‘présumé assassinat des militaires’: Gilbert Bawara rougit devant le doute de l’opposition

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En conférence de presse lundi, certains responsables de l’opposition, en l’occurrence Antoine Folly et Jean Kissi, ont clairement exprimé leur doute sur les allégations du gouvernement au sujet d’une présumée « mort de deux militaires » en octobre dernier à Sokodé. Le présomptif « lynchage/ égorgement/décapitation » (les termes varient selon les ministres et leurs humeurs dans différentes sorties médiatiques), sont attribués à des présumés militants violents de l’opposition à Sokodé.

Pendant que le gouvernement qui se confond très souvent au parti au pouvoir (UNIR), accuse et annonce la rechercher ardent des coupables, l’opposition a requis une enquête indépendante internationale pour mettre la lumière sur les faits et situer les responsabilités.

Le gouvernement adhère à l’idée, mais ne passe pas jusque-là à l’action. Au même moment, le Chef de l’Etat et ses collaborateurs dont le ministre Gilbert Bawara ne tarissent pas de menaces, allant jusqu’à interdire toute action politique dans les villes de Mango, Bafilo et Sokodé sous prétexte que deux armes seraient arrachées au militaires et détenues par les populations civiles.

« Si vous tentez une rencontre politique dans ces villes et que, quelqu’un vient à vous cribler de balles, nous nous désengageons des conséquences », telle se résument les menaces des ministres en charge de l’Administration territoriales et son collège de la Sécurité et de la Protection civile à l’endroit des responsables de la Coalition de l’opposition.

Le doute cartésien de l’opposition

Pendant que le gouvernement interdit des rencontres politiques dans les villes de Mango, Bafilo et Sokodé, lui-même y organise des activités. Faure Gnassingbé était à Sokodé le 26 novembre 2017 : les prétendues armes étaient déjà dans la nature.

À Mango, plusieurs rencontres et prières pour la paix ont été initiées par le parti au pouvoir. La dernière était celle tenue en fin décembre 2017 où on pouvait remarquer la présence de Noupokou Damipi, conseiller du Chef de l’Etat selon ce que avance l’homme lui-même.

Partout, Sokodé, Bafilo et mango, des cadres du parti UNIR ont tenu des rencontres dont certaines ont servi à donner des sommes d’argent à des chefs traditionnels qui étaient censés les distribuer à la population.

Pourquoi donc, seulement le passage de l’opposition serait une menace ? Si tant est que selon les allégations du gouvernement, ce sont les militants de l’opposition qui détiennent les armes, pourquoi viendraient-ils tirer sur leurs propres leaders ? Si le commun des mortels se pose de telles questions, les leaders de l’opposition raisonnent beaucoup plus avec la loi. C’est ainsi que lundi, Jean Kissi questionnait :

Si le gouvernement veut mener des enquêtes, pourquoi ne pas garder les corps des victimes ? Pourquoi les enterrer ? N’est-ce pas polluer la scène de crime et entraver les enquêtes ?

À titre d’exemple, Jean kissi prend le cas des incendies des grands marchés de Lomé et de Kara. Au lendemain du crime, le même gouvernement s’est empressé d’envoyer des bulldozers démolir les bâtiments et dégager les résidus alors que jusqu’à nos jours, l’enquête n’est pas encore close. On a vite fait d’envoyer des présumés innocents en prison et environ 5 années après, on n’arrive pas à organiser un procès parce qu’on n’a aucune preuve contre les détenus, le dossier semble vide.

Ce qui renforce le doute du député Kissi qui atteste qu’à nos jours, aucune preuve n’a été fournies par le gouvernement sur la présumée mort des militaires.

« Nous avons demandé une enquête indépendante internationale. Le gouvernement a adhéré à l’idée. Qu’est-ce qu’on attend pour lancer l’enquête au lieu de s’abonner aux menaces tout en faisant de Mango, Bafilo et Sokodé une chasse gardée du parti au pouvoir ? », a-t-il renchéri.

Un raisonnement qui déclenche la foudre de Gilbert Bawara qui tacle : c’est « abjecte et indigne »

« On ne se moque pas ainsi de la mort d’êtres humains et on n’insulte pas de cette manière la douleur et l’affliction des familles endeuillées. Les deux militaires lynchés et décapités ont des identités connues et parfaitement vérifiables. Leurs corps d’appartenance au sein de nos forces de défense sont connus et ils sont issus de familles qui ressentent encore beaucoup de peine et de douleur. Avant d’être des femmes et des hommes politiques, nous sommes des mères et des pères de famille; des frères et sœurs de la même communauté nationale. Toutes les victimes des manifestations, quelle qu’en soit la cause, méritent considération et compassion », rougit le ministre en charge de la Fonction publique, grand militant du parti UNIR, très proche de Faure Gnassingbé.

Une chose est que le gouvernement soit lui-même convaincu des faits, une autre est d’en fournir les preuves. Depuis 2006 que le parti au pouvoir (UNIR, bien sûr) ne tient plus à ses engagements après la signature de l’APG, il donne toutes les raisons au peuple, surtout à l’opposition de douter de tout ce qui vient de lui. Pourquoi voudra-t-il que du jour au lendemain, les gens prennent ces déclarations sur l’assassinat des deux militaires (sans preuves en plus) pour une vérité biblique ?

La justice ne fonctionne-t-elle pas avec des preuves ?

A. Lemou

Source : www.icilome.com