Tout se serait joué ce mercredi, en fin de matinée. Alors qu’en début de journée, le siège tendait encore les bras à une des pontes du parti, c’est finalement Mme YawaTségan qui sera élue en milieu d’après-midi, présidente de l’assemblée nationale, coiffant au poteau tous les favoris.
En effet, personne ne l’y attendait. Parmi les noms qui ont circulé pour succéder à Drama Dramani, celui de l’élue de Kloto-Kpélé n’avait jamais été cité. Aux côtés des favoris pour la plupart des hommes, (Sélom Klassou, Aklésso Atcholé, Stanislas Baba, Atcha Dédji Affo), figurait bien une femme : Ibrahima Méimounatou. Au final, c’est une autre qui aura déjoué tous les pronostics pour devenir la première présidente du parlement togolais. Les jeux d’équilibre régional, la guerre des clans et des réseaux, la baisse de la côte de certains de ceux qui étaient en pôle-position à l’heure de la décision, ont fini par ouvrir un boulevard à Mme Tségan.
RIGUEUR ET AMBITION :
Pour ceux qui la fréquentent depuis plusieurs années, deux qualificatifs la décrivent bien : rigoureuse et ambitieuse. « La retrouver si haut ne me surprend pas. Elle sait creuser son sillon sans tambours ni trompettes, mais avec la détermination des ambitieux » confie un de ses proches. Un autre, sans nier ce trait de caractère, préfère mettre en avant la rigueur qu’elle met dans tout ce qu’elle entreprend. « Ce n’est pas par hasard si la trésorerie du parti au pouvoir (UNIR) ainsi que la questure de la précédente législature lui ont été confiées » explique-t-il.
Inspecteur des impôts, cette quadra (elle aura 48 ans le 08 mai prochain) a fait sa carrière à la Direction générale des impôts (DGI) avant d’être nommée en octobre 2010, directrice de cabinet du ministre des transports de l’époque, Ninsao Gnofame.
Femme engagée et de terrain, coordinatrice de la Convention des Femmes Unir dans la région des Plateaux Ouest, elle vient de remporter sa deuxième législative de rang. L’une des 11 rescapés de la précédente législature, elle est élue de Kloto-Kpélé, où son adversaire politique principale n’est autre qu’Isabelle Améganvi, secrétaire générale et présidente du groupe parlementaire de l’ANC dans l’assemblée nationale sortante.
Entre les deux « sœurs », la première originaire de Kpélé-Gavé et la seconde de Kpélé-Elé, c’est du « je t’aime moi non plus ». « S’il y a beaucoup de respect voire une once d’admiration l’une pour l’autre, elles ont souvent croisé le fer, sans concession. Comme Me Améganvi, Mme Tségan est une forte gueule, un brin imbue de sa personne qui ne se laisse pas impressionner » révèle un cadre de Kpélé, qui les fréquente toutes les deux. Et de rappeler ce débat épique sur une radio privée de la capitale en 2013, entre les deux femmes.
Désormais deuxième personnage de l’Etat, Mme Yawa Tségan ne fait pas un saut dans l’inconnu avec ce poste. Elle a siégé pendant 5 ans dans le précédent bureau où elle occupait la 1ère questure. Cette mère de 3 enfants aura pour priorité l’opérationnalisation des réformes constitutionnelles et institutionnelles et la redynamisation d’un parlement, souvent accusé et pas nécessairement à tort, d’être une simple chambre d’enregistrement.
Source : www.icilome.com