Les réunions se multiplient pour parvenir à l’accord post-Cotonou entre les pays de l’Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP) et l’Union européenne (UE). Les négociateurs se sont encore réunis ce vendredi 04 mai à Eswatini. Voici donc le discours du ministre togolais des Affaires étrangères, de la Coopération et des Togolais de l’Extérieur, Négociateur en chef des ACP-UE, au cours de cette rencontre.
DISCOURS DE
S.E. PROF. ROBERT DUSSEY
NÉGOCIATEUR EN CHEF DU GROUPE DES ETATS ACP AUX CONSULTATIONS REGIONALES UE-AFRIQUE DANS LE CADRE DES NEGOCIATIONS ACP-UE POUR LE POST-COTONOU
Eswatini, le 04 mai 2019
Son Excellence Monsieur le Premier Ministre du Royaume d’ESWATINI,
Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine,
Monsieur le Secrétaire général des ACP Dr. Patrick GOMES,
Monsieur le Négociateur en Chef de l’Union européenne pour le post-Cotonou,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Distingués invités, Mesdames et Messieurs,
Je voudrais, pour commencer, remercier le Roi d’Eswatini, le Gouvernement et le peuple de notre pays hôte pour leur courage de l’hospitalité. Depuis que nous sommes arrivés en cette terre africaine des ACP, nos impressions sont très bonnes quant à leur grand sens de l’hospitalité. J’ai fait dans votre beau pays ce qu’Alioune DIOP, un grand panafricain de conviction, fondateur de la Revue Présence Africaine, qui a voulu que l’Afrique soit présente sur la scène du monde, a appelé « l’expérience intime de la vie africaine ».
L’expérience de votre étonnant sens de l’altérité a réveillé en moi mes intuitions et passions panafricanistes de ma plus tendre jeunesse.
Je voudrais également remercier les différentes délégations ici présentes. Votre forte participation à ces consultations régionales traduit, sans se tromper, l’intérêt que vous portez aux négociations en cours. L’enjeu est commun et votre engagement l’est également.
Mesdames et Messieurs,
La région du Pacifique qui a tenu ses consultations régionales les 25 et 26 février 2019 à Apia, à Samoa, négocie directement le pilier UE-Pacifique du nouvel accord avec l’UE. La région des Caraïbes est dans le même schéma et a tenu ses consultations régionales le 15 avril à Kingston en Jamaïque. Les consultations régionales UE-Afrique de cette semaine actent à l’échelle africaine le début formel des négociations sur le pilier UE-Afrique du futur accord de partenariat ACP-UE, même si depuis quelques mois un excellent travail technique se fait au niveau de l’Union africaine sur les négociations.
Les spécificités africaines en termes de défis, de potentiels, de priorités, de cadres référentiels de développement (commercial, économique et humain) et de partenariat avec l’extérieur sont connues. Il y a une longue histoire de partenariat entre l’UE et l’Afrique réaffirmé à Abidjan en 2017. En cohérence avec le partenariat UE-Afrique actuel et dans un nouvel esprit, l’Afrique est appelée à négocier le pilier UE-Afrique du post-Cotonou.
La Zone de libre-échange continentale (ZLEC) en cours de création en Afrique est une évolution qualitative qui, dans un futur proche, donnera un nouveau visage au commerce intra-africain et international de l’Afrique.
Le pilier UE-Afrique du post-Cotonou doit être en phase avec les orientations stratégiques de la ZLEC, de l’agenda 2063 de l’UA et du Sommet UE-Afrique d’Abidjan ainsi qu’avec la volonté de développement clairement affichée en Afrique. L’Afrique doit densifier ses échanges commerciaux avec l’Europe, rehausser le niveau du dialogue politique avec l’UE sur les questions aussi cruciales que la sécurité, la paix, les droits de l’homme, les biens culturels africains encore en séjour en terre européenne, les objectifs de développement durable, le changement climatique et la migration.
Les sujets qui seront au centre des négociations dans le protocole UE-Afrique de l’accord sont d’importance vitale pour l’Afrique et le Groupe ACP. L’Afrique, doit conduire ses négociations régionales avec professionnalisme et un sens élevé de responsabilité. Par notre travail, à l’échelle africaine, nous devons prouver au Groupe ACP qu’il a fait le choix approprié au moment idéal en optant pour l’autonomie et la liberté d’action des régions dans la négociation des piliers régionaux. Le moment est historique et le travail doit être fait avec une éthique de responsabilité. J’ai la conviction que les négociateurs africains ont conscience de leur responsabilité.
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais finir avec une pensée de Kwame NKRUMAH que nous Africains ne devons jamais perdre de vue : « Unie, l’Afrique pourrait devenir, et pour de bon, une des plus grandes forces [du] monde ».
Merci pour votre attention.
Source : www.icilome.com