Après plusieurs mois d’attente, le Millenium Challenge Corporation (MCC) et le gouvernement togolais ont signé, le vendredi 28 novembre dernier, l’acte de démarrage effectif de la mise en œuvre du programme seuil du Millenium Challenge Corporation (MCC), Treshold, au Togo. Mais dans un pays où la corruption est combattue avec légèreté, bon nombre d’observateurs sont sceptiques quant à l’utilisation efficace des fonds de ce programme seuil destinés aux populations.
Selon les Etats-Unis, la mise en œuvre du programme seuil doté de 35 millions $, environ 20 milliards FCFA, doit permettre « de créer un avenir meilleur pour tous les Togolais ». Ceci, à travers l’amélioration de l’accès des citoyens à des services Internet et aux technologies de la communication (TIC) de haute qualité et à des coûts abordables, services de téléphonie mobile et Internet, en encourageant les investissements du secteur privé, en développant un régime réglementaire indépendant, en étendant les services aux zones mal desservies et en augmentant l’utilisation des TIC par les femmes et les petites entreprises. Le programme de seuil vise également à élargir l’accès aux terres officielles par la reconnaissance et la protection des droits fonciers légitimes dans les cinq régions du pays et à élaborer un cadre réglementaire pour mettre en œuvre le nouveau code foncier. « Ce programme s’inscrit parfaitement dans la vision des plus hautes autorités américaines et togolaises qui ont fait de la mise en œuvre des réformes, une priorité en vue de permettre à notre pays de retrouver le sentier de la croissance. Et donc, celle de la prospérité économique », a déclaré le ministre de l’Economie, Sani Yaya qui a signé le document au nom du gouvernement.
Un pactole pour les pilleurs des derniers publics ?
Au Togo, l’annonce du démarrage effectif de la mise en œuvre du programme du Threshold intervient dans un contexte particulier. Les affaires liées à la corruption, la mauvaise gouvernance et la gestion opaque des derniers publics continuent de faire la Une des médias. La dernière en date, est celle du « Petrolegate ». Les investigations du confrère « L’Alternative » ont conclu à un détournement massif de plus 500 milliards de FCFA par un groupuscule chargé de gérer l’achat des produits pétroliers pour le compte du Togo. Malgré la confirmation de crime économique inédit par l’audit commandité par l’Etat lui-même, le confrère a été condamné pour diffamation.
Des affaires de ce registre, les médias en parlent tous les jours. Mais les personnes incriminées ne sont jamais inquiétées. C’est dans ce contexte où certains observateurs parlent d’« une politique d’encouragement généralisé de la corruption » que les Etats-Unis, pays dans lequel la bonne gouvernance et la lutte contre le détournement de fonds sont placées au cœur de la gestion du pays, a décidé de démarrer le programme seuil du MCC. A l’annonce du démarrage du programme, les pilleurs invétérés des derniers publics doivent, sans aucun doute, saliver. De ce fait, doit-on comprendre que les USA n’ont que faire de la corruption institutionnalisée au sommet de l’Etat togolais ?
Éric Stromayer tente de rassurer…
En poste au Togo depuis plus d’un an, Éric William Stromayer, l’ambassadeur américain semble bien connaître la situation présentée plus haut. Peut-être, c’est à dessein qu’il a alerté « Attention, ce n’est pas du tout du cash. Le Treshold n’est pas une question de dons comme c’est le cas pour les autres programmes », lors de la cérémonie du vendredi 28 novembre dernier.
A en croire le diplomate américain, le gouvernement devra donc faire preuve de transparence, de bonne gouvernance et de l’État de droit pour véritablement jouir des fonds. « Ce sont des fonds bloqués par le trésor américain. Les décaissements seront faits au fur et à mesure que le gouvernement évoluera dans les projets et bien-sûr avec notre certification sur la nécessité et le coût réel de chaque projet à mettre en œuvre », a-t-il assuré.
« Le gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires à la réalisation efficace et efficiente des projets », a rassuré Sani Yaya. Malheureusement, les togolais sont habitués à de tels discours. Ce qui intéresse désormais les populations, sont des garanties d’une bonne gestion des fonds. Et aujourd’hui, seuls les Etats-Unis peuvent apporter ces garanties.
Source : Fraternité
Source : 27Avril.com