Projet de riziculture : Les acquéreurs de la plaine de Djagblé réclament leurs terrains

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Le fameux Projet de Développement Rural de la Plaine de Djagblé (PDRD) dont les travaux ont été lancés en février 2018 par le chef de l’État, fait toujours grincer des dents. On se rappelle. Pour l’exécution de ce projet de riziculture, l’Etat avait décidé d’exproprier plus de 300 hectares dans cette localité située à quelques kilomètres au nord-est de Lomé. Mais le comble dans cette affaire, c’est que la procédure d’expropriation ne respecte pas les dispositions prévues par la loi.

« Le droit de propriété est garanti par la loi. Il ne peut y être porté atteinte que pour cause d’utilité publique légalement constatée et après une juste et préalable indemnisation. Nul ne peut être saisi en ses biens qu’en vertu d’une décision prise par une autorité judiciaire ». Voilà ce que stipule l’article 27 de la Constitution togolaise. Mais malheureusement, le respect de cette disposition de la loi fondamentale est mis en cause dans la plaine de Djagblé.

Cela fait plus d’un an que les acquéreurs de cette localité ont été dépossédés de leur terrain, et ce, dans le cadre de la mise en œuvre du fameux projet de riziculture financé à plus de 9,6 milliards FCFA par la Banque islamique de développement (BAD) et la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA). Mais jusqu’à présent, ces pauvres citoyens qui ont eu le malheur d’acheter les terrains dans cette plaine ne sont pas encore rentrés dans leurs droits. Malgré les multiples démarches menées, les responsables dudit projet refusent délibérément de les indemniser.

En effet, au début de cette affaire, les responsables en charge du PDRD avaient promis à ces acquéreurs de leur rétrocéder d’autres terrains, « soit à Djagblé, soit à Avéta ». Et un Comité Interministériel d’Indemnisation a été mis en place pour l’occasion. Les acquéreurs, eux-aussi, pour mieux défendre leurs droits, se sont mis en comité dénommé : Comité des Acquéreurs de terrain à Djagblé.

Ce comité des acquéreurs, dans un premier temps, a été dirigé par un certain Togbui Agbavi qui se voulait être au départ un simple conseiller dudit comité, puisqu’il n’était même pas l’un des acquéreurs. Mais seulement voilà, cette tête couronnée à qui ces acquéreurs faisaient confiance, jouait plutôt un double jeu. Selon les acquéreurs, il était de « connivence » avec la direction du PDRD qui retardait la mise en œuvre de la procédure d’indemnisation.

L’homme (soupçonné d’être également un membre du Comité interministériel d’indemnisation) a même osé animer une contre-conférence de presse pour contredire ce que ces acquéreurs réclamaient réellement.

Fort de cette « fourberie » de Togbui Agbavi, les acquéreurs eux-mêmes ont décidé de reconstituer un nouveau Comité pouvant défendre convenablement leurs droits.

En réunion dimanche dernier à Djagblé, le bureau du nouveau comité présidé par Afantchao Mawuli a fait le point des nouvelles démarches entreprises auprès de la Direction du projet et du Comité interministériel d’indemnisation. Mais au vu des différentes démarches entreprises, tout porte à croire que la situation risque de perdurer encore longtemps.

Très en colère, ces acquéreurs veulent désormais changer leurs fusils d’épaule en portant au plus haut niveau leurs revendications, en informant les premières autorités togolaises et les populations par des sorties médiatiques dans les prochains jours. Ils ne veulent plus avoir pour interlocuteurs, les responsables du projet qui, sans cesse, les tournent en bourrique. Ils souhaitent collaborer directement avec le Comité interministériel d’indemnisation.

« On nous a pris pratiquement 300 hectares, sans que nous ne rentrions dans nos droits. Donc, notre objectif, c’est de rentrer dans nos droits. Plusieurs démarches ont été entreprises, sans connaitre d’aboutissement heureux. La direction du projet ne voulait pas nous fournir les informations nécessaires pour comprendre ce qui se fait dans le dossier », a indiqué Afantchao Mawuli qui se désole, au passage, de ce que même après s’être accordés sur une compensation à moitié prix dans la zone de Djagblé ou Avéta, on revient encore leur dire qu’ils seront relogés à Zéglé, ou pire encore, quelque part vers Dalavé.

« Nous sommes disposés à discuter avec eux. Mais il n’y aura pas de demi-mesure dans le traitement qui nous est réservé. Donc, que le Comité interministériel d’indemnisation nous appelle et qu’ils discutent avec nous sur les avancées de notre dossier. Nous ne voulons pas retourner en arrière pour discuter avec les responsables du projet qui ne sont pas sérieux avec nous dans les discussions », a-t-il ajouté.

Notons que le chantier du Projet de Développement Rural de la Plaine de Djagblé (PDRD) a démarré depuis. L’exutoire devant drainer les eaux du fleuve Zio vers les rizières est actuellement en cours construction. Mais les pauvres citoyens dont les terrains ont été saisis dans le cadre de ce projet, sont tout simplement laissés sur le carreau.

Godfrey Akpa

Source : www.icilome.com