Il n’a pas encore remis les clés du Palais de la Nation à Kinshasa, que le locataire en préavis de départ pense déjà à y retourner sous peu. Alors qu’il devrait être le personnage le plus en vue de la passation de pouvoir en janvier 2019, Joseph Kabila prévoit de revenir au pouvoir en portant sa candidature à la présidentielle de 2023. Une annonce qui ne se passe pas de commentaires.
Partir ou mieux revenir. C’est en tout cas le projet de Joseph Kabila pour sa préretraite après la présidentielle du 23 décembre 2018. A 47 ans, le président sortant Joseph Kabila compte bien passer la main à son successeur désigné par les urnes, non sans préparer un retour au pouvoir.
Confirmation de l’allusion glissé dans le discours de Windhoek
Dans une interview à l’agence Associated Press et sept autres médias internationaux, Joseph Kabila a ouvert la perspective de revenir dans les allées du Palais de la Nation pour en occuper le fauteuil. Et le chemin tracé vers le palais présidentiel, le président sortant congolais l’envisage dans cinq ans, lors de la présidentielle de 2023.
« Pourquoi ne pas attendre 2023 ? En politique comme dans la vie, on ne devrait rien exclure, parce que tout est possible. La question est de savoir quel sera le tableau d’ensemble», a fait savoir Joseph Kabila au cours de l’entretien.
Et pourtant, cette annonce est peu surprenante pour ceux qui ont suivi le discours de Joseph Kabila lors du 38è sommet de la SADC en août dernier à Windhoek, la capitale de la Namibie. «Je préfère ne pas vous dire au revoir, je vous dis à bientôt. La démocratie n’est pas juste une réalité, c’est un processus irréversible en RDC», avait-il fait savoir devant ses pairs. Cette allusion glissée en plein discours avait déjà lancé les spéculations sur l’avenir politique de Joseph Kabila
Dans son interview à AP, Joseph Kabila fait savoir qu’il va rester politiquement actif, dans un rôle de conseiller pour son successeur ou tout autre acteur qui le solliciterait. « Si quelqu’un a besoin de mes conseils, j’espère qu’ils viendront me le demander », a affirmé le chef de l’Etat congolais, bien installé dans son rôle de père bienveillant même s’il se voit dans un autre tableau dans cinq ans.
Shadary, en attendant le retour du chef
On imaginait Joseph Kabila à la tête d’une fondation éponyme, d’une institution dans son pays ou d’un organisme sous-régionale ou continentale, à l’instar des présidents des pays occidentaux après leurs mandats. Si l’on a vite fait de reconnaître les mérites de certains de ces présidents venus d’ailleurs, Joseph Kabila est dans son bon droit puisque, comme il le rappelle lui-même, la constitution congolaise autorise les mandats par intermittence.
A Kinshasa, les commentateurs voient cette sortie du président congolais d’un autre œil. Sous la pression conjointe de la communauté occidentale et de la rue congolaise, Joseph Kabila avait mis fin à la technique du glissement qui lui a permis de rester au pouvoir deux ans après la fin constitutionnelle de son mandat. On subodore qu’en acceptant de remettre son fauteuil en jeu dans des élections qui s’annoncent chaotiques, mal organisées et sujettes à contestation, le président congolais ne le sait que trop bien.
Emmannuel Ramazani Shadary qu’il a désigné comme son dauphin pour porter les couleurs du Front commun pour le Congo(FCC) peut bénéficier de ce chaos organisé et des divisions d’une opposition désormais bicéphale et hésitante face à la machine à voter. La victoire du poulain n’est peut-être pas loin, tout comme la protestation qui pourrait embraser la rue. Celui-ci pour tenir les rênes du pays, sous les conseils bienveillants de son mentor, en attendant le retour du chef. Dans cinq ans !
Source : www.cameroonweb.com