Quand le Brouillard Sahélien Enfume au Togo

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Faure Gnassingbé

Depuis plus de deux ans, l’Afrique de l’Ouest est rythmée par des coups d’État militaires par endroits plus loufoques. Une situation qui fait penser aux années 60-70 au temps de la Guerre Froide où les régimes kaki faisaient la loi avec des résultats fantomatiques.

Après une trentaine d’années d’essai de démocratie avec quelques résultats pour des pays qui se sont pris au sérieux notamment Bénin, Sénégal, Côté d’Ivoire,Ghana, Cap Vert en Afrique Occidentale, les régimes kaki sont de retour dans une récurrence préoccupante.

Du Mali en Guinée en passant par le Burkina Faso, le Niger s’est invité le 26 juillet 2023 à cette table qui fait perdre la tête à bon nombre d’Africains y compris bien évidemment des Togolais en lutte pour le changement depuis plus de 60 ans maintenant.

En vérité, les putschs n’ont jamais été la panacée même si parfois, ils apparaissent comme une nécessité pour sauver le peuple des despotes bon teint. En dehors de John Jerry Rawlings du Ghana de par le passé, tout le reste n’a été que du chaos et des ruines.

Si le départ forcé d’Alpha Condé en Guinée a été unanimement salué du fait d’avoir fait partie de ceux qui ont inauguré les coups d’État institutionnels avec la remise du compteur à zéro, au Mali et au Burkina, on avait enregistré des sentiments mitigés. Par la suite, les positions alambiquées de la CEDEAO couplée des frasques de la France ont renforcé les putschistes maliens et burkinabè dans leurs boursouflures langagières aux relents souverainistes(sic). Et les réseaux sociaux ont fini le boulot. A preuve, le cas Niger avec des prétextes assez étriqués, a emballé.C’est désormais la mode. Et l’effet de mode laisse parfois peu de temps à une bonne réflexion.

Au fond que gagne le Togo dans ce folklore de putschistes ?

A l’évidence, on parle d’éveil des consciences. Mais au fond, la lutte politique au Togo prend plutôt un gros coup face à l’euphorie dévastatrice en cours. On doit s’étonner que des gens en lutte pour la démocratie et l’Etat de droit font subitement l’apologie des coups d’État.

En réalité, à y regarder de près, Mali, Guinée, Burkina Faso et Niger ont une tradition de coup d’État. Ce n’est pas le cas pour le Togo. Pour le changement au Togo, en plus de la lutte du peuple, il faut plus des pressions extérieures.

Dans un passé récent, on donnait pour exemple les pays qui favorisaient l’alternance. Les seules tâches noires étaient la Gambie et le Togo qui ont obstinément refusé de signer le protocole additionnel de la CEDEAO pour la Bonne Gouvernance et la Démocratie.Entre temps, les Gambiens aussi réussi à se séparer du controversé Yayhia Jammeh. Là, le Togo était clairement identifié comme le seul mauvais élève de la classe. Malheureusement, avec le nouveau vent, plus personne ne parle du Togo. Et les pressions extérieures évoquées plus haut n’auraient plus droit de cité, car il y a urgence ailleurs.

Dans ce brouillard sahélien, le Togo n’y gagne rien. Tous ces pays acteurs des films insipides que nous gobons goulûment, ont déjà goûté au fruit de l’alternance à plusieurs reprises. Et nous ? Et subtilement, le régime togolais se fait ailier de certains nouveaux régimes kaki en l’occurrence le Mali. Et finalement, nous faisons la même lutte avec quelq’un qui court après son 5eme mandat.

Toutes ces rodomontades des militaires vont passer, mais la misère des Togolais demeure. Entre temps, savions- nous que le prix du bidon de 25 litres d’huile a encore flambé en fin de semaine dernière?

Vivement plus de lucidité et de discernement pour savoir que personne ne viendra faire le bonheur des Togolais à leur place.

Honoré Adontui

Source: Le Correcteur

Source : 27Avril.com