitter le pouvoir après les élections ».

Les États-Unis demandent aussi « la fin des poursuites motivées par des raisons politiques, la libération des prisonniers politiques et le respect du droit de réunion et d’association pacifiques ». Un opposant-candidat, Moïse Katumbi, se trouve en exil en Belgique après sa condamnation dans une affaire immobilière, et les manifestations sont encore souvent réprimées.

Depuis l’indépendance du pays en 1960, les États-Unis -et la CIA- ont toujours eu de grands intérêts dans l’ex-Congo belge, en raison de sa place stratégique au coeur de l’Afrique, et de ses immenses ressources en minerais (coltan, cobalt…).

Les Nations unies ne peuvent pas non plus se désintéresser du Congo, où elles entretiennent leur mission la plus nombreuse et la plus coûteuse.

Manifestations le 15 novembre

La mission des Nations unies au Congo (Monusco) a fait savoir qu’elle « regrettait que les élections soient encore reportées », alors qu’un accord pouvoir-opposition du 31 décembre 2016 prévoyait un scrutin au plus tard en décembre 2017.

La Monusco offre néanmoins son assistance pour organiser les élections à la date prévue. La prochaine résolution sur la RDC en mars consacrera donc sans doute un large chapitre -et des moyens- à la préparation des scrutins présidentiel, législatifs et locaux, en plus de l’habituel chapitre sur la protection des civils.

Comme les États-Unis, l’Union européenne a estimé vendredi que le calendrier électoral « doit mener à une transition démocratique » en RDC, ce qui serait une première dans ce pays à l’histoire tourmentée.

« Il est primordial de mettre en oeuvre les mesures de décrispation politique nécessaires », insiste aussi l’Union européenne.

A titre individuel, la France avait communiqué dès lundi avec prudence mais la Belgique n’a encore pas réagi. La RDC et la Belgique entretiennent des relations tendues, à preuve la décision prise par Kinshasa en début d’année de rompre sa coopération militaire avec l’ex-puissance coloniale.

La visite d’un officiel belge fin novembre, à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle l’ambassade de Belgique, pourrait contribuer à détendre l’atmosphère entre les deux pays.

Kinshasa peut aussi se targuer du soutien de l’organisation internationale de la Francophonie (OIF), dont un émissaire a rencontré la commission électorale jeudi.

Si elles ne représentent pas un chèque en blanc pour le pouvoir, ces positions isolent l’opposition et les acteurs de la société civile qui rejettent le calendrier électoral, demandent « une transition sans Kabila » à partir du 1er janvier et des élections dès le premier semestre 2018.

L’annonce du calendrier électoral n’a pour l’instant suscité aucune manifestation populaire hostile. Le vrai test est annoncé pour le 15 novembre, jour où le mouvement citoyen la Lucha a lancé un appel à une première journée de mobilisations depuis l’annonce du calendrier.

CamerounWeb.com