Le vendredi 10 novembre 2017, Faure Gnassingbé a procédé, à Akparè, dans la région des Plateaux, à l’inauguration de 10 plaques photovoltaïques puis, au lancement d’un projet d’adduction d’eau potable dans huit localités des régions des Plateaux et Maritime. En route pour Bavou dans l’Akposso après Akparè, le Chef de l’Etat a fait un détour au Camp 3ème Régiment d’Infanterie (RI) de Temedja où il s’est entretenu avec les éléments de cette base militaire sur les dernières évolutions de l’actualité sociopolitique nationale dans le pays. Un entretien ponctué par un discours hautement polémique qui fait dire que Faure a choisi son «peuple».
Le sujet est sur les lèvres depuis quelques semaines. A quand le discours à la nation du président de la république sur la situation que traverse actuellement le pays? Mais entre l’aspiration profonde de la majorité des togolais et les intérêts qu’il a avec une minorité de togolais, Faure Gnassingbé semble avoir choisi son camp.
Temed ja : l’épicentre d’un discours à polémique !
Lors de cette visite aux pensionnaires du Camp militaire du 3eme RI de Temedja, Faure Gnassingbé y a prononcé un discours. Mais loin d’être galvaniseur, la surprise des togolais fut grande de constater que le Chef de l’Etat, d’un air méprisant, a plutôt jeté en pâture, l’opposition togolaise à laquelle il porte l’entière responsabilité des violences qui ont cours dans le pays. «Vous savez, notre pays le Togo est actuellement perturbé par des manifestations qui, loin d’être pacifiques comme l’autorise la loi, ont été souvent d’une très grande violence. Ceux et celles, qui organisent ces manifestations, portent la lourde responsabilité des victimes que les participants ont faites et les dégâts qu’ils ont causés », a déclaré Faure Gnassingbé.
Ce n’est pas tout. Toujours dans sa tentative de dresser les militaires contre les populations togolaises, le Chef de l’Etat a notamment joué sur la sensibilité des nerfs de ces togolais qui ont choisi le métier des Armes en exhibant, à dessein, le récent et malheureux épisode de Sokode. Après avoir survolé le cas de…., deux enfants tués à Mango et Sokode, le Chef de l’Etat s’est plus attardé sur le cas des deux militaires tués à Sokode. « Ce fut également le cas de vos camarades, frères d’armes le Sergent ELIMA Aklesso et le Caporal-Chef Atcha Natchamba SIZING lynchés et décapités par un groupe d’individus organisés et préparés à cet effet. Je veux de nouveau leur rendre hommage ici, ainsi qu’à leur famille. Ils sont allés avec courage, au bout de leur engagement, au service de la paix que nous voulons tous pour notre pays. Leurs assassins sont activement recherchés. Et tout sera mis en œuvre pour les retrouver où qu’ils se trouvent, les juger et les châtier conformément aux lois de notre République », a-t-il lancé en guise de chasse aux sorcières. Mais c’est sans compter avec la détermination de la coalition des 14 partis de l’opposition qui, par l’entremise de Brigitte Kafui ADJAMAGBO-JOHNSON, a vite fait de tenir en alerte l’opinion sur tout mal qui adviendrait à l’un d’entre eux dans les jours qui suivent. D’ailleurs, loin d’émousser leurs ardeurs, ils annoncent qu’ils seront à nouveau dans les rues sur toute l’étendue du territoire national les jeudi, vendredi et samedi prochains.
Politique de deux poids de mesure
Aujourd’hui, cette volonté manifeste de Faure Gnassingbé de traquer les «assassins» des deux militaires paraîtrait plus judicieuse si le même engagement avait été également constaté auprès des autorités pour rechercher puis punir les assassins des 12 autres togolais tués par balles depuis le début de cette crise. Pis, contrairement à ces deux militaires qu’il a nommément cités, Faure Gnassingbé a choisi d’ignorer ces autres concitoyens tombés pourtant mains nues sous les balles. A la limite il s’est contenté de les désigner par un pronom démonstratif «C’est le cas de cet enfant tué à Mango et aussi à Sokodé», disait- il en substance, en guise d’illustration, dans son discours. Quel mépris ! A ce jour, aucune enquête n’a été ouverte pour rechercher et punir ces togolais qui, par la force des armes, s’érigent en loups contre leurs compatriotes.
