« Toute l’eau de la mer ne suffirait pas à laver une tache de sang ». LAUTREAMONT, dans Les Chants de Maldoror, souligne la voix stridente du crime qui réclame justice à travers le cours de l’histoire. Les assasinats crapuleux, les éliminations physiques, les crimes politiques, les disparitions forcées, les crimes contre l’humanité, les crimes de masse ont cette particularité de suivre partout leurs auteurs par-delà toutes les protections dont ils se couvrent, et parfois, jusqu’à leur tombe.
Les tyrans qui vivent des chimères de l’impunité sont trop souvent surpris par les rebonds de l’histoire. L’homme n’est pas un être ordinaire comme le lièvre, la perdrix ou le sanglier. Sa dimension particulière et spirituelle aiguise la puissance de vérité sur ce qui le tue, la cause pour laquelle il meurt. L’esprit du temps vient faire la lumière sur le drame d’une disparition.
On peut s’abriter derrière les lois d’autoabsolution et se couvrir d’incongruités juridiques dont la répugnance révolte pour provoquer dans la durée des réactions les plus vives et les plus inattendues de réouverture des dossiers des crimes sans nom. La mobilité sociale est une dynamique imparable, inexorable évolutive pour les républiques. Elles ne peuvent avancer qu’en regardant en face leur propre histoire, en soldant les dettes juridiques de leurs chutes afin de s’éveiller à l’émancipation et à l’espérance.
Ainsi, toutes les pourritures ankylosantes sont éliminées pour cirer l’avenir de beauté, de justice, de vérité.
La vérité d’aujourd’hui n’est surtout pas celle de demain, parce que des dispositifs plus performants éclairent de mieux en mieux les hommes sur le réel, les faits, la réalité sociale, politique… Les restitutions les plus inattendues sortent des puanteurs de l’histoire, parce que la conscience humaine a la soif du témoignage.
C’est peine perdue de s’imager une jouvance de propreté, de s’essuyer les mains par des précautions honteuses dans le but d’être à l’abri de la justice. Les républiques perdues dans des crimes ont toujours un renouveau administratif qui procède par des rectificatifs de l’histoire pour refonder le vivre-ensemble sur des bases juridiques, éthiques, morales et humaines.
Comment un prince peut-il s’imaginer qu’il lui suffit de former une Assemblée de pacotille pour ordonner une absolution et se passer définitivement de la rigueur du jugement de l’histoire ?
Une forfaiture électorale qui légifère en faveur d’un champion de la transgression a –t-elle un poids sur l’histoire d’un peuple ?
L’ambition futile d’une vie tranquille après une série de crimes, de viols n’est-elle une pauvreté de l’esprit ?
1) Les réformes de tous les scandales
Le prince est un citoyen au-dessus de tous les autres citoyens. Il a un droit de vie et de mort sur eux. Il peut ordonner leurs massacres, les spolier, voler les richesses du pays, violer la Constitution, toutes les lois de la République sans s’attendre à aucune poursuite jusqu’à la fin de la vie. Quelle illusion conceptuelle du pouvoir !
Attendre treize années après l’Accord Politique Global et une dizaine d’années après les assises de la réconciliation parrainées par Mgr BARRIGAH-BENISSAN pour renvoyer la République à la poubelle de l’histoire, c’est proprement se moquer de l’intelligence des Togolais. La compilation des absurdités et les manœuvres de la grande foutaise pour abreuver un peuple de quolibets, d’injures publiques produisent des irruptions volcaniques de combat national pour remettre la République à l’endroit. Le répondant des peuples vient à son temps pour des rectifications urgentes et apodictiques. NIETZSCHE qui a développé la volonté de puissance a tôt fait de se rectifier pour expliquer qu’aucun homme sur cette terre ne peut jamais être assez fort pour demeurer toujours le maître. C’est pourquoi la force d’aujourd’hui doit se doubler de sagesse pour instruire la génération présente et celles qui viennent butiner à l’intelligence du succès des hommes.
La puissance qui s’étale de sottises et d’injustices ou qui entretient des convulsons inutilement condescendantes a la faiblesse des crimes et finit par des provocations les plus insoutenables qui appellent à un renversement salutaire de l’ordre établi. C’est, du reste, pour cette raison que développe Nicolas POUSSIN, dans sa Correspondance : « Ce qui vaut la peine d’être fait, vaut la peine d’être bien fait »
Les peuples reviennent toujours sur les mauvais pas de leur histoire au nom de la vérité, de la justice pour instruire les citoyens et rebâtir la concorde civile. Assemblée nationale des inutilités saillantes du 08 mai 2019 n’est qu’une réplique des ordures dont elle est issue le 20 décembre 2018. De ses falsifications constitutives d’une rare infamie, elle ne peut qu’accoucher que des avortons aux âneries multiples qui l’enterrent dans l’indignité et la honte publique. Elle n’a encore rien joué et sa force d’inertie n’est pas étonnante au regard de ce ramassis sans la moindre délégation de la souveraineté populaire. Il faut comparer le pourcentage de l’aval unanimement reconnu à la Constitution de 1992 avec les truanderies politiques qui accordent une falsification ignominieuse au semblant de réformes de cette Assemblée plate du 20 décembre. Le gouffre en enlève la légitimité.
