Mercredi (15 novembre), les Zimbabwéens se sont réveillés à une réalité qui peut leur être nouvelle mais qui est familière dans beaucoup d’autres pays africains: une prise de pouvoir militaire du gouvernement.
La force de défense zimbabwéenne (ZDF) a pris le contrôle du radiodiffuseur d’Etat et aurait assigné à résidence le dirigeant de longue date Robert Mugabe et sa famille. Dans une allocution télévisée, complète avec de la musique martiale, la ZDF a pris la peine de souligner qu’elle n’avait pas mené un coup d’État mais qu’elle avait plutôt agi pour apaiser les tensions suite au limogeage du vice-président. Mais les camions militaires stationnés menaçants dans les rues de Harare ont suggéré le contraire.
Cette séquence d’événements s’est déroulée plusieurs fois dans différents pays à travers le continent. Depuis les années 1960, l’Afrique a connu au moins 200 coups d’Etat réussis et ratés. Les coups d’État ont inspiré des films hollywoodiens comme Tears of the Sun qui mettait en vedette Bruce Willis et dépeignait un renversement sanglant d’un président nigérian.
À bien des égards, beaucoup de pays africains possèdent un cocktail d’ingrédients qui remuent les coups avec des leaders à long terme qui investissent le pouvoir au détriment des institutions affaiblies. Les citoyens agités, qui sont souvent victimes d’injustices et d’inégalités sociales, sont probablement plus ouverts au changement de régime et prêts à croire aux promesses de l’armée de réparer les choses et de faire place à un gouvernement civil en un rien de temps.
Cependant, l’histoire a montré que les dirigeants du coup d’État ne tiennent pas toujours cette promesse: le Nigeria, la plus grande économie d’Afrique et le pays le plus peuplé, a passé plus de 57 ans d’indépendance sous un régime militaire que sous un président civil.
Au-delà de la reprise probable des violations des droits de l’homme et des droits constitutionnels, les coups d’État tendent aussi à anéantir la croissance économique. Étant donné l’incertitude entourant les interventions militaires au sein du gouvernement, les investisseurs ont tendance à hésiter à investir dans des économies dirigées par les caprices d’un dictateur plutôt que par les forces du marché. L’effet probable est souvent un manque de croissance économique, une inflation accrue et le chômage – certaines des choses que les militaires citent souvent comme la raison pour laquelle ils ont pris le pouvoir en premier lieu.
Contrairement à d’autres parties de l’Afrique, les coups d’Etat militaires ont été extrêmement rares dans l’histoire post-indépendance de l’Afrique australe. En fait, seul le Lesotho en a eu deux. Les coups d’Etat sont généralement devenus rares à travers l’Afrique à mesure que la démocratie s’impose.
Le Burkina Faso, terre de Thomas Sankara, est la capitale du coup d’Etat de l’Afrique après avoir été témoin de 10 tentatives – la plus sur le continent. Six d’entre eux sont survenus dans les années 1980 avec deux de ces tentatives menées par Blaise Compaoré qui, ayant pris le pouvoir en 1987, a régné pendant 27 ans jusqu’en octobre 2014, date à laquelle il a été renversé par un autre coup d’État.
La fréquence des coups d’Etat signifie que le Burkina Faso n’a pas assisté à un transfert pacifique du pouvoir à travers des élections. De même en Guinée-Bissau, non grâce aux coups d’Etat, aucun président n’a achevé un mandat complet depuis l’indépendance du pays en 1974. Ces coups d’Etat sont souvent sanglants avec plus de trente premiers ministres et présidents en Afrique tués par des coups de force et des coups d’Etat.
Pays ayant le plus grand nombre de coups d’Etat
Burkina Faso 10
Nigeria 8
Burundi 6
Tchad 6
Ghana 6
Comores 6
Mauritanie 6
Soudan 6
Ethiopie 5
Libye 5
Sierra Leone 5
République centrafricaine 5
Bénin 5
Parmi les 40 pays africains ayant connu des coups d’État, le Maroc, le Kenya et le Cameroun sont les trois pays où aucun n’a réussi. Dans 12 de ces 40 pays, des coups d’État ont eu lieu dans les cinq ans suivant l’indépendance. Au total, 23 pays africains ont vu au moins trois coups d’État. En effet, seulement 14 pays sur les 54 que compte l’Afrique n’ont pas encore connu un coup d’État militaire.
L’absence de coup d’Etat réussi ne garantit pas toujours la paix. Par exemple, le Soudan du Sud, l’un des pays les plus jeunes du monde, a été embourbé dans la violence pendant une grande partie de son existence, les groupes rebelles cherchant une plus grande part du pouvoir.
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