Et Faure choisisse son «peuple» … du mépris pour les togolais !
Voilà qui redonne du gain à moudre à une catégorie de togolais qui estime que le Chef de l’Etat n’a d’égards qu’à deux catégories de togolais. D’abord les militants de son parti Unir auxquels il s’est adressé le 19 octobre dernier à Tsévié lors du premier congrès statutaire du part i présidentiel. Puis, les militaires sur lesquels est assis le pouvoir cinquantenaire du Togo que ces derniers lui ont «royalement» légué le 5 Février 2005, quelques heures seulement après le décès de son géniteur, Gnassingbé Eyadema. Et ses t répétitives descendantes dans les casernes ces derniers temps vise à s’enquérir si ces togolais en treillis sont encore prêts à le soutenir par toutes les voies pour le maintenir sur «le fauteuil que Papa lui a légué ».
«Aujourd’hui, je suis avec vous pour vous renouveler ma confiance totale. Sous la conduite de vos Chefs, j’ai la conviction que vous vous comporterez toujours en soldats responsables face aux provocations et aux menaces de toute sorte. Je sais pouvoir compter sur votre courage et votre sens du devoir pour relever tous les défis qui vous seront lancés, et que sans faiblesse, nous saurons ensemble répondre à toute menace ou action terroriste qui pourrait toucher notre Nation », a affirmé Faure Gnassingbé à Temedja. On se demande s’il ne s’empare du palais présidentiel, la peur bleue d’une imminente dissidence de certains Officiers qui pourraient se comporter en « Zida », comme nous l’avions écrit dans notre parution n°247 du 03 novembre dernier.
De toute analyse faite, ce parti pris de Faure Gnassingbé pour une minorité de togolais au détriment de la majorité n’est que l’expression d’un profond mépris nourri et entretenu par le Chef de l’Etat qui devrait normalement être le Président de tous les togolais, au vu de l’article 58 de la constitution qui fait de lui le premier promoteur de l’unité nationale. En choisissant de ne s’adresser à ce jour qu’aux militants Unir et aux militaires, Faure démontre sa fébrilité face à toute critique que vise son fauteuil. Et pourtant, le Togo est rentré en démocratie depuis plus de deux décennies. Ailleurs, face à la situation sociopolitique actuelle des plus graves connues par le pays, le Président de la République se serait déjà prononcé et aurait pris des décisions consistantes pour apaiser la situation. Mais ici, comme pour dire qu’on détient le pouvoir par l’armée et non par les urnes, Faure s’en passe. Mais cela pourrait également se retourner contre le Prince s’il n’y prend pas garde.
Du vers dans le fruit…
Le journal Fraternité l’avait d’ail leurs annoncé dans sa parution N°247 du 03 octobre dernier en manchette : «Confidentiel : Des Officiers vont bientôt lâcher Faure !». Aujourd’hui, cette visite de Faure au Camp de Temedja, la deuxième en quelques semaines atteste du malaise actuel au sommet de l’Etat et amène à se demander si cette base militaire n’est-elle pas finalement la plus crainte des casernes du pays. En tout état de cause, tout semble une fois encore, donner raison à votre journal qui a révélé au grand jour, qu’il y a du vers dans le « fruit FAT » (Forces Armées Togolaises). Mais qu’à cela ne tienne, le Chef de l’Etat doit prendre la mesure de la situation pour mettre un terme à cette série macabre qui a cours depuis plus de trois mois déjà dans le pays. Et cela devra passer par un dialogue franc et sincère qui s’annonce déjà d’ailleurs sous la coupole du Ghana.
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