Par conséquent, nous peuple du Togo, sommes bien tranquille dans le refus sonore des malversations d’une Assemblée privée de l’âme de la nation. Nous devons intégrer dans notre psychique et dans notre combat que la question des réformes reste entière dans notre pays et nous y parviendrons quoi que cela nous coûtera pour ne jamais avaliser les crimes de masse, le vol organisé, les crimes économiques, les crimes de sang, la délinquance judiciaire, le traficotage de la Constitution.
Nous voyons les membres du syndicat du crime de la CEDEAO qui ont volé au secours de Faure GNASSINGBE pour dévoyer notre lutte dans le faux-droit et dans les habillages référendaires pour une légitimation de leurs forfaits. Le Togo ne peut pas apparaître comme un terrain d’essai pour un renversement de la volonté populaire et de la Constitution d’une puissance nationale librement et massivement approuvée. La Constitution aux plis des crimes et à l’autel des ambitions personnelles, aucun peuple d’Afrique ne peut encore lui accorder un quitus.
2) Une brigade contre le crime organisé
La mémoire d’un peuple est vivace et non éphémère lorsqu’il s’agit du sang versé par des brigands politiques ou de la spoliation cruelle de la population.
Les aventuriers malpropres qui s’illusionnent que la force et le crime suffisent pour s’imposer contre les aspirations souveraines d’une nation se trompent. L’esprit de justice a son flux imparable lorsque se redressent les républiques.
Les grands moments thérapeutiques des cités sont ceux qui portent la couronne de vérité, de justice pour rebâtir l’espérance collective et le vivre-ensemble. La cervelle n’est ni un don, ni une spécificité des voleurs qu’ils peuvent taire tous les chiens qui aboient pour mettre en éveil tous ceux qui somnolent en plein jour ou qui savourent le temps du sommeil.
Le volume de réflexion du RPT-Unir pour une absolution des crimes d’un champion n’est qu’une piètre rêverie solitaire en marge du temps et de la marche du monde. Les évolutions de notre République sont inévitables et ne peuvent se détourner de la lumière qui éclaire le chemin de la modernité. La vérité, la justice, l’éthique, l’humanité sont les points cardinaux de référence pour sortir les peuples de la pénombre de l’histoire. La réparation est de l’ordre inexorable du bondissement des peuples martyrisés. Quand les têtes longtemps courbées se relèvent, ce n’est pas pour lire dans les yeux de leurs bourreaux une admiration.
La révision constitutionnelle du 8 mai 2019 opérée au Togo par les forces de la brutalité fauve et leurs accompagnateurs aux ventres tendus en gamelle d’aumône ressemble à un enfantillage politique, et même à une ivresse d’ignorance des médiocres supérieurs.
Il n’y a pas de remparts atomiques aujourd’hui pour ceux qui organisent des crimes de masse ou ceux qui en sont visiblement complices. C’est une vue de l’esprit qu’un prince se protège de toutes les barbaries dont il s’est mêlé. Le règne des milices, des infanticides et du pillage organisé qui se protège de mesures évanescentes n’est d’aucune vision ni d’aucune lecture de notre monde. La France a pourchassé après la guerre ses tortionnaires dont Klaus BARBIE tout comme ses fils indignes au premier rang desquels le Maréchal PETIN. Le procès de Nuremberg contre les nazis nous met sur la grande piste de l’évolution du temps. On voit bien ce qui advient aux pilleurs de la République et aux pieuvres de la répression en Tunisie, en Algérie, au Soudan…
Une Assemblée fantoche ne peut attacher à notre âme une amnésie et à notre cerveau des rides de l’oubli. Aucune loi inique n’est capable de réaliser le lavage de cerveau des martyrs et de leurs familles. Le passé vient toujours au présent quand des lois sont taillées sur mesure pour mettre à l’abri ceux qui ont le devoir de rendre des comptes à la nation.
Quand on manque de sincérité avec soi-même, avec les autres et d’humilité de responsabilité, on ne sert que du grotesque. Or, le grotesque fouette la conscience du peuple et l’incite à la révolte. Le faux submerge l’esprit criminel qui n’a d’agitation que de chanter la sottise. Le Togo à l’envers dans ce machin de réformes se remettra à l’endroit. Le temps suffit à tout. Mais, il n’efface ni l’offense, ni le crime. Il ordonne la justice pour la réparation.
Source : www.icilome.com